Burkina: une ONG accuse l'armée d'avoir tué au moins 25 civils


Une ONG de défense des droits de l'homme du Burkina Faso a accusé l'armée d'avoir tué cette semaine au moins vingt-cinq civils, dont des femmes et un bébé, dans la région de l'Est, l'une des plus touchées par les violences jihadistes, selon un communiqué parvenu vendredi à l'AFP.

Dans un communiqué publié vendredi soir, le porte-parole du gouvernement évoque "des allégations de tueries opérées sur des populations civiles suite au passage d’un convoi sécurisé par des unités militaires dans la région de l’Est", mais "exprime sa compassion aux familles et aux proches des victimes".

Jean Emmanuel Ouédraogo ajoute que "des investigations ont été engagées pour non seulement établir la réalité des faits, mais aussi, situer les responsabilités le cas échéant".

Mercredi soir (1er février), "le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a été saisi par plusieurs parents de victimes" faisant état "d’allégations d'exécutions sommaires de civils qui seraient attribuées à des corps des Forces de défense et de sécurité burkinabè (FDS) dans les localités de Piega, Sakoani, et Kankangou", indique un communiqué du CISC parvenu vendredi à l'AFP.

Ces exécutions auraient eu lieu lors du passage dans ces trois localités situées le long de la Route nationale 4 (RN4) d'un convoi de "plus d’une centaine de véhicules" en partance pour la mine d'or de Boungou et "escorté par des dizaines de véhicules pick up 4x4 qui transportaient plusieurs FDS en tenue" militaire, selon le CISC.

Douze morts (dont trois femmes et un bébé) sont évoqués dans le village de Sakoani, à environ 125 km de Fada N’Gourma, chef-lieu de région de l'Est, sept (dont quatre femmes) dans le village de Piega à 60 km de Fada N'Gourma, et six dans le hameau de Kankangou sur le territoire du village de Sampiéri, selon le CISC.

Des habitants de Sakoani joints par l'AFP, ont témoigné de la découverte de "onze corps" sans vie après le passage du convoi.

"Le bilan ne cesse de s’alourdir au fur et à mesure que les informations nous parviennent du terrain", selon le CISC.

Selon l’ONG, des témoignages concordants décrivent les victimes comme "des personnes civiles non armées".

Exigeant la fin des "crimes contre l'humanité", le CISC affirme continuer à "collecter les informations afin de pouvoir traduire tous les responsables et leurs commanditaires devant la justice" et a demandé "l’ouverture d’une enquête judiciaire indépendante et impartiale sur ces crimes".

D'autres cas d’exécutions extrajudiciaires sont régulièrement signalés par les populations de plusieurs régions du Burkina, affirme le CISC.

La veille du jour de l'an, des supplétifs civils de l'armée avaient été accusés d'avoir tué 28 personnes dans le nord-ouest du Burkina.

Dans son communiqué, "le gouvernement réaffirme son attachement au respect de la personne humaine et au droit à la vie. Il souligne avec force que le respect des droits humains est l’un des piliers majeurs de l’action des Forces burkinabè engagées dans la lutte contre le terrorisme".

Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 aux attaques de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique qui se multiplient.

Elles ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés et sont en partie à l'origine de deux coups d'Etat militaires en 2022.

Samedi 4 Février 2023
Dakaractu




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