A quoi ont servi les leçons de « ce matin », sous Wade ?


Pour ceux qui savent activer l’intelligence positive, le passé est un précieux instrument qui illumine l’avenir. Le Sénégal est une république. L’une des phases les plus tumultueuses de son histoire contemporaine c’est quand le peuple, dans un sursaut spontané, pensant que les fondamentaux de la république étaient vivement menacés a vivement réagi avec un visage qu’on ne lui connaissait pas. Comme un seul homme, il s’est dressé contre celui à qui il a, à plusieurs reprises, témoigné un amour unique et sans pareil, je veux nommer Mr Wade. Face à ces menaces supposées ou réelles, le peuple n’a pas tremblé dans sa décision ferme et sans équivoque de préservation et de conservation de ce que nous avons de plus cher: Le Sénégal. Eternellement et historiquement, le 23 juin nous rappellera cette instructive séquence de notre histoire. Cette date, plus que celles qui symbolisent les résistances de nos héros, sera un repère pour les générations futures. L’histoire le murmurera à leurs oreilles. 
 
Le gouvernement de l’époque avait tenté, en vain, d’expliquer et de s’expliquer mais la sourde révolte avait déjà tout emporté annonçant au passage la chute du Maître. C’est la seule fois que le peuple se dressa contre Mr Wade à qui et pour qui tout était accepté, tout était toléré jusqu’au jour où l’on s’est rendu compte qu’il y’avait un seuil à ne pas franchir. 

Ceux qui avaient mené cette histoire sont toujours là et aujourd’hui plus qu’hier, l’intouchable reste intouchable et l’inacceptable reste inacceptable. Les sénégalais adorent Wade et le lui ont témoigné à plusieurs reprises après son départ du pouvoir. Mais ils ont toujours placé le Sénégal au-dessus de lui. Ce pédagogique moment de notre histoire s’est passé il y’a de cela moins d’une dizaine d’années. Tous les acteurs sont encore là. Aujourd’hui, peut-être, le fils choyé est en train de regretter profondément d’avoir été si ivre de pouvoir au point d’avoir provoqué, sans le vouloir, la chute politiquement mortelle de son valeureux père. Peut-être aussi que le père quelque part apôtre du népotisme (Sindiéli au FESMAN, Karim à l’ANOCI) est en train de regretter d’avoir trop laissé faire et d’avoir donné l’impression de placer le fils au-dessus des préoccupations et des autres fils du pays. 

Cette histoire devait être une lumière, une belle leçon pour tous ceux qui gravitent autour du bien et des ressources publiques. Mais elle devait surtout être applicable à tous ceux qui détiennent des responsabilités au sommet comme le Président de la République. De façon plus claire, cette leçon devait d’abord servir et inspirer le Président actuel mais aussi toutes les personnes qui s’agitent parce que voulant profiter d’une parenté qui n’existe pas avec lui. Car le président n’a ni frère, ni fils, ni ami. Il est une création constitutionnelle comme dit l’autre. Malheureusement et c’est dommage, le Président Macky semble ne rien retenir de cette riche épisode. Aliou Sall aussi a apparemment choisi de fermer les yeux sur une histoire qui s’est passé sous ses yeux. Karim est exilé hors de son pays et Khalifa Sall purge une peine carcérale pour des faits beaucoup moins graves, si ce que l’on dit est vrai. C’est incompréhensible. Si pour moins que ça Karim et Khalifa sont là où ils sont où devrait bien être Aliou Sall si les faits allégués étaient avérés. 
Aujourd’hui, c’est trop gênant d’entendre le nom de Sall, Faye Timbo dans certaines affaires. Ils étaient tous là hier dans l’anonymat. S’ils sont au cœur des affaires de l’État c’est parce que Macky l’a voulu. C’est au Président que nous demandons des comptes parce que c’est à lui que nous sommes allés en 2012 et en 2019.
 
Si j’étais à la place de Macky Sall, j’allais empêcher Aliou Sall de solliciter la présidence de l’AMS, d’entrer dans le pétrole et je n’allais jamais le nommer à la tête de la caisse de consignation. Aujourd’hui, Il est entrain de récolter les fruits d’une faute presqu’impardonnable. Le débat politique est en ébullition, les forces actives et réactives s’organisent et les puissances déstabilisatrices guettent le moment le plus favorable pour bondir et entrer dans la danse du diable. Alors, les mêmes ingrédients d’il y’a 7 ans se mettent en place avec des opposants qui, comme s’ils avaient bouffé du lion après un profond sommeil ont repris le travail, une société civile qui se redresse et se radicalise, une opinion défavorable au Président. Il est clair que les sénégalais ne toléreront jamais à Macky ce qu’ils ont refusé à Wade.
 
S’il est vrai que le Président a eu connaissance des recommandations de l’IGE selon lesquelles il ne fallait pas signer le décret d’approbation parce qu’il y’avait une zone d’ombre dans les contrats déjà signés et qu’il passe outre pour le faire, sachant que son frère est impliqué dans ce sombre dossier, ce serait très grave. Aujourd’hui,  il risque de gouverner sans gouverner. Jusqu’où ira cette affaire qui était facilement évitable ? Rien ne vaut cela. Quant à vous Aliou, ne vous laissez pas emporter par la boulimie du pouvoir et de l’argent. Ne mettez pas votre frère dans cette situation très inconfortable. Ressaisissez-vous avant qu’il ne soit bien trop tard. Démissionnez de tout poste et dans l’intérêt du Sénégal, tirez au clair cette affaire.
Président, vous êtes en train de rassembler et de remettre à vos adversaires et au peuple exigeant les armes avec lesquelles ils se battront et combattrons l’inacceptable, sans pitié. Vous êtes en train d’ouvrir une porte qui pourrait faciliter aux forces occultes la voie rêvée pour tenter de nous déstabiliser comme vous le dites vous-même. Alors sans état d’âme et sans délai rassurez nous, nous qui avons tout donné pour votre élection. Faite en sorte qu’une situation pareille ne se reproduise plus jamais dans notre pays. C’est votre unique responsabilité d’éteindre à jamais ce feu.
 
Falilou Cissé, conseiller en Développement communautaire 
Jeudi 13 Juin 2019




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