Le blues des tenants de petits commerces de l'UCAD


Le blues des tenants de petits commerces de l'UCAD

La grève du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES), qui a démarré mi-décembre, semble avoir plombé l’activité économique à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar où de nombreuses personnes vivant de petites activités indexées au rythme de vie de ce ‘’temple du savoir’’ ne savent plus à quel saint se vouer pour retrouver les bénéfices de leur situation d’avant.

Au campus social comme dans les environs des facultés de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, le petit commerce est en train de mourir à petit feu. Les étudiants, qui constituent la clientèle des bouquinistes et des vendeurs de produits cosmétiques, ont presque tous déserté l’université pour rejoindre leur famille, laissant sur le carreau leurs voisins de marchands.

Quelques étudiants dans le hall et les environs de la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP). Certains s’arrêtent, attentifs, devant des tableaux d’affichage. Ils guettent la moindre information concernant leur scolarité. L’ambiance jure avec l’affluence habituelle dans cette faculté où s’inscrivent chaque année des dizaines de milliers d’étudiants.

A côté de l’amphi A de la FSJP, Babacar Touré, qui s’active dans la reprographie, attend désespérément des clients. ‘’Nous vivons difficilement cette grève parce que nous sommes économiquement dépendants des étudiants’’, fait-il remarquer. ‘’C’est le calme plat. Il n’y a personne ici. Tout ralentit’’, se désole M. Touré.

Babacar Touré dit souhaiter vivement que le gouvernement et le SAES (Syndicat autonome des enseignants du supérieur) trouvent un terrain d’entente pour le redémarrage des cours. Et que les affaires reprennent de plus belle. ‘’Je réalise un chiffre d’affaires de 50.000 francs CFA par jour, quand les cours se tiennent régulièrement. Maintenant, je n’arrive même pas à faire 5.000 francs par jour.’’

Nostalgique de cette époque bénie, M. Touré joue les médiateurs : ‘’Nous demandons au SAES de reprendre les cours et de poursuivre les négociations avec le gouvernement. Ils peuvent lever le mot d’ordre de grève, tout en poursuivant la discussion avec les autorités.’’

Pour lui, même si enseignants et autorités sont tous d’une certaine façon responsable de cette situation, ’’Seydi Ababacar Ndiaye (responsable syndical enseignant) et ses camarades, doivent comprendre que c’est l’avenir des fils de ce pays, de leur frères, sœurs, cousins et fils qui est en jeux’’.

Sur la route séparant le campus social de celui pédagogiques, plus connu sous le nom ‘’couloir de la mort’’, quelques passants prennent le temps de jeter un coup d’œil sur les bouquins entassés comme des sardines sur le sol, sous le regard des propriétaires. Ici aussi, les vendeurs semblent ressentir les inconvénients de la grève que mènent les enseignants du supérieur.

‘’Nous sommes des pères de familles, c’est de ce commerce que dépendent nos familles’’, signale Zakaria Diop, un vendeur qui a fait quatre ans en ces lieux.

’’La grève n’arrange personne, ni les commerçants, ni les étudiants. Aujourd’hui, tout le système éducatif est paralysé, même les enfants n’étudient pas et c’est regrettable’’, renchérit Amadou Dia. "Ils doivent trouver un terrain d’entente afin que tout revienne à la normale, car c’est l’intérêt de tous’’, poursuit-il.

‘’Nous n’arrivons même pas à récupérer ce que nous dépensons par jour. C’est vraiment difficile pour nous’’, souligne-t-il.

Au campus social, c’est la même situation. Les gérantes de restaurants privés et autres ‘’gargotes’’ vivent les mêmes difficultés. ‘’Nous rencontrons des difficultés, ce qui était à 50% ne l’est plus, nos revenus ont vraiment baissé, au point qu’on n’arrive même pas à servir ce qu’on cuisine, faute de client’’, fait savoir Amy Sarr, la fille ‘Mère Coumba’’, "la mère des étudiants" qui tient une célèbre ‘’gargote’’ dans les environs immédiats du campus. "C’est pourquoi, poursuit-t-elle, on a diminué nos prévisions. Maintenant, on cuisine la moitié de ce qu’on servait ’’.

‘’Ici, les plats varient entre 500 et 600 FCFA. Nous sommes en milieu universitaire, c’est pourquoi les plats ne sont pas aussi chers que cela et sont à la portée de toutes les bourses", a indiqué Amy Sarr.
APS

Lundi 12 Mars 2012




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