Braconnage en Afrique : une menace pèse sur les éléphants et les pangolins.


Braconnage en Afrique : une menace pèse sur les éléphants et les pangolins.

Bien que soupçonné d’avoir joué un rôle d’intermédiaire dans la transmission du coronavirus à l’homme, le pangolin continue d'être chassé pour ses écailles. À  l’instar de l'éléphant pour son ivoire, cet animal sauvage fait l’objet d’un trafic illégal en Afrique centrale et de l’ouest. Dakaractu a suivi en direct l’entretien sur france24 de Rachel Mackenna, chargée de campagne pour Environmental Investigation Agency (EIA) une ONG basée à Washington et Londres, qui combat les crimes écologiques en faisant du renseignement sur les questions environnementales.

 

Elle éclaircit : « Ces deux produits sont très convoités en Asie de l’est et du sud-est. Ils sont très demandés en Chine mais pour diverses raisons, notamment économiques, culturelles mais aussi médicales. Il est très souvent utilisé dans la médecine traditionnelle chinoise, à la différence de l’ivoire qui est lui, convoité non pas pour des raisons médicales mais pour démontrer un certain statut économique en Chine mais également au Vietnam ».

 

Étant donné la nature clandestine du trafic de ces matières recueillies auprès d’espèces en voie de disparition, c’est très difficile d’obtenir des chiffres exacts sur l’ampleur du trafic, explique Mackenna dans son entretien. 

 

Cependant, elle révèle que les données sur les saisies d’ivoire provenant d’Afrique centrale ou de l’ouest donnent un petit aperçu. Elle cite en exemple le Nigéria qui est impliqué dans la saisie d’à peu près 30 tonnes d’ivoire et près de 167 tonnes de pangolin entre 2015 et 2020. C’est donc l’équivalent de 4.500 éléphants morts et plus de 150.000 pangolins. Elle rappelle à cet effet que le Nigéria est considéré comme un sanctuaire par les braconniers et représente l’épicentre du trafic. Elle spécifie quand même que les animaux ne sont pas forcément braconnés dans cette zone.

 

« Qui sont les criminels ? »

 

La chargée de campagne pour EIA répond qu’il s’agit d’un réseau de trafic organisé et le niveau d’implication des membres du réseau dépend de leurs activités et de leurs rôles dans le réseau. Le chef du réseau par exemple n’aura pas à se salir à la différence du braconnier qui mènera la danse et pourra être remplacé à tout moment. Pourtant, il est considéré par plus d’un comme un pion dispensable. Il existe d’autres acteurs en dehors du réseau qui jouent un rôle secondaire. Il s’agit des transporteurs et des criminels corrompus. Il y a aussi les douaniers qui sont impliqués au niveau de l’exportation car c’est eux qui procèdent à la détection des bagages au niveau des ports et aéroports. Une corruption qui constitue aussi un handicap au niveau des enquêtes, des poursuites et des arrestations.

 

« Un trafic très lucratif »…

 

Les acteurs qui intègrent ce réseau n’ont pas forcément les mêmes revenus, souligne l’interlocutrice de nos confrères. Le chef du réseau va bien évidemment obtenir plus d’argent que les autres. Il y a également ceux qui sont au milieu de la chaîne d’exportation qui vont bénéficier d’une somme assez alléchante.

 

Enfin pour répondre à la question d’une possibilité de baisse du braconnage du pangolin liée à la covid19, la réponse est NON.

La pandémie à coronavirus n’a pas du tout freiné le trafic de pangolin, déclare Rachel Mackenna même s’il y a eu une baisse de saisie d’ivoire et de pangolin. Une baisse qui, par ailleurs, peut s’expliquer par une complication de la logistique due à la pandémie et des restrictions notées dans le monde entier.

 

Pour finir, Rachel Mackenna appelle à une collaboration entre les organismes qui luttent contre ces braconnages et les compagnies aériennes mais aussi les agences gouvernementales afin de mener des enquêtes et intercepter ces exportations illicites.

Elle rappelle les risques qu’encourent les braconniers une fois interceptés. Une peine allant de 6 à 15 ans d’emprisonnement…

Vendredi 22 Janvier 2021




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