L’Alternance ou la Décadence Programmée de L’Economie et des Finances du Sénégal.


L’Alternance ou la Décadence Programmée de L’Economie et des Finances du Sénégal.
Au Sénégal la politique d’ajustement structurel a vécu entre les années 1986 et 1998.
En 1994 la Dévaluation qui faisait partie intégrante de cette politique économique, est intervenue pour compléter le lot de panacées utilisées face aux déséquilibres macroéconomiques qui se manifestaient dans la plupart des pays d’Afrique d’Asie d’Amérique latine.

L’espace UEMOA n’a pas été épargné par cette politique dont il est utile de rappeler ici l’essence :

Elle consiste, dans un environnement libéral à souhait exempt de protections tarifaires prohibitives, à mener une politique apte à rétablir les équilibres macroéconomiques dans un pays comme le Sénégal ou le Ghana.

Les catégories explicatives de ces déséquilibres sont l’offre et la demande.
L’inéquation demande > offre explique selon les libéraux classiques l’ensemble des déséquilibres économiques et financiers.

Il fallait donc, après analyse, s’attaquer aux structures de l’offre d’une part et à celles de la demande d’autre part pour trouver un remède à une crise économique et financière quasi-permanente.

La Structure de l’offre.

L’offre a une composition hétérogène faisant intervenir plusieurs facteurs endogènes et exogènes. Le facteur endogène le plus courant est le coût d’un produit ou d’un service qui aide à fixer un prix de revient auquel on ajoute une marge bénéficiaire.
La parité d’une monnaie qui peut influer sur les prix à l’importation ou l’exportation est un facteur endogène.
Cependant quand le prix du baril de pétrole fluctue nous sommes en face d’un facteur exogène pour le pays importateur de produits pétroliers.

Lorsque la pluviométrie n’est pas suffisante au Sénégal les cultures vivrières et d’exportation se raréfient c’est là un facteur exogène naturel qui intervient saisonnièrement.
Rappelons en ce qui concerne toujours l’offre que les subventions sont bannies car la structure de l’offre doit refléter la vérité des prix.

La structure des prix qui décline l’offre n’est pas la même quand le produit est fabriqué sur place ou fait l’objet d’une importation.

Le produit fabriqué carreaux usine intègre différents coûts dont le facteur travail. Les frais de distribution et la marge interviennent pour la fixation du prix maximum.




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Le produit importé arrive au Sénégal franco de port avec une valeur CAF (coût, assurance, fret). Les droits et taxes en douane, les frais de transport et de transit ainsi que la marge dite bénéficiaire viennent se greffer au prix CAF pour déterminer un prix de vente.
Nous constatons que dans le premier cas que l’instabilité du Facteur travail peut créer des conflits sociaux.

Dans le second cas nous relevons qu’une diminution des recettes douanières altère les dépenses budgétaires. Les éléments sur lesquels on peut agir sans grands dommages sont les différents frais et la marge bénéficiaire.

Il est généralement admis toutes choses étant égales par ailleurs que la modification de la structure de l’offre est plus difficile que celle de la demande.

A moyen et long terme la structure de la demande est beaucoup plus maniable.

La Structure de la demande.

Elle est composée en général des différents besoins exprimés par l’Etat, les Entreprises, les Ménages, et les particuliers. Les besoins de la Nation pour assurer sa pérennité

Pour l’Etat la demande est essentiellement composée des dépenses budgétaires. Pour les Entreprises c’est la partie dépense du compte d’exploitation qui décline la demande. Quant aux Ménages et Particuliers ce sont les consommations journalière, mensuelle et annuelle qui la déterminent.

En ce qui concerne la Nation au niveau macroéconomique, la partie Importation de la Balance Commerciale qui exprime les besoins additionnels, reste le paramètre le plus représentatif de la demande pour des pays comme le Sénégal qui vivent presque de produits d’importation.

L’ajustement structurel et ses résultats.
La politique d ajustement structurel s est appesanti principalement sur les facteurs variables de la demande
Cette politique initiée à l’époque aura fait recours a des paramètres analysés à court terme :
Trimestriellement, Semestriellement et annuellement.
Sur le plan financier
Le Tableau des Opérations Financières de l’Etat se prête habituellement à cette analyse car la maîtrise de ses différentes composantes permet l’assainissement à court terme des finances de la nation.
Sur le plan économique
Des programmes sectoriels d’ajustement structurel ont été mis sur pieds durant cette période :
• La NPI ; la nouvelle politique industrielle dont le substrat était la flexibilité du facteur travail.
• La NPA ; La nouvelle politique agricole dont l’essence était la privatisation de la filière arachidière ;
• La NPE ; La nouvelle politique de l’éducation qui aura instauré le système du double flux au niveau du primaire et une réduction drastique des postulants aux cours moyen, secondaire et supérieur.
• Le PAST ; le programme sectoriel des transports qui aura rendu les routes intérieures et les pistes de production plutôt impraticables avec les mesures de privatisation d’un service d’état très important ; Celui des travaux publics ;
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Tous les secteurs de l’économie auront été visités par ces programmes. Mais les initiatives prises inédites, rigoureuses et parfois inappropriées ont affecté douloureusement les masses laborieuses.

Les résultats obtenus ont été en deçà des sacrifices consentis :
En effet les différents PAS n’étaient pas compatibles avec une politique des grands travaux portant sur des investissements importants

A cet égard un malthusianisme jusque là inavoué a présidé à tout ce programme afin de réduire la demande : pendant cette période les constructions d’hôpitaux et d’écoles ont été très rares ;
Loin d’être une carence du gouvernement en place à l’époque, le frein consacré aux investissements relevait plutôt des conditionnalités des Institutions de Bretton Woods .notamment la Banque Mondiale

Sur le plan financier la dévaluation intervenue en 1994 avec la bénédiction du FMI procédait d’une réduction de la demande de même que le plan Sakho-Loum mis sur pieds quelque temps après.
La politique d’ajustement aura crée le chômage et la pauvreté, car c’était une succession de mesures financières à courts termes.qui auront permis et garanti surtout l’apurement du service de la Dette en priorité par les budgets de l Etat.

• La Dégradation de L’Economie et des Finances au Sénégal de 2000 à 2009
• La Dégradation de l’Economie.

L’économie du Sénégal est caractérisée par des déficits très importants de la Balance Commerciale, des déficits budgétaires chroniques et des endettements intérieurs et extérieurs non moins importants.

L’émergence d’un pays se mesure par sa tendance à réduire progressivement le déficit de sa Balance Commerciale. Une Balance Commerciale excédentaire permet à l’économie de résister aux chocs extérieurs et notamment à ceux causés par la volatilité du prix du baril du pétrole.
L autre critère complémentaire est la réduction de la Dette et son élimination afin de ne pas hypothéquer le développement dans un avenir proche.

• Au Sénégal la balance commerciale aura observé un déficit chronique d’année en année pour atteindre des niveaux jamais égalés entre 2006 et 2010.
Moins 836 Milliards en 2006, moins 1193 Milliards en 2007, en 2008 on aura moins 1 522,5 Milliards qui est un déficit qui dépasse de loin le montant des recettes budgétaires encaissées dons inclus.

En 2009 et en 2010 on redescend respectivement à moins 1 159, 3 Milliards et a moins 941,5 Milliards.
Le secteur primaire contribue moins à la création de valeur ajoutée et à sa rétention. A ce niveau la production arachidière est passée de 1 061 000 Tonnes en 2000 à 331 195 Tonnes en 2007.
En 2008, nous enregistrons 731 210 T et 1 032 651 en 2009.

En 2010, c’est-à-dire dix ans après l’alternance la production arachidière aura atteint la pointe de 1 286 855 T.
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L’arachide peut générer pourtant une valeur ajoutée non négligeable dans le produit intérieur brut du fait de sa transformation et de sa commercialisation. En effet les différents déchets que produit la coque lors de sa transformation sont commercialisables au niveau interne et à l’extérieur. Surtout pour le tourteau qui à l’époque était coté en dollars. Le kilogramme de coques produit pour un tiers de l’huile et pour deux tiers des déchets. Le prix du litre d’huile aurait du être plus stable. Ses augmentations itératives ne sont pas justifiées car les déchets traités et vendus peuvent supporter une partie importante des coûts de production. Il en est de même pour le prix du sucre dont la canne produit aussi de la mélasse qui est exportée.


Outre la production arachidière qui est à son plus bas niveau en 2007, la production vivrière aussi est lourdement affectée.
Pendant la campagne 1999-2000 la production enregistrée était de 1 684, 7 Tonnes. En 2006 la quantité de ces produits est passée à 1 387 pour atteindre un plancher de 1 290 Tonnes en 2007.

Pendant cette période de l’alternance on a constaté un déficit vivrier cumulé de près de 400 000 Tonnes.
Cela expliquait en partie la famine au Sénégal car la population qui était de 9,8 Millions en 1999 avait augmenté de 2% en 2007 et était passée à 11,6 Millions.
Sur le plan financier les gains avaient diminué sensiblement avec le recul de l’ensemble des cultures dont les produits sont essentiels à la survie du monde paysan.

Dans les pays de l’UEMOA la tendance était inverse sauf au Bénin qui se discutait la dernière place avec le Sénégal.

En 2007 le contexte économique n’est favorable ni à la création de richesses additionnelles ni à leurs distributions encore moins à leurs rétentions.
Une nouvelle dévaluation s’est imposée au Sénégal qui a vu une dégradation du pouvoir d’achat du francs CFA. Les prix des denrées de premières nécessités sont montés en flèche beaucoup plus à cause des taxes qui alimentent le budget de l’Etat que la valeur flottante du baril de pétrole.
Dans notre monde paysan cette dévaluation se mesure grâce au troc entre l’arachide et le riz en 2008 : il faut trois kilos d’arachides pour avoir un kilos de riz dans le Niombato.
En 2008 la production s’est améliorée grâce aux cultures du maïs, mil sorgho et du manioc. Nous nous retrouvons à cet égard avec une forte pluviométrie qui aura fertilisé 3 106, 7 T de production.

En 2009 et en 2010, les productions sont descendues respectivement à 2 253 T et 2337,7 T. Cette diminution s’explique par la baisse de la culture du manioc et celles plus tempérées du maïs du riz et des Pastèques.
Le taux important de pluviométrie aura contribué au combat contre la pauvreté plutôt que la GOANA.

Le Choc pétrolier

Au Sénégal il y’a une forte demande de produit pétrolier : 511 Milliards de francs en 2007 ; c’est une très forte demande qui doit nécessiter des importations massives de pétrole.

De 1999 à 2007 on est passé de 128,4 Milliards d’importations pour 9,6 Millions d’habitants à 511 Milliards pour 11.6 Millions d’habitants. Le Mali en 2007 est à 225,6 Milliards
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D’importations pour 11,7 Millions d’habitants. En 2008 nous avons 527 Milliards contre 261,2 pour le Mali.
Le choc pétrolier est amorti par une économie bien structurée. Si au Sénégal les seules importations de produits pétroliers grevaient une Balance Commerciale excédentaire la volatilité du prix du baril n’aurait eu que de faibles conséquences sur notre économie.
La valeur des importations de pétrole représente environ le quart de la valeur globale des importations en 2007, 2008,2009 et 2010.

Malgré l’importance de ces valeurs la demande n’est pas satisfaite en matière d’énergie et on ajuste l’offre par des ruptures et des délestages.

REFLEXIONS SUR LA BALANCE COMMERCIALE
Sur l’ensemble des pays de L’UEMOA, le Sénégal observe des déficits de la balance commerciale les plus importants dans l’intervalle des années 2007 à 2010.
Pour 12 300 000 Habitants contre 15 100 000 pour le Mali, les tableaux comparatifs des agrégats économiques dressés ci-dessous sont fort édifiants

SENEGAL 2007 2008 2009 2010
Déficit -1193 Mds -1522,5 Mds -1159,3 Mds -941,5 Mds
MALI 2007 2008 2009 2010
Déficit -138,9 Mds -284,7 Mds -100,4 Mds -155,5 Mds

Les poids des produits pétroliers dans les déficits déclinés supra sont :

SENEGAL 2007 2008 2009 2010
-553,8 Mds -661,2 Mds -530,8 Mds -559,3 Mds
MALI 2007 2008 2009 2010
-241 Mds -318 Mds -289 Mds 352,7 Mds

Nous remarqueront que pour le MALI le Déficit de la balance commerciale a essentiellement pour source les importations du Pétrole contrairement au Sénégal qui coure derrière un équilibre macro-économique dont l’horizon est lointain.


STRUCTURE ET VALEUR DES IMPORTATIONS AU SENEGAL

SENEGAL : 2007 2008 2009 2010

Valeurs FOB
Free on board 1995, 8 Mds 25510, 4 Mds 2053, 1 Mds 1988, 3 Mds

Valeurs Fret
Assurance 276,6 Mds 284,2 Mds 216 Mds 225,1 Mds

Valeurs CAF
Coût Assurance
Fret 2 272, 4 Mds 2 794, 6 Mds 2 269,1 Mds 2213,4 Mds

Les Importations provenant de l’Union Européenne supportent moins de droits de Douane que celles issues des autres zones monétaires.

Mais les produits provenant hors Union Européenne ont une structure de Prix CAF moins relevée. Surtout ceux d’Asie.
Ces deux paramètres combinés laissent apparaître un ratio de 45% environ devant être appliqué aux différentes valeurs CAF pour avoir les montants indicatifs des droits de douane qui auraient du être recouvrés.

Valeur CAF : 2007 2008 2009 2010
2272,4 Mds 2794,6 Mds 2 269, 1 Mds 2213,4 Mds

Ratio droits de
Douane 45% 45% 45% 45%

Montants indicatifs
des droits de Douane 1 022,5 Mds 1 257,6 Mds 1021 Mds 996,03 Mds

Les différents encours des années ainsi déclinées représentent les droits simples indicatifs qui auraient du être recouvrés.

Nous constatons cependant sur les tableaux des Opérations Financières de l’ensemble des recettes fiscales (Impôts + Droits de Douane) des Budgets se limitent aux Montants suivants :

Années 2007 2008 2009 2010
Recettes
Fiscales
Budgétaire 1 119,9 Mds 1 152, 1 Mds 1131,3 Mds 1237 Mds

Sauf erreur ou omission de notre part la plénitude financière en matière de droits d’entrée ne semble pas être réalisée au Sénégal

Le droit de douane qui frappe les produits importés de divers origines demeure assez bas comme ratio quant aux pays de l’Union Européenne.
Sa suppression demandée par cette dernière, relevait d’une politique économique d’abaissement des cordons douaniers des pays émergents.

Le problème des APE consistait ainsi dans la baisse des recettes douanières viviers des budgets des Etats en émergence. L’avantage pour les populations de ces pays en tant que ménages était une baisse des prix de par la suppression du droit de douane qui allégeait leurs structures.
L’Intérêt des gouvernements était donc antagonique à celui de leurs populations


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LA DEGRADATION DES FINANCES PUBLIQUES

Le Premier Ministre de l’époque qui avait remplacé Mme MAME MADIOR BOYE, avait annoncé la couleur avec son concept ravageur de grappes de convergence pour s’asseoir définitivement sur l’orthodoxie financière que requiert l’exécution d’un budget.
Le Budget d’investissement peut-être voté pour être exécuté sur trois années. Pour chaque année il y a une Autorisation de programmes exécutables sur la base des crédits alloués et autorisés.
Si le Trésor Public a financé en un seul exercice budgétaire ces dépenses d’investissement par le biais d’un organisme il y a eu faute au niveau de l’Ordonnateur et du Comptable Public.

Le fait pour un Etat de réaliser des dépenses sans aucune référence budgétaire et comptable est une entorse grave aux principes de la Comptabilité Publique. Les interpellations du FMI quant à la gestion des finances publiques deviennent de plus en plus fréquentes. Le GHANA qui était notre meilleur compagnon des années 80 dans les Programmes d’Ajustement Structurel est devenu un pays émergent.
Le budget constitue un repère normatif dans la comptabilité publique. Le respect de ses différents principes est gage de stabilité financière. Les paiements par anticipation inaugurés par l’inamovible Ministre des Finances auront altéré toutes les autres dépenses prioritaires, surtout les subventions par l’Etat du secteur primordial de la santé.
Certains secteurs ont subi le diktat des Agences orientées vers les gros investissements.

L’Aide pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance.

La politique d’ajustement structurel a pris fin avec ses conditionnalités en 1998 pour laisser la place à l’Aide pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance.
Cette aide s’est traduite par des injections de fonds annuelles de 1999 à 2007 par le FMI au niveau du Sénégal. Le montant global de ces fonds avoisine 875 Milliards de francs CFA. Malgré ce concours important du fonds, la pauvreté a résisté et le chômage a augmenté :
Les étroites pirogues en route pour des horizons meilleurs ne désemplissent pas ; La croissance n’a promu aucune valeur ajoutée dans les secteurs visés de l’économie.
Apres cette aide qui n’a réduit aucune pauvreté et n’a promu aucune croissance, une autre qui porte sur la politique économique et sociale a été mise en œuvre. Des supputations sont en train d’être faites au niveau du ministère des finances quand a l’émergence d’une croissance pour les années à venir.
On constate cependant pour le moment en ce qui concerne le PIB entre 2008 et 2010un taux de croissance négatif ou insignifiant qui est le résultat de la pénurie d’énergie
SENEGAL 2008 2009 2010
PIB 8729,7 Mds 8654,1 Mds 8916,7 Mds


Les secteurs secondaires et tertiaires qui ont été fortement prives d’électricité en 2011 et ne peuvent être source de croissance. Malgré le tardif et onéreux plan TAKKAL.
Ce TAKKAL n’est pas un plan, mais tout juste un succédané qui permet de détourner des ressources a court terme de leurs emplois réels

Le Sénégal éligible dans les Pays Pauvres et très Endettés.

Les Etats membres de l’UEMOA (BENIN, BURKINA, MALI, NIGER et SENEGAL) qui ont atteint leur point d’achèvement ont bénéficié d’un allègement de leurs dettes extérieures ; le Sénégal a eu la plus belle part qui était de 85,9 Milliards.
C’est ici le lieu de préciser que le club de Paris, un démembrement du FMI, qui regroupe les bailleurs de fonds publics c’est-à-dire des Etats ou des organismes financiers liés à un groupement d’Etats, procède à des annulations de dettes ou à leurs rééchelonnements.
Dans le premier cas le cash-flow du pays endetté est augmenté, dans le second cas le service annuel de la dette qui grève le budget diminue.
Le club de Londres qui réunit les bailleurs de fonds privés que constituent les banques et autres demeure plus fermé…..
En 2005 le taux de la dette extérieure sur le PIB était de 40%. En 2006 il était de 20%. En 2007 il était de 17,8%. En 2008 avec tous les projets dont les financements sont requis auprès des bailleurs le taux s’est sensiblement élevé. Pour avoir une idée des montants annuels de cette dette indexons ces taux sur les montants du PIB.

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• En 2005 40% de 6 530, 6 Milliards font 2 612 Milliards
• En 2006 20% de 6 955,4 Milliards font 1 391 Milliards
• En 2007 18% de 7 681,9 Milliards font 1 382 Milliards
• En 2008 19% de 8 729,7 Milliards font 1 728 Milliards
• En 2009 21,4% de 8 654, 1 Milliard font 1 817 Milliards



La Politique budgétaire

Si on consulte les différents tableaux des opérations financières de l’Etat on constate entre 2003 et 2009 une dégradation des Finances publiques. Les déficits budgétaires se succèdent et s’amplifient :

• En 2003 - 130,2 Milliards
• En 2004 - 188,8 Milliards
• En 2005 - 214,4 Milliards
• En 2006 - 355,1 Milliards
• En 2007 - 386,4 Milliards
• En 2008 - 413,2 Milliards
• En 2009 - 486 Milliards
• En 2010 - 495 Milliards

Cependant ces déficits peuvent être atténués par des dons qui sont de l’ordre de :

• En 2003 77,5 Milliards
• En 2004 88 Milliards
• En 2005 75,6 Milliards
• En 2006 73,4 Milliards
• En 2007 138,3 Milliards
• En 2008 139,7 Milliards
• En 2009 182,3 Milliards
• En 2010 162 Milliards

Les déficits cumulés sont atténués par les dons de 2003 à 2010 et font un total 1669,7 Milliards.

Les déficits sont financés par des emprunts extérieurs et obligataires dont les échéances devront être supportées par d’autres budgets, d’autres générations.

Un déficit budgétaire normal doit varier entre 0 et 3% du PIB. A cet égard les pays de l’UMOA ont beaucoup de mal à respecter cette norme. L’arrimage du franc CFA sur l’EURO atténue pour le moment toute crise financière sur cet espace. Mais avec les toussotements observés au niveau de l’Union Européenne ces derniers temps, il serait plus prudent pour les zones monétaires Africaines du Francs CFA de réfléchir sur une autre alternative.

La position nette du gouvernement du Sénégal est toujours déficitaire sauf en 2005 ou il y a eu une éclaircie avec un léger excédent.


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Le défaut de sincérité Budgétaire

Le budget de l’année 2006 a été autorisé par exemple à 1439,7 Milliards. Il aurait du être exécuté en recettes et en dépenses pour ce montant : mais les recettes propres encaissées font à peine un total de : 962, 6 Mds

Les dépenses et les prêts d’un autre côté font un total de 1 317, 7 Milliards ; la différence entre les recettes réalisées et les dépenses effectuées constituent le déficit.

Si le budget du Sénégal était plafonné à 1 100 Milliards son exécution aurait été beaucoup plus à la portée de l’Etat. En 2008 un budget exécuté à hauteur de 1 264, 3 Milliards toutes recettes confondues aura suscité de la part des autorités un Projet de Budget d’environ 1 900 Milliards en 2010.
En l’espace de deux ans un gisement de recettes de près de 200Milliards aurait été découvert.
En 2009 le TOF dégage des recettes budgétaires de 1 319, 6 Milliards dons inclus.
Les dépenses sont lourdes de 1623,3 Milliards et provoquent un déficit budgétaire de 486 Milliards hors dons.
En 2010 la même conclusion prévaut : voir tableau comparatif des prévisions et des exécutions budgétaires.
Tableau des prévisions
Années 2007 2008 2009 2010 2011
LFR 1603,5 Mds 1699,3 Mds 1807,7 Mds 1885,2 Mds 2222,7 Mds
Tableau des exécutions
Années 2007 2008 2009 2010
Recettes 1119,9 Mds 1162,1 Mds 1131,3 Mds 1237 Mds
Dépenses 1506,3 Mds 1578,5 Mds 1606,9 Mds 1732 Mds
Déficit hors dons 3864 Mds 406,4 Mds 475,6 Mds 495 Mds


La Rentabilité des Projets

Les différents Projets agités çà et là, comme ceux qui sont en cours de réalisation souffrent tous de non rentabilité immédiate et même à moyen et long terme :

Tout projet doit pouvoir dégager au bout d’un certain nombre d’années un cash-flow créateur de valeur ajoutée dans les secteurs où l’investissement a été réalisé ; A cet égard l’étude de faisabilité doit précéder sa mise sur pieds. Cependant si le projet est d’utilité publique reconnue la rentabilité peut-être nulle.

Le projet inachevé de l’AID supporte depuis quelques années une structure qui est entretenue par des fonds provenant de surtaxes imposées aux passagers quittant le Sénégal. L’hypothèque de ce projet est évidente car l’étude de faisabilité réalisée prévoit un naufrage financier.

Et malgré les déclarations fracassantes des redevables du Prince de circonstance, la prudence aura prévalu dans la conduite de ce projet régalien. Il porte sur un aéroport qui n’est pas encore sorti de terre. La promesse de financer exclusivement cet investissement par une redevance aéroportuaire relevait d’une chimère. Si tant il est vrai qu’au Sénégal les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Le montage financier a été très léger et relève d’une cécité du maitre d’œuvre en matière d’ingénierie financière .En 2007,il avait systématiquement rejeté tout concours de l’Etat a ce projet.
A l’époque certains inities dans le domaine de l’aéronautique civil avaient dénoncé les allégations du prince .Le débat a été clos d’ailleurs par de médiocres épigones au moyen d’encarts dans tous les journaux de la place. Cinq ans environ après cette polémique l’AIDB n’est pas encore fonctionnel. De 235 milliards le cout est passe à 500 milliards en fin 2011. Une véritable catastrophe financière si l’on pense qu’on a alourdi la dette du pays en creusant les déficits de l’Etat. L’hypothèque sur l’avenir économique et financier aura commencé depuis les chantiers de l’ANOCI et ceux de l’aéroport de FATICK dans une moindre mesure.

LES Agences de l’Etat.

La règle de l’Universalité budgétaire gène les Gestionnaires de l’Etat Sénégalais. La multiplication des Agences réduit cet embarras. Nous constatons que l’ANOCI existe toujours alors qu’elle est devenue sans objet depuis la fin de la conférence en février 2008 :
Après le 31-12-2008 tous les deniers de l’Etat utilisés pour son fonctionnement seront détournés de leurs objets ; Aucune dépense budgétaire ne devrait plus être effectuée au profit de cette Agence ; Elle aurait dû, puisque ses pertes sont socialisées, être actuellement sous la responsabilité d’un syndic pour la gestion de son actif et de son passif éventuels ;
La création d’Agences multiples pour réaliser différents projets entraîne beaucoup de frais de fonctionnement qui souvent retardent ou même altèrent l’investissement réel.

Le Projet Riz

La production de riz était à son plus bas niveau en 2007 :196 000 tonnes. Alors qu’il faut environ 700 000 tonnes pour répondre à la demande du pays. Dans le cadre plus général de la promotion de l’autosuffisance alimentaire la priorité du projet RIZ se fait sentir au Sénégal.

La demande de riz augmente et l’offre diminue. Les coûts d’importation ne sont plus maîtrisés. Avec la croissance de la population Chinoise le marché du riz aura changé de dimension et la cotation de son prix peut intervenir au niveau international à tout moment.
La majeure partie des supports quant à la réalisation de ce projet sont là : la terre ; l’eau ; le facteur travail ainsi que l’engrais ; le capital lourd doit être investi et peut faire l’objet d’un financement utile ; Par le biais de l’Etat.

Au bout de trois à quatre années le Sénégal pourrait produire à l’instar du Mali notre voisin plus de 1 000 000 de tonnes de riz.



Conclusion

L’option prise par l’Etat d’accentuer les recettes douanières est loin d’être une politique de développement.

L’autosuffisance alimentaire passe par le renoncement de certaines taxes douanières.
Une agro industrialisation intégrée semble être un paravent quant aux lois de l’organisation mondiale du commerce.

Le chemin du développement auquel je crois est décliné par une masse importante de fiscalité directe au détriment des droits de douanes dont la première fonction est de rendre le niveau des prix extrêmement élevés dans un pays.









Mbaye Hane
B.S.S.S

NB: Toutes les statistiques annoncees sont extraites des differents rapports annuels de la BCEAO et du site WWW.GOUV.SN



Mercredi 28 Mars 2012
HANE MBAYE




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