Parlons Sécurité : Quelle stratégie opérationnelle pour renforcer la sécurité des personnes et des biens face à la prolifération des braquages et de la violence qui en découle ?


Parlons Sécurité : Quelle stratégie opérationnelle pour renforcer la sécurité des personnes et des biens face à la prolifération des braquages et de la violence qui en découle ?
Encourager la prévention et la dissuasion pour éviter l’intervention curative couteuse en vie humaine.
Le constat est unanime. La prolifération des attaques contre des agences privées et publiques prédisposées au stockage de valeurs fiduciaires hante la population sénégalaise. La motivation apparente de tels actes est la quête d’argent liquide supposé « dormir » au sein de ces établissements qui peuvent être des agences bancaires ou de microfinances, du service publique comme la poste, des stations- services, entres autres.
Sur ces sites souvent ciblés, notamment dans les régions, il est rare que les dispositifs de sécurité privé mis en place, s’il y’en a, soient à la hauteur pour empêcher ou ralentir les malfaiteurs organisés en bandes armées.
Lors des récents malheureux évènements connus à Koumpentoum dans la région de Tambacounda avec la perte d’un valeureux homme en mission commandée, la presse nous a informés que bon nombre d’établissements confient la sécurité de leurs agences, surtout à l’intérieur du pays, à des agents non armés ou à des particuliers non suffisamment entrainés pour cette mission. Leur présence est beaucoup plus dissuasive que défensive. S’il y’a des agents armés aussi, leur effectif est bien en deçà de la puissance et la détermination des visiteurs indésirables pour les contenir.
Dans leur mission régalienne de protection des populations et de leurs biens, les forces de sécurité et de défense sénégalaises interviennent chaque fois qu’elles sont informées de tels agissements. La plupart de ces opérations sont nuitamment perpétrées par des bandes armées. Parfois même ils opèrent en plein jour. Hélas, les inévitables courses poursuites qui s’ensuivent s’accompagnent d’échanges de coups de feu parfois fatals aux deux camps. Les regrettables dégâts collatéraux se traduisent malheureusement par la perte de vies humaines. Ce qui est vraiment dommage.
Cet état de fait déplait et inquiète jusqu’au plus haut niveau. Nous, populations, devons être solidaires de la politique de renforcement de la sécurité - notre sécurité. Nous devons être des acteurs et non des spectateurs passifs dans la conduite de la politique sécuritaire du pays. Malgré nos limites !
Face à cette préoccupante situation, on peut valablement se poser la question de savoir s’il existe des procédés et des dispositifs capables de contribuer efficacement à la réduction des braquages et de la violence qui en découle ?
Cette question centrale en inspire d’autres subsidiaires.
En effet, le nécessaire renforcement des moyens de riposte pour annihiler sans beaucoup de dommage les tentatives d’attaque est-il une condition suffisante ? Ou faut-il en plus de cela changer de paradigme en misant sur la prévention et la dissuasion à travers la mise en place de dispositifs physiques et électroniques capables de freiner les vols ? La communication autour de ces obstacles est-elle un facteur clef de dissuasion des malfaiteurs dans le but de réduire les attaques ?
A travers ces pistes de réflexion et de partage, nous avons jeté d’abord un regard critique sur la conformité des pratiques par rapport à la réglementation. Ensuite nous avons mis en exergue l’importance des dispositifs physiques de protection des agences selon le niveau de risque auquel elles sont exposées. Pour enfin essayer tant soit peu de montrer l’importance de la télésurveillance comme moyen dissuasif et de traque des malfaiteurs.
Convaincu de l’importance capitale d’équiper les forces de défense et de sécurité, la présente réflexion s’attardera peu là-dessus. Elle préconise au passage le recours aux véhicules dotés d’un blindage de classe adéquate pour résister aussi bien à des projectiles tirés par un fusil d’assaut qu’aux explosions de grenades. Le modèle peut aussi intégrer d’une part au toit, une trappe dite de riposte permettant de répondre à des coups de feu, et d’autre part, des pneus « run flat » capables de rouler pendant quelques kilomètres à pression zéro [à plat, ndlr] et offrant une autonomie pouvant aller jusqu’à 800 km. A noter qu’il en existe une pléthore de marques équivalentes selon les origines et les options.
Comme alternative aux gros investissements que requiert une flotte de blindés, il est également possible dans une première phase, de renforcer la sécurité de la flotte existante par des dispositifs appropriés. Le fabricant New Glass Technology commercialise une gamme de verre pare-balles polycarbonate fortement développée au cours des années pour l'utilisation des véhicules utilitaires légers et les camions avec différentes options de verre, ainsi que pour les vitrages chauffé qui doivent répondre aux performances balistiques exigeantes. Il nous apprend qu’en Europe « les tendances récentes indiquent une forte augmentation des attaques violentes contre des fonctionnaires publics qui ont conduit à la nécessité d'accroître la sécurité des véhicules de police... ».1 Son verre antivol utilise un film unique qui protège même contre l'attaque la plus persistante. « Le niveau de sécurité peut varier de la résistance avec un très grand impact sur la protection contre les projectiles jusqu’au verre pare-balles le plus sophistiqué. »
Ces options suggérées, nous avons orienté la présente réflexion sur la pratique dissuasive par la communication et la mise en place de ralentisseurs d’effractions capables de décourager les plus téméraires des voleurs tout en permettant leur identification. C’est donc dans une volonté de partage de notre expérience en sécurité passive que nous formulons les recommandations qui suivent. Estimant bien entendu qu’elles peuvent être utiles et sont capables de contribuer à la réduction des attaques et de leurs corolaires.
1 (https://www.newglasstech.com, product, sécurité et protection)
    
Nous avons identifié quatre familles de risques liés au stockage de l’argent dans les agences bancaires et microfinances, dans les services de la poste, les stations- services, les sociétés recevant des paiements au titre des services rendus (Télécom, eau, électricité, gaz, etc.), entre autres. Pour chacun de ces risques des dispositifs adaptés de protection existent et sont fortement préconisés.
 Face au risque Vol, les solutions préconisées sont : coffre-fort, porte blindée, porte forte, trappons de secours, compartiment bancaire
 Face au risque Feu, les solutions préconisées : armoires ignifuge papier, armoire ignifuge informatique
 Face au risque Indiscrétion, la solution préconisée est l’armoire forte
 Face au risque Agression, la solution préconisée est la caisse temporisée
Notre regard critique se limitera au vol et l’agression. Toutefois il est important de noter l’importance des autres risques surtout celui contre le feu qui n’est pas traité dans cette production.
Nous recommandons principalement l’adoption de la méthode PRAT ci-après qui se veut PRATiques et se décline suivant quatre axes :
- Pratiques procédurales et réglementaires,
- Recours aux professionnels du transport sécurisé,
- Aménagements protégés des agences par des dispositifs physiques,
- Télésurveillance par systèmes d’Alarme Response et de Vidéosurveillance cloud.
I/ Pratiques procédurales et réglementaires : Limiter les liquidités dormant en caisse pour les sites non suffisamment protégés
Cette recommandation d’ordre procédural s’adresse aux décideurs des établissements privés et publiques stockant des fonds. Nous préconisons le respect strict de la limite autorisée par la réglementation2 et couverte par l’assurance, des fonds (liquidités) stockables durant la nuit dans les agences. Pour les sites dépourvus de dispositifs de protection en quantité et en qualité suffisantes, procéder à la normalisation des aménagements ou minimiser voire interdire le stockage de nuit.
Pour couper l’appétit des malfaiteurs, il nous semble important de communiquer clairement aussi bien sur les dispositifs anti vol et d’identification d’intrus que sur les faibles niveaux de stocks de valeurs sur certains sites. L’objectif étant de leur faire comprendre que non seulement les sites ciblés ne stockent pas autant d’argent la nuit qu’ils pourraient le croire, mais que les risques auxquels ils s’exposent ne valent pas les conséquences encourues. Ce qui aura un effet positif sur les tentatives d’attaque couteuses en vie humaine. Un ami a été charmé par une affiche dans une agence bancaire. Cette affiche visible dès l’entrée, portait la mention suivante : « Inutile de menacer la caissière, elle ne connait pas le code du coffre !»
2 Nous n’avons pas trouvé le texte réglementant les limites de liquidités stockable sur site. La pratique est que chaque entité définit ses plafonds selon l’intensité de ses activités et les assurances souscrites
 
II/ Recours aux professionnels du transport sécurisé : S’appuyer le transport sécurisé pour amoindrir les stocks de nuit dans les zones exposée
Les vols sont possibles aussi bien la nuit au lieu de stockage que pendant le transport des fonds. Il est par conséquent important de confier aux entreprises privées qui s’activent dans le domaine du transport et du traitement fiduciaire, le déplacement des volumes d’argents liquide entre agences et sites centraux. Les établissements à risques peuvent ainsi trouver un cadre de partenariat avec les transporteurs de fond dans le but de mutualiser certaines charges.
III/ Aménagements protégés par des dispositifs physiques normés : Relever le niveau de résistance par des obstacles physiques dans les agences
Cette partie montre comment à travers des aménagements et des dispositifs d’obstacles physiques appropriés, on peut protéger la chambre de stockage contre les risques suivants : Vandalisme, effractions, agression armée, explosions.
Chaque site stockant de l’argent liquide doit être équipé de dispositifs résistant à l’effraction, et selon le niveau de risque encouru cette protection peut s’étendre à la Balistique et au souffle d'explosion de façon à protéger contre le risque identifié.
En Afrique il n’existe pas de norme de référence spécifique pour les coffres. La norme européenne s’applique surtout pour certaines banques multinationales qui ont hérité des dispositions normatives de leur maison mère.
En l’espèce, parmi les normes connues et non toutes exposées dans ce document, nous pouvons citer la norme européenne PR EN 1627 de résistance à l'effraction des fenêtres, portes et fermetures3.
Pour déterminer la résistance des blocs-portes à l'effraction, la norme EN 1627 prévoit de procéder à trois essais de résistance : à la charge statique selon la norme EN 1628, à la charge dynamique selon la norme EN 1629 et aux tentatives d'effractions manuelles selon la norme EN 1630. Notre réflexion est axée sur ce dernier facteur.
Avec 6 classes de résistance selon l’outil d’attaque utilisé, cette norme propose des dispositifs offrant des temps de résistance variables, et assez long pour décourager un malfaiteur ou le maintenir sur site jusqu’à l’arrivée des renforts qui auront été avertis par le système électronique s’il est mis en place (traité au dernier point).
III.1 / Les Coffres forts
Il existe une norme européenne 1143-1 label A2P qui offre 7 niveaux de classe
de coffres selon le montant plafond assurable. Nous distinguons :
 Les coffres non normés : qui, selon le modèle, sont destinés aux particuliers, chambre d’hôtel, banque, industrie, etc. sans exigence d’agrément
 les Coffres normés : avec la classe CSE pour les risques courant, vide poches ; les classes I, II, III pour le risque bancaire, industriel ; les classes IV, V, VI pour le haut risque bancaire, bijoutier, joaillier
 3 GUNNEBO, Standards-Regulations-Guide-16p-FR-lo

Le choix d’un coffre est déterminé par les 3 critères : Volume, degré de protection et l’équipement en serrures (une serrure à clé, une combinaison mécanique, etc.)
RECOMMANDATION : SCELLER LES COFFRES AU SOL OU AU MUR
Les options de scellement proposées avec les coffres sont fortement recommandées. Ce scellement peut être au mur ou au sol. Ce dispositif empêche l’enlèvement du coffre par les assaillants s’ils peinent à ouvrir par effraction ou par voie normale (menaces des détenteurs de code ou clefs). En effet, dans les plupart des cas, devant des difficultés ou sous le coup de l’empressement, les malfaiteurs finissent par embarquer le coffre pour se donner le temps de l’ouverture dans un lieu plus tranquille par des moyens moins conventionnels.
III.2 / Les portes fortes et trappons de secours :
Il existe une équivalence entre épaisseur de protection de la porte forte et épaisseur des murs en béton armé sur les six faces pour protéger les agences bancaires et équivalent selon les risques auxquels elles sont exposées : risque courant, haut risque, niveau banque centrale, etc.
Le choix d’une porte forte est déterminé par les 3 critères : Epaisseur des murs, trois dispositifs d’ouverture, trappons de secours.
Pour les portes blindées acier :
 Deux normes anti effraction :
 NF P 20311, 20551, 20320, Classes A et B  EN 1627-30, Classe 4
 Passage libre 700, 800, 900 mm
 Le produit peut être normé balistique EN 1522, FB6, nous ne sommes
plus dans le risque vol
Le choix d’une porte blindée est déterminé par 3 critères : Passage libre, Serrure mécanique ou électrique et degré de protection.
III.3 / la caisse temporisée à l’ouverture
Au-delà des vols de nuits, le risque Agression pendant l’exercice du travail est réel et constitue également une problématique qui appelle de notre part la recommandation ci-après.
Contre les attaques au guichet, il existe des solutions pour retarder l’agresseur et le mettre en situation de s’enfuir avant d’avoir pu dérober des valeurs. La solution préconisée est la caisse temporisée à l’ouverture. Lorsque l’on veut ouvrir la réserve où se trouvent les valeurs, il faut forcément lancer une temporisation et attendre sa fin pour ouvrir la réserve. La temporisation est décomptée sur les afficheurs et l’agresseur sait qu’il ne peut en être autrement.
L’ensemble de ces solutions sont proposées par le privé local sénégalais.
 
IV / Télésurveillance : Alarme/Intervention et Vidéosurveillance cloud.
Avec les mutations technologiques, la sécurité est de plus en plus intelligente. L’intelligence artificielle vient en appoint à la protection physique. C’est ainsi qu’il existe des solutions de sécurité électronique qui permettent de détecter toute tentative d’intrusion et de déclencher d’une part des alertes locales ou distantes et d’autre part un enregistrement vidéo sur un support local ou distant. Nous parlons précisément de système d’alarme anti intrusion ou d’incendie ou bien de système de vidéosurveillance cloud si les enregistrements se font sur des serveurs distants dont l’emplacement peut même être méconnu.
« Un système d’alarme a pour mission principale de prévenir les cambriolages ou incendies en alertant les propriétaires des lieux protégés ou un prestataire de télésurveillance. Mais l’installation d’alarme a également l’avantage de dissuader les cambrioleurs, d’alerter les voisins et de diminuer le montant de la prime d’assurance habitation. Pour une sécurité optimale, il faut un nombre suffisant de détecteurs (en fonction de la taille du logement et du nombre d’accès), une sirène extérieure si vous avez des voisins proches, et/ou unetélésurveillance (particulièrement si votre habitation est isolée) »( https://www.telesurveillance.eu/systeme-alarme)
Un tel système joue un rôle dissuasif contre les attaques des établissements publics et privés stockant de l’argent. Qui plus est, en cas d’intrusion des forces suffisantes peuvent être mobilisées selon les révélations de la levée de doute effectuée grâces à la vidéo surveillance traitée dans ce qui suit. Chaque région ou commune peut avoir une salle mutualisée de surveillance des alarmes gérée conjointement par le mixte gendarmerie/police/asp pour le public ou par un privé rémunéré en conséquence selon les interventions qu’il fera.
La vidéosurveillance vient compléter les solutions de lutte contre les vols perpétrés dans les agences. Le concept le plus en vogue répondant parfaitement à cette préoccupation se traduit par une vidéosurveillance à distance avec un stockage cloud venant en appoint au stockage local sur carte SD. Les images sont accessibles à distance via un smart phone et peuvent aussi être renvoyées à la salle centralisée.
L’avantage d’une telle technologie est d’empêcher que les malfaiteurs ne partent avec le système d’enregistrement local ou ne le détruise pour le rendre inexploitable.
Avec un stockage cloud l’image provenant de la caméra est enregistrée jusqu’à son arrachement ou son sabotage de quelque manière que ce soit.
Si les malfaiteurs savent qu’ils seront dans tous les cas identifiés à travers la vidéo, ils réfléchiront 1000 fois avant de commettre leur forfait.
Toutefois il faut prendre la précaution de choisir des caméras d’une résolution suffisante pour l’identification. Aussi les positionner à la distance maximale requise par la norme en vigueur pour ne pas compromettre la reconnaissance. En effet, en
  
matière de vidéosurveillance, selon les caractéristiques et la position d’une caméra, elle peut détecter, reconnaitre ou identifier.
Axis, pionnier dans la vidéosurveillance IP nous apprend que : «
 La méthode traditionnelle pour définir les besoins de résolution d'un
 système CCTV analogique consiste à spécifier le pourcentage de l'écran occupé par l'objet observé. Des pourcentages différents selon les objectifs de la
 surveillance.
Par exemple, détecter la présence d'une personne dans une scène pourrait nécessiter que la personne occupe 10 % de la vue. Reconnaître une
personne connue pourrait nécessiter que la personne occupe 50 % de la vue et pour une identification plus poussée, peut-être 120 % ou
plus. Aujourd'hui, les caméras réseau proposent une large gamme de résolutions. L’utilisation des spécifications en pourcentage n'est plus appropriée. Les pixels sont maintenant utilisés pour spécifier la résolution.....
D'autres critères existent pour les objets tels que les plaques d'immatriculation pour lesquelles les recommandations courantes sont de 15 pixels pour la hauteur des lettres (ce qui correspond à environ 200 pixels/m) pour une bonne lisibilité » (https://www.axis.com/fr/learning/web- articles/identification-and-recognition/resolution)
Au terme de cette analyse, nous restons persuadés qu’avec une bonne mise en pratique des recommandations formulées dans cette étude, l’objectif de réduire la violence consécutive aux tentatives de vols à mains armées sera atteint.
La présente production s’est limitée à quelques normes connues. Une étude plus approfondie peut faire ressortir d’autres possibilités sur tous les volets exposés. D’autre part, nous sommes persuadés que les recommandations sur la télésurveillance et les dispositifs de protection (vol, feu et indiscrétion), sont applicables à d’autres sites sensibles comme certains bureaux du parquet qui peuvent être vandalisé ou dans les quels des documents important et sensibles pourraient être dérobés, entravant ainsi des enquêtes.
Djibril SARR SAGAM Electronics
Mardi 6 Août 2019




Dans la même rubrique :