« L’ŒIL DU TEMOIN »


« L’ŒIL DU  TEMOIN »

EQUILIBRE
En janvier dernier, quelques jours après sa participation controversée à la marche contre le terrorisme dite « Nous sommes tous Charlie »  suivant la tuerie intervenue dans les locaux du journal « Charlie Hebdo », le président de la République, M. Macky Sall, s’était rendu en visite officielle en Algérie. Un pays qu’un président sénégalais n’avait pas visité depuis longtemps. Il en avait profité pour se rendre à Aïn Mahdi, se recueillir dans la case où Cheikh Ahmed At-Tidjani, le fondateur de la confrérie Tidjania, a vu le jour en Algérie. Les caméras de la Télévision nationale l’avaient montré longuement en train de prier dans le berceau de cette confrérie qui compte des dizaines de millions d’adeptes en Afrique, histoire de montrer qu’il ne saurait être ce mécréant qu’ont dépeint l’opposition et certains mouvements islamistes sénégalais.
Evidemment, cette visite chez le voisin ennemi n’avait pas du tout plu aux responsables marocains, qui s’étaient notamment offusqués du fait que le président Macky Sall se soit rendu à Aïn Mahdi sans venir à Fez, au Maroc, où repose le saint homme. C’est donc pour réparer cet « impair » que le président de la République, en visite dimanche au Maroc, a tenu, dès sa descente d’avion, à filer à Fez pour se recueillir sur le mausolée de Ahmed At-Tidjani et y assister à une récitation du Coran. Ouf, les Marocains ne lui déclareront pas la guerre ! A présent qu’il s’est rendu aussi bien au lieu de naissance du saint homme qu’au mausolée où il repose, le président Macky Sall peut enfin se dire qu’il n’a pas porté un coup de canif à l’amitié séculaire entre le Maroc et le Sénégal !
 
ATTIJARI
Comme nous aimons bien le Maroc, restons avec ce pays mais en parlant de l’une de ses entreprises implantées dans notre pays et qui a beaucoup fait parler d’elle ces derniers jours. Il s’agit, bien sûr, du mammouth bancaire Attijariwafa bank dont le directeur général, Abdelkrim Raghni, ex-banquier le plus redouté de la place de Dakar, a été débarqué avec pertes et fracas la semaine dernière. Nous avions écrit dans ces mêmes colonnes que les employés avaient dansé lorsque la nouvelle de son limogeage avait été rendue publique. Eh bien, comme pour consoler le malheureux, la direction de la communication de la banque a fait diffuser un encart publicitaire hier dans quelques journaux pour dire que les employés avaient « pleuré » leur désormais ex-Dg lors du pot d’adieu offert à la va-vite par la direction générale (dans le hall de la banque !) à M. Raghni. On est loin des réceptions privées animées par Youssou Ndour du temps de la splendeur de Raghni !
Quant à sa Mata Hari, la très influente Dina El Kadri, elle essaie de se repositionner auprès du nouveau Dg, M. Ouidghiri mais les travailleurs réclament son limogeage estimant que sa responsabilité est prépondérante dans les contre-performances de la banque. C’est ainsi qu’hier, réunis en assemblée générale, ils ont scandé « na dem ! na dema dem ! » (qu’elle s’en aille !) à son propos. Mieux, ils exigent carrément un audit de sa gestion. Autant dire que ça craint pour « Dina ma nekh ! »….
Diène « Sartre » Sarr
Pédant ! Voilà ce qu’on peut dire du ministre du Renouveau urbain, Diène Farba Sarr. L’homme aime utiliser de grands mots ou des citations philosophiques ou littéraires dans ses déclarations. S’il ne met pas des mots « lourds » quand il parle, il sert les citations (Comme Baudelaire qu’il aime beaucoup). Hier, il a convoqué le philosophe Jean Paul Sartre pour illustrer ses propos. Pour expliquer l’engagement du gouvernement à faire émerger le Sénégal, il a rappelé que « Sartre disait que l’existentialisme est un engagement fondé sur la responsabilité et l’action ». Notre cher ministre peut assurément être une solution voire un remplaçant idéal, en ces temps  de crise scolaire, pour donner des cours aux élèves des classes de terminale. Et, ainsi, contribuer à dévaloriser la grève du Grand cadre des Mamadou Lamine Dianté et autres Dame Mbodj. Professeur Diène Sartre Sarr, pourquoi pas ? Monsieur moi !
 
Naufrage de la Méditerranée
Souleymane Mané est originaire de Missirah dans la région de Fatick. Il fait partie des victimes du dernier naufrage au large des côtes libyennes ayant fait 800 morts. L’information est donnée par son papa. Joint au téléphone, Mamadou Mané confirme que son fils a péri en Méditerranée. « Son voisin de chambre nous a appelés pour confirmer qu’il était dans l’embarcation qui a chaviré », a précisé le malheureux père avant de poursuivre que, lors de son périple, son fils avait aussi été victime d’agression de la part de voyous qui l’ont dépossédé de tout son argent. « Je lui ai même envoyé 150 000 FCFA afin qu’il rallie la Lybie. Il a travaillé un certain temps là-bas afin d’épargner de quoi payer la traversée », a-t-il confié. Pour terminer, le papa indiquer qu’en définitive, des prières ont été formulées dimanche dernier pour le repos de l’âme de Souleymane Mané.
AFFAIRE KARIM WADE : LE SENEGAL VILIPENDE
Dans sa tentative de faire libérer son leader, le Mouvement Libérez Karim (Mlk) a effectué un déplacement à Banjul, en Gambie, où se tient, depuis ce 21 avril courant, la 56ème session ordinaire de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, indique un communiqué parvenu à la rédaction du Témoin. Ce dans le but «d’informer» et «mettre à la disposition» des délégués venus de toute l’Afrique et de la diaspora toutes les informations nécessaires «sur la situation d’injustice dont le prisonnier politique Karim Wade est victime depuis près de trois ans», lit-on dans le communiqué.
Cette dénonciation du Mlk intervient à quelques heures de la présentation par le ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, ce mercredi 29 avril, de son rapport sur la situation des droits humains au Sénégal, devant cette commission africaine, indique-t-on encore. Autant dire qu’il y sera attendu de pied ferme.
Un court-circuit paralyse le tribunal de Kolda
Le fonctionnement du tribunal départemental de Kolda est paralysé, depuis jeudi dernier, suite à un court-circuit, a annoncé hier l’Agence de presse sénégalaise. Selon le président du tribunal, M. Cheikh Niane, «aucun dossier ne peut être traité par les magistrats ». Face à la presse, il a fait savoir qu'un incendie provoqué par les installations électriques est intervenu jeudi dernier.  Depuis lors, le tribunal est privé d’électricité entrainant l’arrêt du travail au niveau de cette juridiction qui produit beaucoup de documents comme les actes de jugement de naissance, les certificats de nationalité. Sans oublier, regrette-t-il, les élèves qui doivent nécessairement avoir des actes de jugement de naissance pour prétendre passer les examens de fin d’année. Vivement donc un retour à la normale.
 
La bourde du naïm et de l’imam
L’ancien principal du Cem de Pikine, le célèbre Ibrahima Abdoulaye Diouf dit « I.A » est un doyen de l’école sénégalaise. Il fait partie des tout-premiers enseignants ayant bénéficié d’une bourse de formation pour la France vers 1961, juste après l’indépendance. Mais ce n’est pas ça l’info. Tenez ! De retour au Sénégal à l’époque, l’ancien professeur Ibrahima Abdoulaye Diouf a eu un garçon qu’il avait baptisé au nom de son ami et camarade français : Jean-Louis Lafond Diouf. Justement,  Jean Louis Lafond Diouf, agent d’état civil  en service  au centre d’état civil de l’hôpital Le Dantec,  s’est marié  samedi dernier à la mosquée de la Sicap Liberté 4 à Dakar. Après le « khoutba » de l’imam scellant le mariage, le naïm a répercuté la sentence sacrée au grand public en ces termes : « Jean Louis Lafond Diouf, un « toubab » qui s’est converti à l’Islam, et Maimouna Diédhiou se sont mariés devant Dieu et les hommes… Catholic la wone, wayé toubnaa … » a-t-il  crié à sa façon. Un « toubab converti » ? La bourde a déclenché une hilarité générale dans la mosquée. Pour rectifier vite le tir de la bourde,  l’oncle de Jean Diouf, comme on l’appelle, monta au créneau en murmurant quelque  chose dans l’oreille du naïm. Sans se faire prier, le barbu rectifia à voix haute  : «  Mbolo mi ! Jean Louis Lafond Diouf est un Sénégalais bon teint ! Mieux, c’est un musulman de père et de mère… » a-t-il précisé. Puis, il laissa l’imam continuer son « khoutba » en unissant dans ses prières les deux nouveaux mariés en ces termes :  « Rahmani rahim… Jean Marie Diouf !... ». Alors que l’imam n’avait pas encore fini son verset, l’oncle se signala de nouveau en prenant le taureau par les…chapelets : «  C’est Jean Louis Lafond Diouf au lieu de Jean Marie Diouf... » a-t-il rectifié. Et l’assistance d’être de nouveau saisie d’un fou rire général !
Crime didactique
La contrefaçon et le piratage des livres et autres manuels scolaires constituent un vrai crime didactique au détriment de l’école sénégalaise. Car plusieurs livres font l’objet de reproduction ou de réimpression furtive au point que les parents d’élèves n’arrivent pas à distinguer l’original de la copie réalisée dans les ateliers clandestins.  Eh bien, un crime n’est jamais parfait ! Car la qualité de la reliure, le  papier de mauvaise qualité, la perte des couleurs de la couverture etc… laissent toujours des failles. Jugez-en ! Dans un collège privé situé à Sacré-Cœur, les élèves en classe de 6e s’initient en anglais avec l’édition : «  Macmillan/ Worbook - Go English (Nouvelle édition) ». Vendredi dernier, le prof d’anglais avait donné à ses élèves plusieurs exercices à faire à la maison.  Hier, à sa grande surprise, nombreux sont les élèves qui sont venus en classe sans faire leurs exercices. Sauf ceux qui ont eu la chance d’avoir l’édition originale. Renseignements pris, la plupart des élèves se sont dotés de l’édition contrefaite dont les pages 33, 34, 35 et 36 ne figuraient pas dans le manuel. Pire, le livre «  Go English » piraté renfermait des pages doubles. D’ailleurs, c’est en classe que les enfants se sont rendu compte qu’ils étaient victimes d’un livre mal copié. C’est dans les opérations précipitées d’assemblage et d’encartage  pour la reliure que les fraudeurs ont sans doute trébuché… La police contre le piratage et les maisons d’édition ont assurément du travail à faire ! 

 « Le Témoin » quotidien 
 




 
 
Jeudi 30 Avril 2015




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