Aéroport de Diass : le COPIS /AIBD lance un appel au chef de l'État pour arrêter cette tentative de liquidation du secteur privé national.


Réponse du berger à la bergère. La réaction du Collectif des Prestataires et Investisseurs Sénégalais (COPIS /AIBD), ne s’est pas fait attendre suite au communiqué de la société qui a en charge la gestion de l’AIBD, LAS (Limak –AIBD- Summa).

Selon les membres dudit collectif qui ont sorti à leur tour un communiqué qui date du 4 septembre, « Nous regrettons que LAS réponde par la polémique à un problème aussi sérieux qui concerne la survie de nos entreprises et le risque de perte d’emplois tel que Monsieur le Président de la République le pose en terme de croissance pour le pays. Cela traduit de la part de LAS le manque de considération et de compréhension des enjeux déclinés dans les politiques publiques et qui mettent en avant le secteur privé national pour une croissance inclusive, gage de la souveraineté et qui fait des questions de l’emploi une priorité ».

Selon toujours ces derniers, « Ainsi, LAS qui gère un pan aussi important de notre souveraineté nationale pour une durée de 25 ans, rame à contre-courant de cette volonté et fait preuve de manque de vision et d’engagement », ont-ils souligné.

Sur le premier point, le fait de dire que nos entreprises ne représentent que 10% des activités, loin d’être une critique au secteur privé national, traduit l’aveu de la place peu importante qui leur est accordée. Même si les entreprises nationales ne représentaient qu’un faible pourcentage, c’est le secteur privé national. Mais cela ne nous surprend guère car vous avez accordé à une société française un contrat de 10 ans et une facturation sur le chiffre d’affaires réalisé (partage des revenus). « Ces conditions vous les avez refusées aux entreprises du Copis à qui vous avez donné un contrat de 5 ans et une facturation sur l’ensemble des clients départ et arrivée quel que soit l’activité sans pouvoir leur garantir les clauses contractuelles. Sous prétexte que cette entreprise est différente de nous, nous disons non. En effet, elle est classée au même titre que nous dans la catégorie des activités extra aéronautiques. Au mois de mars 2022, vous lui aviez servi sur un plateau d’argent la place d’une société jadis dans la restauration sans appel d’offre. Ce n’est pas parce que le Copis a osé dénoncer ces pratiques discriminatoires, dégradantes pour notre secteur privé national que vous voulez diaboliser cette organisation patronale et la dégager. Le Copis tient debout et compte jouer sa partition dans la stratégie de hub aérien de notre pays », ont-ils dénoncé.

« Ce mépris est complètement en contradiction avec le discours des autorités selon lequel la stratégie de l’État consiste à donner aux entrepreneurs nationaux l’opportunité d’exercer, d’apprendre, de se renforcer, de faire des résultats et ensuite de prendre toute la place qui est la leur dans l’économie nationale », ont-ils déploré.

En ce qui concerne les paiements à l’avance, « la réponse traduit encore la posture de polémique qui anime LAS, car si c’est une caution, ils cherchent à se débiner. Par contre, si c’est une avance comme ils le prétendent, cela montre qu’on a mis le secteur privé national dans des conditions qu’on n’a jamais vu ailleurs où on impose aux investisseurs de payer des services qu’ils n’ont pas encore réalisés, avant même de commencer à encaisser. Cela constitue un manque de considération et un rapport de force injuste qui était à l’origine un objectif de les décourager pour qu’ils ne soient pas des acteurs de la plateforme aéroportuaire », ont-ils ajouté en affirmant à qui veut l’attendre : « Il y a encore un aveu très clair que LAS veut profiter de la fin des contrats pour éliminer le secteur privé national. En effet, après tout le choc connu avec la Covid-19 dans le secteur du transport aérien, le fait de décider que les contrats des entreprises qui ne sont pas à jour ne seront pas renouvelés traduit la volonté de les liquider de la plateforme.

S'agissant de la dette posée comme préalable, selon  eux, « la question est de savoir pourquoi elle est énorme et que les entreprises ne soient pas capables de la payer. Sur ce point, le communiqué de LAS est muet parce qu’il sait que les contrats étaient léonins dans la mesure où LAS fait payer aux entreprises du Copis sur la base d’un chiffre d’affaires imaginaire qui n’est pas réel parce que basé sur le nombre de passagers, qu’ils utilisent les services ou pas, qu’ils soient au départ ou à l’arrivée. Ces conditions draconiennes, imposées aux entreprises lors du démarrage, étaient une façon de les écarter. » Selon toujours ces derniers, « le communiqué est également muet sur les points d’accord consignés dans l’avenant que LAS a elle-même rédigé dans le but de corriger le contrat le liant aux entreprises du Copis. Toutes ces négociations ont été suivies et encadrées par les autorités de la tutelle. D’ailleurs, sur la question du versement des montants reçus du CTA, les entreprises du Copis ont respecté jusqu'à date tous les engagements pris devant les autorités. Ainsi, nous renvoyons LAS au Ministère du Tourisme et des Transports Aériens qui, dans le cadre du comité de gestion du CTA, a toutes les données relatives à ces informations », ont-ils ajouté.

« Pour ce qui est des emplois que nous avons créés et qui sont menacés, LAS choisit encore d’engager une polémique sur leur nombre qu’elle révise en baisse comme si l’enjeu n’était pas ce stress et cette hypothèque sur la vie réelle de citoyens ; ce qui traduit le manque d’empathie car quel que soit le nombre d’emplois, ce sont des sénégalais qui sont concernés et c’est aussi la préoccupation du gouvernement sur l’emploi qui est ignorée. Sans entrer dans une polémique inutile, nous rappelons que le personnel de nos entreprises n’est pas seulement constitué de ceux qui ont l’autorisation d’accès à l’aéroport, mais comprennent aussi d’autres agents et des services supports (régie, manutention, comptabilité, logistique, sécurité…)  qui nous permettent d’assurer un service continu 24/24 sur la plateforme. Arrêter les contrats, c’est mettre à terre de manière systémique toutes les entreprises. »

Sur le point 8, « vous insinuez que vous n’arrivez pas à payer vos salaires à cause des dettes des entreprises du Copis. C’est encore certainement la raison pour laquelle vous n’arrivez pas à payer à l’État du Sénégal les redevances de plus de 10 milliards dues à AIBD et les factures que vous réclame la Senelec d’un montant de plus de cinq milliards. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle vous n’arrivez pas à réaliser depuis votre installation, des investissements et que l’AIBD SA est obligée de se subroger à coût de plusieurs milliards pour la bonne marche de la plateforme. Cela n’est pas sérieux et est manifestement une tentative de manipulation de l’opinion et de l’État car comment dire que les entreprises du Copis sont insignifiantes car ne représentent même pas 10% des activités d’une part et d’autre part dire que LAS ne peut pas payer ses employés à cause de leurs redevances non payées », ont-ils martelé en fustigeant le comportement des responsables de LAS.  

Selon ces derniers,  « Votre communiqué révèle votre plan de liquidation du secteur privé national qui regroupe des entreprises qui emploient plus de 700 personnes, décidées à mobiliser toutes les énergies nationales pour défendre leur survie, des entrepreneurs qui ont pris des risques avec des hypothèques en empruntant plusieurs milliards pour vous les donner en guise de caution ou si vous préférez le terme paiement en avance. Contrairement à ce que vous faites croire à l’opinion dans votre communiqué en affirmant que vos relations contractuelles se déroulent très bien avec 90% des entreprises de la plateforme est contraire à la réalité. Vous êtes en conflit avec la majorité de vos partenaires (Air Sénégal, Transair, syndicat des taxis, agences de voyage…) à cause de vos tarifs exorbitants et de votre modèle économique biaisé confirmé par l’étude que vous avez commanditée chez le cabinet Arthur D. Little ». 

LAS a choisi le moment où AIBD affiche sa fierté d’avoir recouvré la souveraineté en soldant en avance ses dettes, le moment où l’État affiche sa détermination à promouvoir le contenu local dans tous les domaines, le moment où le PAP-2A met le focus sur la souveraineté en tirant les leçons de la Covid-19 à travers le promotion du secteur privé local, le moment où l’espoir est en train de renaître avec la reprise du trafic, pour engager sa dernière tentative de dégager les entreprises nationales de la plateforme pour les remplacer par des entreprises étrangères, ont-ils fait savoir. « Votre modèle économique a échoué. Reconnaissez-le et acceptez de rectifier le tir et renégocier les contrats pour la stabilité et la paix sociale de notre aéroport. Il vous reste encore 20 ans à courir dans le cadre du contrat qui vous lie à l’État du Sénégal. Nous faisons appel à notre État et en particulier, son excellence Monsieur le Président de la République Macky Sall pour arrêter cette tentative de liquidation du secteur privé national de la plateforme de notre aéroport national. À cet effet, nous l’invitons à réunir autour d’une table les acteurs concernés (COPIS, LAS, AIBD, Tutelle) pour un dénouement », a expliqué le Bureau Exécutif du Copis. 
Dimanche 4 Septembre 2022




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