[ Contribution] LFI 2026 : UN CHOC FISCAL SANS PRECEDENT, AU RISQUE DE CASSER LA CROISSANCE ? ( Seydina Alioune NDIAYE, Economiste)


[ Contribution]   LFI 2026 :   UN CHOC FISCAL SANS PRECEDENT,  AU RISQUE DE CASSER LA  CROISSANCE ? ( Seydina Alioune NDIAYE, Economiste)
Résumé.

A sa lecture attentive, la LFI 2026 incarne une stratégie de redressement budgétaire volontariste face à une situation financière très critique. En faisant l’hypothèse d’une croissance du PIB de 5%, une absence d'évaporation fiscale, une stabilité macroéconomique régionale et internationale et, enfin, l’acceptabilité sociale d’une salve de taxes et impôts, le Gouvernement marche désormais sur une corde raide, celle d’une onde de choc fiscal de +3,9 points, supporté à 92,8% par le ménages et les entreprises. S’il est réussi, ce tournant fiscal permettra de restaurer la crédibilité budgétaire et de poser les bases d'une croissance soutenable. En revanche, un échec pourrait précipiter le pays dans une crise économique et sociale majeure. Sans verser dans une polémique stérile, ce papier propose de revenir en détails sur la LFI 2026, en la comparant avec les LFI 2025, LFR 2025, le DBPEF 2025-2027 et les 02 Rapports d’Exécution Budgétaire de l’année 2025 disponibles à date. Il s’articule autour d’un décryptage du contexte, des enjeux et des choix arrêtés ; et de leurs conséquences macroéconomiques. L’objectif visé est d’éclairer l’opinion publique sur les choix effectués par le Gouvernement qui impacteraient tous les agents économiques l’année prochaine.

1. Une dégradation critique des fondamentaux.

Une dette dans une spirale plongeante et une tension flagrante avec le FMI Le 26 septembre 2024 restera, il est certain, dans les annales de l’Histoire économique du Sénégal, comme une date charnière. En effet, depuis cette date, l’encours de la dette publique du Sénégal, d’audit en expertise/conformité, est passé de 73% à 99,5%, puis à 119%, pour finalement atteindre 130%1 du PIB à fin 2024, un sommet inédit pour un pays UEMOA. Toutes choses étant égales par ailleurs, le poids du service de la dette, qui absorbe désormais plus de 30% des recettes publiques et près de 40% des exportations, place le Sénégal dans une zone rouge selon les standards internationaux, comme l’illustrent les graphiques suivants. 

Cette dégradation sévère du profil de la dette publique est aiguë à telle enseigne que l’Etat sénégalais va presque chaque semaine siphonner les ressources disponibles au marché financier régional de l’UEMOA, sur des courtes maturités (OAT de 03 ans), avec des taux autour d’une moyenne de 7,69%. Quant aux Appels Publics à l’Epargne (APE), fait inédit 03 opérations ont déjà été menées cette année, pour un montant total d’environ 1 200 Milliards de F CFA, en attendant une 4e opération probablement dans les tiroirs.  

Ainsi, face au mur de la dette, dont nous avions alerté il y a presque 02 ans, l’Etat sénégalais se limite actuellement à éviter le naufrage (défaut ? restructuration ?), sans pour autant convaincre le principal bailleur en l’occurrence le FMI de la conclusion/reprise d’un programme. Désormais, le spectre d’un défaut semble planer au-dessus de l’économie sénégalaise, l’onde de choc de la dégradation récente de la note Moody’s à Caa1 soulignant la persistance d’un risque significatif en 2026. Une croissance atone et des recettes en chute, malgré le pétrole et le gaz. L’autre grand fait macroéconomique, et au demeurant un crève-cœur, c’est l’atonie de la croissance, hors hydrocarbures, qui représente une grande douche froide quant à l’angélisme des prévisions sur l’exploitation du pétrole et du gaz. Déjà, pour la mémoire, la première alerte sur les « actifs échoués » du Sénégal n’avait pas suffisamment retenti dans l’opinion publique qui croyait toujours à la magie d’un argent hélicoptère par les découvertes de pétrole et de gaz et les DFI2 annoncées. En effet, en analysant la dynamique de création de richesses du pays depuis l’entrée en production de Sangomar et de GTA, le caractère dual de l’économie sénégalaise, que nous avons longuement expliqué dans notre essai économique3 est clairement illustré par la faiblesse de la croissance hors hydrocarbures d’à peine 2%, moins que le taux de croit démographique. 

Sur le plan strictement budgétaire, ce qui frappe c’est la non atteinte continue des objectifs de recettes pourtant fixés dans les Loi de Finance (LFI 2024, LFR 2025), comme l’illustre le graphique suivant, où l’on constate un décalage d’environ -500 Milliards sur les prévisions, à fin juillet 2025, en attendant le rapport d’exécution budgétaire de T3 2025.  

Subséquemment, la raréfaction des ressources budgétaires accroit le déficit budgétaire (14% du PIB avec l’intégration de la dette « cachée »). Avec la révision de la dette autour de 130% comme annoncé selon les dernières informations, ce déficit se creusera davantage et les finances publiques s’enfoncent dans un dangereux précédent d’un financement du déficit par un endettement onéreux et un effet boule de neige, d’une année à l’autre, dans un engrenage vicieux.

Par ailleurs, l’analyse du déficit montre un effet ciseau, l’effort de consolidation devenant critique, malgré la fragilité sociale et une croissance tirée par le secteur extractif, peu inclusif.

Le Sénégal reste exposé en effet : un écart persistant du déficit vis-à-vis du critère UEMOA ou une contre-performance des recettes accroîtrait le risque de refinancement, de récession budgétaire, ou à terme de défaut technique sur la dette. La place même de la 2e économie de l’UEMOA est en jeu, avec le Bénin mordant les talons du Sénégal en termes de performance économique et de bonne santé financière.


2. L’esprit d’un choc fiscal comme panacée

A l’analyse, force est de constater que la LFI 2026 semble être élaboré sous un prisme d’un esprit fiscal assumé. En effet, plusieurs éléments nous permettent de le constater.

Premièrement, c’est une consolidation budgétaire accélérée visant une réduction drastique du déficit budgétaire de 12% du PIB en 2024 à 5,37% en 2026, avec un objectif de 3% en 2027 conformément aux critères de convergence de l'UEMOA. Le solde budgétaire de base s'améliorerait spectaculairement, passant de -678,5 milliards FCFA en 2025 à -81,6 milliards FCFA en 2026, traduisant les efforts internes de l'État.


Deuxièmement, l’avènement d’un choc fiscal sans précédent

En effet, d’après les projections du Ministère des Finances et du Budget, les recettes fiscales bondiraient de +23,52%, passant de 4 359,62 milliards FCFA en 2025 à 5 384,80 milliards FCFA en 2026. Cette hausse est portée par le PRES qui génère 762,6 milliards FCFA de recettes additionnelles, soit 14,2% des recettes fiscales totales.

Le taux de pression fiscale augmente de 19,3% à 23,2% en une seule année, une progression de 3,9 points qui représente un ajustement fiscal majeur. Il est rare en effet, de trouver un exemple d’une telle correction fiscale dans l’histoire contemporaine économique, tant la pente est raide. La cassure sociale et économique est un horizon proche, dans un pays dont l’économie est fondamentalement informelle et le système D largement répandu, jusqu’à des niveaux insoupçonnés.

La hausse généralisée des impôts n’épargnera aucun agent économique, comme l’illustre le graphique suivant.


Troisièmement, la stratégie est assumée d’une souveraineté budgétaire endogène. L'orientation stratégique, en effet, privilégie le financement endogène en amoindrissant le recours des ressources externes. Les dons et prêts extérieurs diminuent de 21,85%, tandis que les recettes internes progressent de 26,18%. Cette souveraineté budgétaire semble viser à réduire la dépendance aux marchés financiers internationaux – du reste fermés

Au demeurant, il est à souligner que la rubrique de dons et appuis budgétaires ne semble pas mobiliser les ressources attendues, avec moins de 8% réalisés sur un objectif de 288,6 Milliards FCFA selon la LFR 2025. L’angélisme de la prédiction de 2025 semble être reconduit pour 2026, malgré des résultats mitigés comme le montre les deux tableaux suivants.


Quelques mesures fiscales emblématiques sont à souligner.

De manière synthétique, sans préjudice d’être exhaustif, quelques points clés du choc fiscal envisagé retiennent notre attention.

Jeux de hasard : 300 milliards FCFA

La taxation des jeux de hasard et paris en ligne constitue la mesure phare du PRES, représentant 39,3% des recettes additionnelles. Cette fiscalisation d'un secteur en plein essor (notamment les paris sportifs en ligne) capte en effet une rente auparavant largement informelle., avec un risque de transfert vers l'économie informelle ou les plateformes offshore à l’ère de l’essor de la digitalisation et de la vélocité des transferts de fonds.

Services Mobile Money : 76,5 milliards FCFA

La taxation des transferts d'argent mobile (Orange Money, Wave, Free Money) rapporterait 76,5 milliards FCFA. Cette mesure fiscalise l'économie numérique et l'inclusion financière. Cependant, les professionnels alertent sur un possible renchérissement des transactions pour les ménages les plus vulnérables et les petits commerçants qui utilisent massivement ces services. L’application de la taxation en début d’année dira le comportement des agents économiques.

Fiscalité du secteur financier et des entreprises

La TAF progresse de 56,13%, passant de 144,14 à 225,06 milliards FCFA. Cette taxe frappera les banques, institutions de microfinance et opérateurs de transferts d'argent, avec ici le principal risque de répercussion sur les clients via des frais bancaires plus élevés, pénalisant l'inclusion financière.

Impôts sur les salaires : 1 179,77 milliards FCFA (+287,75 milliards)

Cette hausse de 32,26% reflèterait, de prime abord, l'élargissement de l'assiette et l'amélioration du recouvrement. Cependant, à l’analyse, la pression sera accrue sur la masse salariale des entreprises et les salariés, avec un effet contre incitatif potentiel sur l'emploi formel1, qui demeure la mer des batailles.

En guise de rappel, avec 339 156 salariés dans le secteur privé moderne au deuxième trimestre de 2025, le Sénégal compte 4 000 emplois formels de moins... qu'il y a 4 ans.

Par ailleurs, en 01 an, la masse salariale des fonctionnaires a cru, entre juillet 2024 et juillet 2025, de +6 000 agents, soit +47 milliards / an, chaque fonctionnaire coûtant en moyenne 650 000 FCFA par mois.

 


Régularisation foncière massive : 100 milliards FCFA

Une opération de régularisation foncière est attendue pour générer 100 milliards FCFA. On surveillera notamment la valorisation foncière prévue à Mbour 4.

Rationalisation des dépenses fiscales : 100 milliards FCFA

La réduction des exonérations et niches fiscales vise à capter 100 milliards FCFA. malgré l’absence de visibilité sur lesdites dépenses fiscales, le dernier rapport datant de 2022.

Suppression des valeurs de correction (riz, huile) : 29 milliards FCFA

Le passage aux valeurs transactionnelles rapporte 29 milliards FCFA mais risque d'augmenter les prix des produits alimentaires de base. En effet, la faible productivité portuaire, notamment sur les quais de déchargement du Môle 4, demeure un des moteurs de l’inflation alimentaire sénégalaise, notamment pour le riz, les bateaux répercutant les surestaries sur le prix final.

In fine, il est à craindre que d’acteur en acteur, cette répercussion a un impact direct sur le prix du kilogramme de riz dont raffolent les Diobène ! En supprimant les valeurs de correction, justement une correction haussière des prix est à craindre

3. Impacts sur les ménages et les entreprises

 

3.1 Sur le panier de la ménagère


 

Pression inflationniste

D’après nos calculs, les ménages supporteraient 53,3% de la charge fiscale additionnelle (406,1 milliards FCFA). Les taxes sur le mobile money, les téléphones, les véhicules, le tabac et l'alcool, ainsi que la suppression des valeurs de correction sur le riz et l'huile, risquent de provoquer une inflation par les coûts. Ainsi, l’inflation mesurée par le déflateur du PIB est projetée à 2% en 2026 (contre 0,9% en 2025). Mais cette prévision pourrait être dépassée si les entreprises répercutent intégralement, ce qui semble très plausible, les hausses fiscales.

Érosion du pouvoir d'achat

Dès lors, avec une hausse de 3,9 points du taux de pression fiscale en un an, les ménages verraient leur pouvoir d'achat amputé. La taxation du mobile money, utilisé par des millions de Sénégalais pour les transferts quotidiens, constitue une taxe régressive frappant davantage les plus pauvres en proportion de leurs revenus. D’ailleurs, malgré le vote et la promulgation de la Loi1, le Gouvernement a eu la sagesse d’avoir demandé aux opérateurs de ne pas l’appliquer pour le moment, pour éviter d’accroitre la tension sociale.

Risque de basculement dans l'informel

La fiscalisation accrue des jeux, du mobile money et des importations pourrait pousser une partie de l'économie vers l'informel ou vers des plateformes étrangères non régulées.


 


 

3.2 Sur la santé financière des entreprises

Pression sur les marges et l'investissement

Dans la LFI 2026, d’après nos calculs, les entreprises supporteraient 39,5% de la charge fiscale additionnelle (301,4 milliards FCFA). La forte hausse de la TAF (+56,13%), des impôts sur les salaires (+32,26%) et des droits d'enregistrement (+62,6%) comprimera grandement les marges bénéficiaires.

Dans un contexte où le crédit reste onéreux et l'accès au financement difficile, cette ponction fiscale pourrait freiner l'investissement privé.[[2]]url:#fn2 L’Etat prévoyant d’accroitre le 
 

recours aux APE1, cela va sans doute accélérer encore plus l’effet d’éviction du financement de l’économie par les banques qui arbitreront de plus en plus vers les créances admissibles au refinancement de la banque centrale,

Menace sur la compétitivité

Les hausses de taxes sur les intrants (importations, téléphonie, véhicules professionnels) renchériront sans doute les coûts de production. Les entreprises sénégalaises pourraient perdre en compétitivité face à leurs concurrents régionaux, notamment dans un contexte de Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF), ce qui limitera la capacité d’industrialisation de notre pays.

Tentation de délocalisation

Les secteurs mobiles (services numériques, finance, télécoms), face à cette salve de taxes qui interrogent profondément leur modèle d’affaires, pourraient être tentés de délocaliser leurs activités vers des juridictions fiscalement plus attractives de la sous-région. Cela pourrait justement diminuer les montants visés dans la LFI et une sévère correction des montants mobilisés n’est pas à exclure lors d’une éventuelle prochaine LFR en milieu d’année.


 

4. Les risques macroéconomiques


 

De notre point de vue, la blitzkrieg fiscale envisagée, symbolisée par un choc fiscal d’une ampleur inédite, faisant porter 39,5% aux entreprises et 53,3% aux ménages expose l’économie à plusieurs risques macroéconomiques globaux, souvent observés dans les pays émergents confrontés à une correction budgétaire rapide.

D’abord il s’agit du spectre d’un ralentissement de la croissance économique. En effet, une hausse simultanée de la pression fiscale (impôts directs, taxes consommation, prélèvements sectoriels) freine la demande intérieure. En particulier, la taxation des services essentiels (mobile money, télécommunications, énergie, jeux, droit d’importation) réduit le revenu disponible des ménages et la profitabilité des entreprises, limitant leur capacité d’investissement et de consommation. ​

Ensuite, les analyses économétriques menées au Sénégal2 montrent que l’augmentation brutale des impôts a tendance à détériorer la croissance à court terme ; les taxes sur le travail sont les plus récessives, suivies par celles sur la consommation et la production.

1 D’après la LFI 2026, la couverture du besoin de financement des 4 015,3 Milliards FCFA se ferait via des émissions au marché financier régional, avec un montant de 1 274 Milliards F CFA au titre des APE.

Enfin, un sérieux risque d’aggravation des inégalités et de la pauvreté est à mitiger car les taxes indirectes sont régressives : elles touchent proportionnellement davantage les ménages modestes, qui consacrent une part plus importante de leurs revenus à la consommation. L’impact sur la pauvreté et le pouvoir d’achat peut être aiguisé par la faible progressivité du système fiscal sénégalais (peu d’impôt sur les patrimoines et les hauts revenus) et une couverture limitée des mécanismes de compensation sociale, notamment l’arrêt du filet social des Bourses de Sécurité Familiale (BSF)

In fine, il est à craindre une érosion de la compétitivité de l’économie sénégalaise et un basculement d’une partie de celle-ci vers l’informel. Car, une fiscalité accrue sur les entreprises (notamment secteur TIC, commerce, transports, industries de consommation) décourage l’investissement formel et promeut la primauté du choix de l’informel ou les stratégies d’optimisation/fraude (transferts de bénéfices, sous-déclaration).

La montée des prix due aux nouvelles taxes peut créer des tensions sociales, déjà relevées mi-2025 (grèves, mouvements sociaux, revendications sectorielles), pouvant compromettre la stabilité et ralentir l’afflux d’IDE, malgré les promesses et intentions d’investissement louables du forum FII SENEGAL1 ou de financements conventionnels en provenance des bailleurs de fonds.​​

Sur le moyen terme, si les mesures de rationalisation budgétaire limitent excessivement la capacité de l’État à investir dans la santé, - à l’ère de l’apparition sporadique des épidémies et autres zoonoses (Mpox et fièvre de la vallée du Rift) - l’éducation et les infrastructures, les écarts régionaux et sociaux risquent de se creuser davantage. ​

Sur le plan communautaire, un ralentissement de l’efficacité de la politique monétaire pourrait survenir car un choc fiscal sévère pèse sur la confiance et la circulation monétaire, pouvant retarder la reprise de crédit privé, même dans un environnement de taux bas stable (zone CFA), et limiter la transmission positive des rebonds de croissance sectoriels (extraction, industries exportatrices), et affaiblir la solidarité au sein de l’UEMOA.

Le spectre d’une sévère récession devient prégnant, avec ce choc fiscal de 3,9 points de PIB en un an, combiné à un service de dette absorbant 93% des recettes, pouvant provoquer un ralentissement économique. Si la croissance de 5% ne se matérialise pas (notamment en cas de choc climatique, baisse du prix des hydrocarbures ou instabilité régionale), le déficit se creuserait à nouveau, alimentant la spirale d'endettement.

5. Recommandations et conclusion.


 

Face à cette rupture historique et ce grand bouleversement induit par la LFI 2026, il nous semble utile de surveiller l'inflation et le pouvoir d'achat, en mettant en place des

1 A la clôture, le Premier Ministre a indiqué des intentions de financement de 13 000 Milliards F CFA.
 

mécanismes de compensation pour les ménages les plus vulnérables (subventions ciblées, transferts monétaires) d’une part ; de soutenir le secteur privé en envisageant de compenser la pression fiscale par des réformes du climat des affaires, un accès facilité à la commande publique et un apurement conséquent de la dette intérieure, d’autre part.

L’optimisation des dépenses publiques devrait également être un cheval de bataille, en accélérant la lutte contre les gaspillages, la corruption et la rationalisation des agences et sociétés publiques qui devraient être fusionnées au plus tard en juin 2025, comme s’y était engagé le Chef du Gouvernement à la tribune de l’Assemblée Nationale le 21 février 2025.

Sur le front de la dette, il ne serait pas illusoire de voir les modalités d’un triple R : Renégocier – Restructurer – Reprofiler. Des options de restructuration, d'allongement des maturités ou de réduction des taux d'intérêt avec les créanciers bilatéraux et multilatéraux sont bien possibles, sans égo mal placé et avec une bonne diplomatie économique.

La chose la plus essentielle reste cependant la communication et pédagogie. Le Gouvernement devra expliquer aux citoyens et aux entreprises la nécessité de l'effort fiscal et les bénéfices attendus, en prenant le temps de bien dissiper les malentendus et les intoxications.

En guise de conclusion, dans la dramaturgie de Dante, il y a 9 cercles ou sous-sols des enfers. Mal maitrisé, le choc fiscal de la LFI 2026 pourrait nous en réserver, hélas, du paysage à voir. A moins que la destruction créatrice chère au Prix Nobel de l’économie 2025 ne nous vienne en aide./.

FIN DU DOCUMENT


 

M. Seydina Alioune NDIAYE,

Economiste, Associé SENQUANT

 
 

Jeudi 23 Octobre 2025
Dakaractu



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