Me Leyti Ndiaye (avocat de Mbaye Touré) : « Nous avons un procureur en transe, la manœuvre de l’agent judiciaire est inopérante »


« Il y a eu une vie avant ce procès, il y a une vie pendant ce procès et il y en aura après. Ce procès, c’est un moment de l’histoire. Demain, il ne faudrait pas avoir honte de son histoire ». Ces mots sont de la bouche de Me Leyti Ndiaye, avocat de la défense, au procès de Khalifa Sall et Cie. Le conseil a critiqué le travail du procureur de la République, dans l’affaire de la caisse d’avance, et plus largement l’enquête de l’Officier de police judiciaire (Opj), puis l'ordonnance de renvoi du Doyen des juges. Me Ndiaye est convaincu qu’ « une partie de la société est  exaspérée », face aux « accusations grossières » contre un Maire « payant le prix de son audace ».

« Il manque l’intention coupable et le préjudice », a-t-il dit, évoquant les « heures les plus sombres de notre histoire ». La démarche du parquet lui parait « curieuse ». « Le procureur n’est pas allé au bout de la logique juridique. Dans les infractions visées, il manque d’éléments constitutifs », a plaidé l’avocat à la Cour. « Nous avons un procureur en transe, et la manœuvre de l’agent judiciaire est inopérante. Le bon sens est la chose la mieux partagée au monde », a rappelé le conseil.

Lequel défenseur de Khalifa Sall et Mbaye Touré s'est notamment intéressé au mécanisme de contrôle dont est équipé le comptable public, qui n’est personne d’autre que le percepteur de la Ville. Pour lui, celui-ci a « failli à sa mission  de contrôleur sur pièces ». L’avocat de la défense dénonce le « un poids deux mesures du procureur » et attaque le ministère public : « Monsieur Mamadou Oumar Bocoum est venu ici (devant le tribunal), beau comme un camion neuf, gai comme un paisseau, alors qu’il a payé pendant 120 mois, au titre d’une caisse d’avance, des fonds. Sur son cas, au moment du réquisitoire introductif, le procureur a clignoté à gauche pour mieux virer à droite. Il y a quelque chose qui ressemble à un parti pris. Vous êtes le représentant de la société et non une partie de la société ». A l’endroit de la partie civile, qui réclame 6,8 milliards, il déclare : « tout ce qui est excessif est insignifiant !  »

L’avocat, ténor du barreau, qualifie les percepteurs municipaux comme le « dernier verrou pour faire tomber Khalifa Sall ».  « DIEU le tout puissant est le seul et vrai maître des poursuites. Le procureur ne doit pas violer la loi, il ne doit pas jouer avec la loi, non plus. Pendant l’enquête préliminaire, l’officier de police judiciaire a violé la loi, sur instruction du procureur de la République », a dénoncé l’avocat. Selon lui, ses clients « ne sont coupables d’aucune infraction énumérée par le procureur ».
Mardi 20 Février 2018




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