[ FOCUS] Maisons d’accueil de bébés : Quand trafic d' enfants, décès, vols et négligence sévissent dans les pouponnières


Les pouponnières sont des maisons d’accueil destinées à héberger jour et nuit des enfants de 0 à 3 ans qui ne peuvent rester au sein de leur famille, ni bénéficier d’un placement familial surveillé. Dans la plupart des cas, les parents placent leur bébé en pouponnière pour au moins une des raisons suivantes : négligences, maltraitance, abus sexuels, instabilité familiale, problème de logement et de tenue de la maison, troubles de parentalité, pathologie parentale, consommation de toxiques par les parents.

Au Sénégal, ces maisons d’accueil sont sorties de leur anonymat grâce à une affaire qui a défrayé la chronique (et continue d’ailleurs). L’affaire Ndella Madior Diouf a permis de faire sortir ces foyers d’accueil de leur anonymat et pas de la plus belle des manières. Mais cette douloureuse affaire a également permis de mettre en lumière les problèmes sur ces pouponnières. Elles sont confrontées à des problèmes tels que les besoins en nature, (nourriture, habillement et un bon dispositif sanitaire pour la prise en charge des bébés). Seulement, dans d’autres établissements, l’on préfère se livrer à l’exploitation de la misère d’autrui pour se faire de l’argent.

Ndella Madior Diouf,  "l'arbre qui cache la forêt"

[ FOCUS]  Maisons d’accueil de bébés : Quand trafic d' enfants, décès, vols et négligence sévissent dans  les pouponnières
Tout dernièrement, la patronne de la station de radio Saphir Fm a fait l’objet d’une plainte avant d’être vilipendée sur les réseaux sociaux par une nounou qui a fait de graves révélations (décès, vol d’enfant).

Celle qui se présente comme la mère de ces chérubins dont les parents ne veulent pas être livrés à la vindicte populaire ou être sous le signe de la stigmatisation d’une société ancrée dans ses valeurs et ses croyances, a fini par s’adonner à ce qu’on pourrait appeler un "trafic d'enfants".

Pourtant, sous les feux des projecteurs (chaînes Youtube, Tik Tok), la fille de Madior Diouf avait l’habitude de présenter en grande pompe une pouponnière VIP où ses enfants ne manquent de rien. 
 
Mieux encore, elle baptisait ses enfants en leur donnant des noms d’illustres personnalités ou de célébrités. Derrière cette initiative, se cache un business bien établi, bref c’est l’exploitation de la misère d’autrui pour se faire de l’argent. Parmi ces noms, figurent Youssou Ndour, Wally Seck, Macky Sall, Marième Faye Sall, Madické Niang pour ne citer que ceux-là … Entre ce qui est dit et ce qui existe, il y a un grand fossé à en croire les révélations d'une ex travailleuse dans cette pouponnière de Ndella Madior Diouf "Keur Yeurmandé".

La nounou qui a permis de voir de plus près cette affaire, avait commencé à travailler chez Ndella Madior, le 11 décembre 2023, mais elle n'y durera pas puisqu’elle a démissionné le lendemain jour du 12 décembre à cause de l’état pitoyable dans lequel, elle et ses deux sœurs ont trouvé ces enfants. Oui « des enfants affamés parce qu’ils ne mangent pas à leur faim et vont jusqu’à manger leurs selles », avait- elle dit lors de ses confidences. Pire encore, la plupart d'entre eux souffraient de malnutrition aiguë », dira-t-elle. 
 
Mais, ce n’est pas tout, cette pouponnière high class ne servait que 2 bols de mbaxal (plat sénégalais à base de riz et de poissons étaient servis à ces petits anges qui n’étaient pas rassasiés). Mais le plus grave, ce sont les cas de décès enregistrés dans cette pouponnière où nous pouvons citer "bébé Youssou Ndour".

Ndella Madior Diouf a, quant à elle, balayé d’un revers de main toutes ses accusations. Au lieu d’apporter des justifications claires, elle a accusé les pro-Sonko d’être derrière cette affaire. « Ils ont envoyé ces filles m’infiltrer parce que j’ai dit que je soutiens Amadou Ba pour la présidentielle du 25 février 2024 », déclarait-elle tout en accusant ses nounous de sabotage. D’après sa version des faits, ses enfants mangeaient à leur faim. Certaines nounous étaient en mission de sabotage. Elles refusaient de stériliser les biberons. C’est la femme du ministre Mansour Faye qui vient de passer à la pouponnière, elle m’a offert des stérilisateurs », s’est-elle défendue avant de pointer du doigt les nounous qu’elle considérait comme l’unique responsable des décès enregistrés dans cette pouponnière dont celle de bébé Zouleykha.

À la question de savoir comment elle avait obtenu l’agrément de l’État, elle répond : « C’est une association. J’ai saisi le ministère de la femme. Ce qui se passe, c’est que les journalistes sont en train d’être manipulés. On veut reprocher à Ndella Madior Diouf de s’occuper des enfants alors qu’avant Keur yeurmandé, les enfants étaient jetés dans les poubelles. J’ai eu mon attestation reconnue par l’État depuis 1995. C’est sur cette base que je prends en charge ces enfants et j’ai saisi le ministère de la femme, ceux de l’intérieur et de la santé pour qu’ils m’accompagnent et c’est ce qu’ils sont en train de faire », soulignait-elle.


Au-delà de la responsabilité de Ndella Madior Diouf, il y a la responsabilité étatique et la responsabilité individuelle.
 


Et, c’est là que l’affaire devient intrigante parce que si tel est le cas, cela veut dire que l’État était au courant de l’ouverture clandestine de la pouponnière « Keur yeurmandé » de Ndella Madior Diouf. Pourquoi attendre jusqu’à maintenant pour réagir ?
 
L’État du Sénégal, est la représentation parfaite du médecin après la mort pour régler le problème de Ndella Madior Diouf. Il y a un terrible laisser aller au Sénégal. N’importe qui peut se lever pour ouvrir une pouponnière sans aucune autorisation, ni aucune modalité. 
 
Où sont les ministres de la santé, de la femme ? Où sont les services sociaux, les services de protection des enfants ? Ils sont tous interpellés parce que la loi sénégalaise a encadré les conditions d’adoption des enfants, mais avec le cas de Ndella, ça ne semble pas se dérouler comme cela. Dans un État normal, l'État se porte garant et doit s’occuper de tout un ensemble (social, de la petite enfance, de l'interruption volontaire de grossesse) car la responsabilité de l’État est entière. 
 
La responsabilité étatique...
 
Il a fallu que le scandale de Ndella Madior Diouf éclate pour qu’en conseil des ministres, le  gouvernement examine et adopte le projet de décret fixant les conditions d’ouverture et des règles d’organisation et de fonctionnement des structures de prise en charge des enfants âgés de 0 à 3 ans. Qu’en est-il de la responsabilité individuelle?

La place d’un nouveau -né est dans le creux des bras de sa maman et ne doit pas être placée dans des orphelinats. Quelle que soit la situation, l’enfant n’a pas demandé à naître. Et, donc il y va de la responsabilité des parents d’assumer à l’égard de leur enfant sa protection, favoriser sa santé, son développement et son bien-être, son éducation etc…

La formation des éducateurs et l’inspection régulière demeurent la problématique majeure de l’avis d’une spécialiste de l’enfance.
 
L'analyse du spécialiste de la petite enfance 

Kenny Sylvie Baléle, spécialiste de la petite enfance et très engagée pour la cause des enfants livre sans complaisance la problématique des pouponnières. Selon la directrice de Kabowd Group, il n’existait pas de conditions d’ouverture d’une pouponnière mais, elle espère que des inspections seront faites maintenant qu’il y a un décret qui organise le secteur de la petite enfance.
 
Cependant, elle confirme que le décret ne leur est pas encore parvenu pour leur permettre de prendre connaissance des informations obligatoires. Néanmoins, ils ont l’habitude de collaborer avec l’ANPECTP (Agence Nationale de la petite enfance et de la case des tout-petits) en l’absence du décret d’organisation. S’exprimant sur les manquements, elle énumère la formation des éducateurs et l’inspection régulière qui servira de garde-fou aux intervenants laxistes du secteur. Ces corps d’élite auront pour mission de faire le contrôle régulier de ces centres d'accueil réservés uniquement à l'enfant...




Lundi 29 Janvier 2024
Dieynaba Agne




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