LE PROBLÈME CE N'EST PAS LA FRANCE.


Au moment où les égyptiens fêtent le 150 ième anniversaire de la construction du Canal de Suez et celui de sa nationalisation il y'a peu, au Sénégal le Gouvernement s'apprête à accueillir une délégation du gouvernement français, dirigée par son premier ministre. Cette visite perçue par un bon nombre d'observateurs, comme une mise au point, intervient dans un contexte, où le dernier bulletin mensuel des statistiques économiques de l'Agence nationale de la statistique et de la démographique ( ANSD) nous informe, que la part chinoise dans les investissements productifs agréés dans notre pays est de loin (44,6% sur une échelle de 0 à 45) par rapport à celle de la France qui se situe à 5,3% sur la même échelle. Cette différence, en plus de confirmer une tendance de la France à s'interdire toute forme d'investissement de nature à créer de la richesse dans notre pays, renseigne sur la volonté chinoise de supplanter l'ex puisance coloniale. Ce qui ne manque pas de susciter une inquiétude, au niveau de l'hexagone qui a le sentiment de perdre progressivement l'initiave dans son ancienne colonie.
Par ailleurs, le dernier rapport trimestriel de l'ANSD, nous informe également que la France n'est plus le premier pays dans le classement des pays ( hors CEDEAO) destinataires des exportations du Sénégal.
Elle est supplantée par des pays comme la Suisse ( qui occupe la première place certainement dûe à l'exportation de l'or ) puis par l'Inde, l'Espagne et la Chine.
Neamoins, dans le même document, au niveau de la rubrique importation, on nous informe que la France occupe toujours la première place de pays exportateur de biens et services vers le Sénégal. Ce dernier fait prouve que l'économie française demeure en partie, comme à l'époque coloniale dans certains de ses segments dépendants du marché sénégalais, qui constituent pour elles un espace d'écoulement de sa production.
Bien plus, ces données renseignent au moins sur deux choses par rapport à la vision que la France a de sa relation avec le Sénégal. En effet, elles montrent que :
1. La France a le sentiment de perdre progressivement son monopole au Sénégal. Ce sentiment est aujourd'hui renforcé par des études dont la dernière en date est celle du sénat français.
2. La France n'est pas dans une logique de contribution à la prospérité du Sénégal parce qu'elle oriente ses investissements vers des secteurs à faible valeur ajoutée. Et à travers le rôle prépondérant qu'elle exerce dans la gouvernance du franc CFA, influence l'orientation de la politique de crédit qui continue de cibler les entreprises au chiffre d'affaire conséquent.
Ces considérations qui occultent les autres volets, notamment le volet culturel, sécuritaire et diplomatique, montrent nettement que dans cette relation s'il ya un perdant c'est bien évidemment le Sénégal.
D'où est ce que alors la France tire sa capacité à soumettre notre pays au gré des ses objectifs géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques aux antipodes de nos intérêts nationaux ?
Au regard de ce qui précède, on est tenté de dire que c'est dans le leadership politique, moribond, antinational et piteux de nos gouvernements respectifs, depuis 1960 que résident les racines de la domination culturelle et l'exploitation économique française du Sénégal.
Dans tous les cas, nous estimons que la France est dans son rôle de pays qui veut garder sa place de puissance militaire et économique mondiale. Je ne vois aucun mal demain, si le Sénégal emprunte la même démarche à l'encontre de la Mauritanie ou du Maroc pour ne citer que ceux-là.
Donc le combat pour notre souveraineté économique est d'abord national.
Et pour se defaire de la tutelle française, il nous faut d'abord dégager de nos institutions l'élite politique, qui est responsable de cet état de fait dans lequel elle et ses souteneurs dont l'establishment français trouvent son compte.
C'est tout le sens de notre engagement politique et nous allons le réussir sans doute.
Aldiouma Sow
Coordonnateur de la section communale
PASTEF / SOMONE.
Dimanche 17 Novembre 2019




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