«Je veux Tyson» ( Zoss)

Comment Zoss revit son combat contre Boy Niang au lendemain d’une victoire éclatante ?

D’abord rendre grâce au Tout-Puissant de m’avoir accordé cette victoire. Tout pouvait arriver dans ce combat. Autrefois, je dérogeais aux conseils. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Dans ce combat j’ai lutté en respectant les consignes qui m’ont été données. Auparavant, je ne pouvais attendre un lutteur après le coup d’envoi. Je suis un attaquant par nature. Mais je devais attendre cette fois.

Pourquoi vous deviez attendre ?

Parce que je ne devais pas lutter avec mon adversaire sur son fort. Boy Niang n’attaque pas, c’est un attentiste. C’est comme ça qu’il piège ces adversaires. Je ne devais pas le suivre sur cette lancée. Et je l’ai piégé pour le vaincre.

Quelle est votre lecture sur sa décision de faire un recours au Cng après contestation ?

(Il rigole). Il est juste ébahi. Il ne pouvait pas comprendre que je puisse le battre de cette façon. Tout le monde sait que j’ai usé d’un bon plaquage pour le battre. Sinon, on n’a rien à dire là-dessus. Il ne va perdre son temps en déposant un recours. Tout le monde a vu que l’action s’est déclenchée dans l’enceinte. Les journaux même peuvent le justifier. Alors inutile d’aller au Cng. Ce n’est même pas joli. Ils devaient juste me féliciter et que ça passe. C’est plus fair-play.

A quel niveau de l’arène vous a propulsé cette victoire ?

À un grand niveau. J’ai franchi un autre palier. Je ne pouvais pas comprendre qu’on donne dans un tel combat, ce gosse comme favori. J’ai beaucoup fait dans l’arène. Vous pouvez le remarquer. Bon, peut-être que ceux qui l’ont donné favori étaient juste ces supporters. Nous appartenons tous à la lutte. Tout le monde y est pour son gagne-pain. Alors, il y a de quoi raffermir les liens. Mais je dis qu’ils ne pouvaient pas concevoir cette défaite de Boy Niang. Mais ça va m’encourager de resserrer la ceinture. Ça ne pouvait que se passer ainsi. Je ne suis pas l’alter ego de ces jeunes. Je vise loin dans l’arène, à la montée d’un autre palier. Je ne peux pas le dire pour le moment. Mais s’il plait au Bon Dieu on va l’atteindre. Ce combat c’était juste pour confirmer. Aujourd’hui si ce Boy-là me terrassait, ça pourrait m’expulser de l’arène, parce qu’on ne me vouerait plus de considération. Et il y a des propos que l’on tient à mon endroit et qui me font très mal. Ces histoires de « weursagou tann » (avoir une chance de vautour), que je suis chanceux. Cela n’existe pas. Je me suis entraîné, j’ai lutté et j’ai battu tous mes adversaires. Je voyage partout pour ça. J’ai mérité mes victoires. Comme tout autre gagneur, alors qu’on arrête. On dirait que le fait que Boy Niang soit désigné favori vous a dérangé… On devrait bien écouter le commentaire de Moustapha Guèye pour comprendre. Quand il a dit qu’on ne peut pas situer Zoss. Et c’est vrai. Personne ne peut me situer en vue d’un combat. Parfois on ne sait pas si je viens pour me bagarrer ou pour lutter. Mais à chaque fois je trompe les gens. Ce que j’ai fait hier a surpris plus d’un. Personne ne s’y attendait. Ceux qui connaissent bien mon parcours dans les « mbapatt », m’ont donné favori. Les gens font parfois de mauvaises analyses. Il faut interroger les initiés pour de bonnes analyses. Ceux qui connaissent la lutte.

Pourquoi avoir évité la bagarre ?

Parce que lui, (Boy Niang) n’était dans cette dynamique, se bagarrer. Ensuite, sa rallonge est plus conséquente que la mienne. La preuve, quand il a mimé la bagarre j’ai élevé ma garde, mais il n’a pas donné de coups. Après « ci la ko balthiole, deubou ko » (c’est ainsi que j’ai pris sa jambe avant de le plaquer). S’il avait usé du pugilat, ça irait beaucoup plus vite. Combien avez-vous estimé votre préparation sur le plan mystique, y compris les voyages ?

(Il observe une longue hésitation) Environs dix millions de francs. Je ne peux plus comprendre que je dépense un montant aussi conséquent et que mon adversaire me « neutralise » sur le plan mystique. Non c’est fini tout ça. Le premier lutteur à avoir vaincu Boy Niang, Amanekh, vous défiez à travers les ondes. Êtes-vous prêt à l’affronter la saison prochaine ?

Je ne suis plus dans la dynamique d’accorder une chance à ces jeunes-là. Non. J’ai dit que je vise plus loin dans l’arène. Aucun d’entre eux n’a encore fait ce que j’ai fait dans la lutte. Je ne suis plus leur alter ego. J’ai arrêté de leur donner une chance. J’ai grandi. Zoss n’est pas un ascenseur pour la jeune génération… Je ne suis plus l’ascenseur de personne. D’ailleurs, je suis leur bourreau, c’est moi qui les freine.

Quel est le prochain adversaire dans la ligne de mire de Zoss ?

Je veux les grands, « wourandian yi la soxla », (sourire). Je vise les lourds, puisque je suis entré à Pikine, je pense qu’avant ma sortie je peux me frotter avec d’autres lutteurs Pikinois.

Comme qui ?

Quelqu’un comme Tyson. C’est un potentiel adversaire. Je le veux (rire..). Quand je travaille aussi dans un domaine, c’est pour avancer. Je ne suis plus là pour lutter avec des jeunes ou donner des chances à qui que soit. Je veux beaucoup de millions dans l’arène. Je veux Tyson. C’est tout. Que ressentez-vous de terminer la saison avec une victoire, surtout que vous revenez d’une défaite ?

Rendre grâce à Dieu, surtout. Vraiment.

Quel est l’avis de Zoss sur le souhait des promoteurs de revoir à la baisse les cachets des combats ?

Je pense que les promoteurs ont le droit d’émettre une telle idée, exprimer leur souhait. Mais, il faut que cela corresponde aussi au vœu des lutteurs. Je pense que ces derniers doivent eux aussi réfléchir là-dessus et en discuter.

Amadou Ahmeth Seck