Ce jour-là, au cœur de la frénésie des réjouissances universitaires, une voix délicate mais forte, a brisé le silence de l'insensibilité. L'assemblée a été profondément touchée par Fatou Niang Diagne, une élève non-voyante en 1ère L2 au lycée Jules Sagna de Thiès et résidente de l'INEFJA.
Devant le ministre de l'Éducation nationale, elle a représenté bien plus qu'une étudiante douée : elle a été la voix des invisibles, la démonstration vivante que le handicap ne freine pas l'intelligence, mais que c'est le système qui entrave les aspirations. Elle a formulé une question à la fois simple et touchante : Comment envisager une carrière en science lorsqu'on ne dispose même pas des moyens nécessaires pour rédiger ?
Avec bravoure et transparence, Fatou a mis en lumière les contraintes cruelles de l'inclusion au Sénégal : pénurie de matériel, internats surpeuplés, absence presque totale de ressources éducatives pour les déficients visuels, barrières discrètes que peu sont prêts à dénoncer. Elle n'a pas exprimé de mécontentement, elle a fait des suggestions. Elle a évoqué des tablettes, des programmes informatiques, et de l'instruction inclusive. Au-delà de ses revendications, elle a manifesté une émotion peu commune : l'éveil. Éveillées par des marraines inspirantes, ces femmes qui combinent vie familiale, études et recherche. Un enthousiasme lucide, empreint d'espoir et de questionnements : Comment réussir lorsque la société vous affirme que ce n'est pas pour vous ?
L'intervention de Fatou ne constituait pas un témoignage. C'était une révolution subtile, mais violente. En l'espace de quelques minutes, elle a fait prendre conscience à toute une République que les compétences peuvent également se dénicher dans l'ombre, que l'excellence ne nécessite pas de vue pour avoir une perspective étendue. Elle a fait appel à la science tout autant qu'à la littérature, en évoquant Flaubert et en associant les arts aux sciences, rehaussant ainsi le niveau du discours. Sa communication est limpide : le Sénégal ne requiert pas de la compassion, mais d'une justice dans le domaine de l'éducation. Fatou Niang Diagne n'a pas sollicité une visibilité, elle a imposé son écoute à la nation. Et elle a triomphé...
-
Le comédien Moussa Seck sous les feux de la justice : Audience reportée, 8,84 millions à consigner pour espérer rejouer sa liberté
-
Yeumbeul-Comico : Une querelle entre colocataires vire au drame – Une ado de 15 ans poignarde une femme de 25 ans
-
18 SAFAR- Le Magal de Touba sacré patrimoine national : Va-t-on, inéluctablement , vers une reconnaissance UNESCO ?
-
Justice paralysée : La RADDHO monte au créneau pour sauver l’administration judiciaire sénégalaise
-
Kaolack - Samba Sadji sur les cas Badara Gadiaga, Samuel Sarr et Cie : "Leurs interpellations[...], semblent s’inscrire dans une logique de musèlement..."