[ Interview] Hélène Tine: « Le CC nous a redonné de l’espoir et de la dignité. Cette vague de libération…doit se poursuivre »


L’ancienne parlementaire et responsable politique à Thiès attendait bien, comme plusieurs acteurs et observateurs, la libération des « détenus politiques ». Ce vent de dégel qui a commencé depuis hier vient à son heure d’après tout ce qui s’est passé depuis quelques jours. Il fallait décrisper la situation provoquée par les nombreuses détentions et également cette dernière affaire relative au report de la résidentielle. Hélène Tine qui a pu répondre à quelques questions de Dakaractu, a salué cet élan qui va contribuer à pacifier l’espace. L’ancienne députée nous confie également son point de vue sur la décision du conseil constitutionnel qui dit niet au Président Macky Sall. La discussion semble désormais inévitable.

 

1-Comment avez-vous apprécié cette vague de libération qui est en train de se produire ?

 

Ce vent de libération était une attente populaire. D’autant plus que nous n’avons jamais vécu une situation pareille. Depuis que je suis sur la scène politique, je n’ai jamais vu des milliers de personnes détenus dans ces circonstances. Il fallait certainement, compte tenu de tout ce qui s’est passé, quelle que soit la façon dont cela a été fait parce que c’est la justice qui prend un sacré coup. Ils ont été incarcérés de façon plus ou moins légère et qu’on a tenu à libérer d’un coup de bâton magique. Je pense qu’il faut s’en féliciter et demander à l’Etat du Sénégal de poursuivre cette dynamique de libération pour qu’au moins ceux qui sont en prison puissent recouvrer la liberté. Cependant, ceux qui ont commis des délits graves comme par exemple avec l’affaire de l’explosion du bus de Yarakh, doivent etre jugés car ce sont des actes ignobles et inacceptables dans notre société. Aujourd’hui, quelle que soit la vague de libération que nous voulons, il faut que l’Etat poursuive ses actions dans ce sens. Je voudrais vraiment saluer cette vague de libération car, ce n’était pas beau à voir pour notre pays

 

 

2-Pensez-vous qu’il y a des médiations souterraines ?

 

On peut soupçonner les médiations de l’ombre qui ont fait que l’Etat du Sénégal a décidé de libérer la majorité des prisonniers. Mais il faut faire la part des choses avec le combat que mènent les démocrates de ce pays. Ces gens estiment que cette forfaiture qui a été faite et qui a conduit à la violation de la constitution sénégalaise ne devrait pas prospérer. Le combat que nous avons mené jusque-là, c’est qu’il faut qu’on stoppe cette dérive institutionnelle qui a été constatée par tous les acteurs de ce pays. Ce qui m’a le plus impressionné d’ailleurs, c’est que de façon massive et spontanée, tous les secteurs de la vie sénégalaise se sont levés comme un seul homme pour dire halte ! Je pense que le conseil constitutionnel est allé dans ce sens-là. Il nous fallait retrouver la plénitude des dispositions de notre constitution.

 

3- Comment accueillez-vous la décision du Conseil constitutionnel ?

 

Nous avions constaté que notre démocratie était un grand malade ausculté à travers le monde entier  avec des indignations de part et d'autre. Mais cet acte nous donne de l’espoir, nous redonne une dignité en tant que pays d’une démocratie appréciée. Nous devons saluer cette décision, mais continuer à soutenir cette dynamique. Je lance un appel au président de la République qui, pour rappel a été adulé, de sortir dignement par la grande et bonne porte. Il faut qu’il saisisse cette opportunité que le conseil constitutionnel lui a donnée et qu’il puisse partir la tête haute.

 

4- Quid de la date de l’élection maintenant ?

 

Il nous faut maintenant nous entendre sur le calendrier pour aller au 02 avril. Les 25 février ou 10 mars etc. le plus important, est que le Président passe le témoin à la fin de son mandat. Et la date ultime est le 2 avril 2024. D’ici là, il nous faut nous entendre sur la date pour aller en campagne et faire le travail politique préélectoral. Nous devons montrer que nous sommes un grand peuple, et il faut que les dispositions intangibles qui sont dans la Constitution par rapport à la durée du mandat, soient respectées. La balle est dans le camp du Président Macky Sall et de l’administration sénégalaise.
Vendredi 16 Février 2024
Cheikh Sadibou Fall




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