Bref aperçu de la normalisation des relations entre les Émirats Arabes Unis et le Bahreïn avec Israël. (Par Mamadou Guèye)


Suite à la résistance de l'opinion publique mondiale face à l'accord du siècle, qui cherchait à rayer le territoire Palestinien de la carte mondiale et à le soumettre à la possession d’Israël, Donald Trump a cherché à récompenser cette défaite et, à la veille de l'élection présidentielle américaine, à trouver un nouveau élément de propagande. Ainsi, la normalisation des relations entre les Émirats Arabes Unis et par la suite le Bahreïn avec Israël a donné un cadeau d’instrumentalisation à Trump pour utiliser ce compromis comme un outil afin de parvenir peut-être à ses objectifs électoraux. Cette action a porté de nouveau un autre coup de frappe à la cause Palestinienne et a plongé le monde islamique dans un profond choc.

En général, les développements du réveil islamique en 2011,  le rôle accru des mouvements islamiques et le développement de l'axe de résistance dans la région de l'Asie occidentale peuvent être considérés comme points tournants dans le déclenchement de normalisation des relations entre le régime sioniste et les Arabes pour affronter l'Iran et l'axe de la résistance. La plupart des médias ont également signalé l'existence de relations secrètes entre certains gouvernements arabes (en particulier Abu Dhabi) et Tel Aviv. L'arrivée au pouvoir de Donald Trump et la possibilité du retrait progressive des États-Unis de la région du Moyen Orient ont accéléré la formation du pôle d’anti-résistance. Le dernier maillon de ce processus a été l'annonce de normalisation des relations avec le régime sioniste par les gouvernements des Émirats Arabes Unis et du Bahreïn.

Cette normalisation est considérée comme contraire au "consensus arabe". Le plan arabe de paix de Beyrouth en 2000, proposé par l'Arabie saoudite, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité, a conditionné la paix avec Israël aux actes tels que : le retrait d'Israël des territoires occupés de 1967, un règlement juste de la question des réfugiés Palestiniens et l'acceptation d'un État palestinien indépendant avec comme capitale le Jérusalem de l’Est. Cependant, en normalisant leurs relations avec Israël, les Émirats arabes unis et le Bahreïn ont pratiquement mis à l’ écart les résolutions de la Ligue arabe.

Un autre objectif de la normalisation des relations entre les Émirats Arabes Unis et le Bahreïn avec Israël est de fragmenter les pays islamiques. Il ne fait aucun doute que l'opinion publique du monde islamique n'a pas un regard positif sur cette question car elle estime que de telles actions ne changent pas la stratégie expansionniste et de monopolistique d'Israël et ne font que retarder les politiques sionistes d'annexion et de nettoyage ethnique pour une courte période.

Un autre objectif de telle normalisation est de créer des tensions dans la région sensible du golfe Persique. Les remarques provocatrices de Pompeo et de Netanyahu s’agissant de la formation d'une coalition militaire dans la région contre l'Iran visent à mettre de l’huile dans le feu. Il ne fait aucun doute que la présence d'Israël en EAU et au Bahreïn constitue une menace pour la sécurité de l'Iran, ce qui pourrait mettre la région dans une situation plus fragile.

Depuis plus de 70 ans, Israël a prouvé qu’il ne tient pas ses engagements et, avec le plein appui des États-Unis, s’efforce de faire du Moyen-Orient l’endroit le plus précaire au monde. Par conséquent, l'ouverture de la présence d'Israël dans le golfe Persique entraînera davantage d'instabilité dans la région.

Les Émirats arabes unis et le Bahreïn semblent avoir commis deux erreurs stratégiques dans leur décision de normaliser les relations avec le régime sioniste. Premièrement, ils ont choisi Israël comme allié, et deuxièmement, ils prétendent interpréter leur action comme une sorte de service aux Palestiniens visant à protéger la cause palestinienne. Cela signifie qu'à travers la normalisation des relations avec Israël, ils ont appelé à l'interdiction de la mise en œuvre de l'accord du siècle et à l'annexion de la Cisjordanie! S’agissant de la première erreur, il faut dire que l'hostilité de longue date d'Israël envers les pays arabes et l’usurpation de leurs terres, ainsi que le mépris absolu devant les exigences du monde arabe à l'égard de la Palestine au cours des dernières décennies, rendent inimaginable l'idée selon laquelle Israël pourrait être un allié fiable. Pour la deuxième erreur stratégique, comment croire qu'un régime qui, par ses actions contre le droit de l'homme, n'a jamais adhéré aux accords internationaux et n’a guère respecté les demandes de la communauté internationale et du monde islamique sur la réalisation des droits palestiniens, peut désormais s’engager sur un accord hâtif entre Trump et son entourage et s’abstenir d’empiéter davantage sur le territoire Palestinien?

Certes, la normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes ne changera pas le statut juridique de la Palestine en tant que pays occupé, ni le statut du régime sioniste, et cette action des Emirats et du Bahreïn n'empêchera pas l'expansionnisme anti-palestinienne du régime sioniste. En fait, Aucun accord diplomatique ne peut décharger Israël de ses responsabilités en tant que puissance occupante qui ignore la demande de la communauté internationale pour le démantèlement des colonies juives illégales. Tout processus visant à parvenir à une paix juste et durable sur la question israélo-palestinienne doit mettre fin aux violations organisées des droits de l'homme. Par conséquent, il convient que la communauté internationale fasse un pas vers la réalisation des droits des Palestiniens tout en s’opposant au processus de normalisation des relations avec le régime sioniste.

Mamadou Gueye
Mercredi 23 Septembre 2020




Dans la même rubrique :