Le " fantasme" mal placé des médias sénégalais sur les femmes politiques


Dans le milieu de l'information, le genre féminin attire habituellement des regards presque, dirait-on, stéréotypé à son sujet. Faisant parfois l'objet de discussions futiles, ou minimiser dans des débats intéressants enflammant l'opinion publique, l'exploitation des articles de presse se centralisant sur les femmes ne manque jamais d'occasion pour dévaloriser l'intérêt crucial que portent ces personnalités politiques dans l'engagement socio-politique du Sénégal.
 
Les femmes s'exécutant dans le domaine de la politique se font, malgré elles, la source d'un fantasme perturbant de la part des médias. En effet, animé par une vision bien ancrée du sexe faible, les journalistes peinent très souvent à écrire des titres qui floutent moyennement leurs idées personnelles. Un souci qui, selon la journaliste et vice-présidente de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) Diatou CISSÉ, doit être perçu comme une autre facette du non-respect de la déontologie et de l'éthique du journalisme. " Les médias participent à la formation des opinions, à la construction des perceptions. Et donc, la façon dont parlent les médias des femmes, consolide évidemment tout cela ", a-t-elle indiqué. 
 
Et pourtant, on  entend souvent dire que les médias sont le miroir de la société. Une demi-vérité en raison de l'image sociale que l'on a déjà implantée de la femme, mais à la fois une excuse égoïste, puisqu'elle semble traduire un déni complet de quelques faits. À commencer par l'usage d'un lexique sexiste flagrant en écrivant sur ces dames. D'ailleurs, monsieur Mamadou THIOR, journaliste et président du Conseil pour l'observation des règles d'éthique et de déontologie dans les médias (CORED), nous a partagé des exemples limpides de cette entrave, présentant des premières pages de journaux mettant des femmes politiques en avant : Le mardi 25 juillet l'AS titrait en gras " Les femmes qui veulent détrôner le machisme ", le 03 janvier POINT ACTU notait " ça risque de se jouer sans les femmes "  ou encore TRIBUNE soulignant " De qui on se moque ? Anta BABACAR passe là où six anciens PM échouent ". " Les gens pensent que ce n'est pas grave, mais c'est extrêmement grave" , commente monsieur THIOR. 
 
Pour l'enseignante Zeynab Kane, la presse pousse le bouchon encore plus loin en tentant par moment d'installer une rude compétition entre les femmes. Un scénario qu'elle se plaise à exploiter, tout en ignorant que ces dernieres rivalisent également avec des hommes. " Il y a beaucoup de journaux qui ont demandés à savoir pourquoi certaines femmes ayant déjà une bonne expérience de la politique ne sont pas passées par le parrainage, tandis que des nouvelles têtes si ? Comme si c'était une compétition entre femmes !>>, a confié madame Kane. 
 
Pour cette raison, madame Diatou CISSÉ ne se retient pas de penser que " les médias ne sont pas neutres ". Car, évidemment, au regard des médias, une femme est avant tout ... une femme. 
Vendredi 16 Février 2024
Chancelle




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