Burkina Faso : Les civils victimes de représailles djihadistes.


Encore un week-end macabre au Burkina Faso. Le samedi 30 mai, des hommes armés supposés appartenir aux groupes terroristes se sont attaqués aux commerçants et aux clients du marché de bétail de Kompienbiga, à 15 kilomètres de la ville de Pama, dans l’est du pays. L’attaque qui n’est pas encore revendiquée a fait, selon RFI, au moins 25 morts parmi les civils. La veille, c’est un convoi de commerçants qui a fait l’objet d’une attaque qui s’est soldée par la mort de 15 personnes.

Ces attaques qui font suite à d’autres visant les civils, sont imputables en partie à l’implication des volontaires dans la lutte contre les terroristes. 

En effet, depuis janvier dernier, le gouvernement burkinabé a décidé d’armer des civils appelés volontaires pour contenir la menace djihadiste. Ils sont recrutés dans les villages et subissent une formation accélérée en maniement des armes pour combattre activement les terroristes. 

« Il a substitué l'armée aux volontaires dans certaines zones et particulièrement dans cette zone où l'armée a perdu tout contrôle. L’Etat a eu l'ingénieuse idée de donner des armes à des civils puisque ses FDS (Forces de sécurité et de défense) ne peuvent pas atteindre cette zone », regrette Mahamadou Sawadogo, spécialiste de l’extrémisme violent dans le Sahel.

Le choix de Kompienbiga, zone d’influence pour la faction de la province de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest, pour perpétrer cette action n’est pas fortuit. « Ces attaques sont aussi liées au fait qu'il y a des opérations dans la zone des trois frontières donc les groupes terroristes sont redescendus en empruntant leur couloir pour descendre jusqu'à l'Est s'installer et se mettre à commettre des exactions sur les populations tout en sachant que Barkhane ne va pas intervenir dans cette zone et tout en sachant que l'armée burkinabé ne bougera pas », analyse Mahamadou Sawadogo. 

Il y a un peu plus d'un an, l'armée burkinabé croyait avoir nettoyé cette région de la présence djihadiste. Ce nouveau redéploiement accompagné d’actions d’envergure contre les civils semble prouver le contraire. Et expose les populations locales à des représailles. Tout ce qui leur restera à faire, c’est de se défendre à défaut de quitter définitivement la zone pour une destination inconnue, grossissant le rang des déplacés dus aux conflits armés qui pullulent dans le Sahel.

Pour autant, le gouvernement burkinabé en tirera-t-il toutes les conséquences en retirant tout simplement les civils de la lutte armée contre les Groupes armés terroristes ? 
Lundi 1 Juin 2020




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