Lettre ouverte au Ministre de l’Education nationale Par Khalifa SARR Professeur,


Le samedi 18 mai 2024 à la Sphère ministérielle Habib THIAM de Diamniadio, un
conseil interministériel sur la préparation des examens et concours de l'année scolaire
2023-2024 a réuni tous les acteurs de l’Education. C’est un moment certes important
mais décisif dans la vie de nos apprenants.

Cependant il faut signaler qu’il reste encore beaucoup à faire pour venir à bout d’un
phénomène qui a fini d’installer l’école publique sénégalaise dans un climat de peur,
d’inquiétude, bref dans une psychose totale. Il s’agit de la violence en milieu
scolaire.

Ces dernières années, l’école publique sénégalaise est secouée par des séries de
violences sans précédent. Cet état de fait nécessite une analyse très profonde pour
arrêter le mal et une simple condamnation de la part des autorités administratives et
académiques ne saurait suffire. Il faudra plutôt diagnostiquer les véritables causes
qui peuvent être à la fois internes et externes et qui ont franchi la porte de nos
établissements. Celles-ci sont nombreuses et variées. Des mécanismes pour des
solutions opérationnelles doivent être mis en place à tous les niveaux pour mieux
appréhender sans complaisance ce phénomène.

Monsieur le Ministre, l’heure est grave. Nous vous invitons à prendre les
dispositions nécessaires pour mettre un terme à ce fléau. Il faudra alors des mesures
très fortes, pour des résultats efficaces et durables.

Si la violence peut être physique, verbale ou même psychologique, il n’en demeure
pas moins que toute forme de violence dans l’espace scolaire doit être bannie.
Parfois les élèves sont les victimes mais le plus souvent ce sont les enseignants eux-
mêmes qui paient le plus lourd tribu. C’est des exactions brutales et impunies qui
aboutissent parfois à des morts d’hommes.


Ces pratiques sont condamnables aux
yeux de la société. Ces violences malheureusement sont notées partout dans l’espace
scolaire et universitaire. L’enseignant au-delà de son rôle de « transmetteur de savoir »
et d’éducateur, porte en bandoulière une lourde responsabilité face à ses élèves :
il veille à leur sécurité et demeure responsable le plus souvent de tous les actes qu’ils
posent durant les heures passées ensemble.

Par contre que fait l’Etat alors à son tour pour apporter le minimum de protection à
l’enseignant ? Permettez-moi de saluer ici le rôle éminemment capital de
l’enseignante et de l’enseignant dans le développement de notre société. C’est un
citoyen engagé, soucieux du progrès de la Nation et de sa marche résolue vers le
développement à travers des efforts soutenus et le sens élevé du sacrifice au prix de
sa vie. « Ces véritables soldats du savoir » méritent alors une attention
particulière au plus haut niveau. La protection et la promotion de l’enseignante
et de l’enseignant doivent être l’affaire de toute la communauté.


Un enseignant qui se trompe « sacrifie » une génération (d’élèves) a-t-on coutume de
dire. Mais qu’en est-il si l’enseignant lui-même est « terrorisé » ou tout simplement
tué dans « le champ de combat », les armes à la main. Ce sont des vies anéanties
avec des progénitures désœuvrées et orphelines à jamais
Chères Autorités ! Voilà tout le mal, un tableau sombre et triste dans une société
égoïste.

En somme beaucoup d’autres défis interpellent l’Etat comme les partenaires sociaux
que nous sommes. Il s’agit par exemple des problèmes liés à la carrière des
travailleurs (avec la lancinante situation des agents décisionnaires dans notre
administration); le paradoxe des contenus et programmes des
Enseignements/Apprentissages (avec des manuels scolaires inadéquats et
obsolètes dans un contexte très évolutif), un temps d’apprentissage insuffisant
(avec un quantum horaire biaisé), un environnement scolaire pollué (avec des
abris provisoires et une « cantinisation » à outrance de l’espace scolaire),le
financement de l’Education ( avec une privatisation « rampante » de notre système
éducatif ), les lenteurs dans les procédures administratives (avec des carrières
plombées) etc…

En définitive « une école de la société » doit être « une école de tous et pour
tous », une école inclusive adossée aux réalités socio-culturelles de notre
pays ou l’apprenant est au centre et l’enseignant, la centralité de toutes les actions.
Ensemble, il nous faut bâtir une école plus démocratique, une école
moderne, plus sécurisée, une école de la réussite.

Khalifa SARR Professeur, Médiateur Pédagogique .

(sarrkhalifa6666@gmail.com)
Mercredi 29 Mai 2024
Dakaractu



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