Auteur d’une virulente tribune contre les citoyens, les autorités politiques et religieuses : Un peu de mesure mon Commissaire !


En navigant sur le Web, nous avons été interpellé par le contenu d’un texte du Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite, Boubacar Sadio. «Lettre à mon frère d’arme», titre donné au document en question, long comme le bras, se présente telle une fausse radiographie du paysage politico social de notre pays. Il évoque des sujets divers et variés, perçus par l’auteur comme les gangrènes de notre société.

Nous ne prenons pas la parole pour remettre en question son argumentaire, encore moins lui apporter une quelconque contradiction. Toutefois, nous ne pouvons guère accepter que les citoyens sénégalais, dans leur ensemble, soient traités comme des moins que rien, si l’on suit la logique du texte. Nos origines, notre histoire, notre éducation et notre conscience nous interdisent de survoler d’aussi grossières et dangereuses affirmations sans attirer l’attention de l’auteur sur ses dérives. Les fausses allégations, n’en parlons pas. Un homme responsable, ayant occupé des fonctions importantes dans l’administration centrale devrait quand même s’interdire des déclarations auxquelles il est incapable d’apporter la moindre preuve. Comment, en évoquant la récente campagne présidentielle, le commissaireBoubacar Sadio pourrait apporter la preuve matérielle du paragraphe qui suit : «…La pratique de l’achat de conscience a atteint des proportions abusives, scandaleuses et inimaginables qui conduisent à se poser des questions sur la nature de certains de nos compatriotes qui se laissent acheter comme des caprins ou des gallinacés de nos marchés».

La violence des propos, l’injure qu’ils charrient et l’irrespect du commissaire  vis à vis des autorités publiques, en l’occurrence le ministre des finances, mais également des citoyens sénégalais heurtent sans aucun doute la conscience du lecteur. Le commissaire Sadio, visiblement, ignore la notion de respect et tout ce qu’elle comporte. Le respect est essentiel à la vie d’une société. Il faut respecter la loi et l’ordre public. Mais il ne faudrait pas également perdre de vue que la société est faite de citoyens, d’êtres humains, égaux en droits et en dignité et dont chacun mérite le respect. Le respect est donc un devoir qui s’impose à tous et tout particulièrement à ceux et celles qui exercent, ou qui ont eu à exercer une autorité.C’est le cas du commissaire Boubacar Sadio. Lui qui, pourtant, a poussé le bouchon encore plus loin en disant à son frère d’arme: «Nous devons nous regarder les yeux dans les yeux et nous dire la vérité. Si la corruption a pu prospérer aussi facilement et à plein régime, c’est qu’elle a trouvé un terreau favorable avec des compatriotes cupides, sans honneur, sans dignité et sans vergogne». Pour lui, les électeurs sénégalais, en plus d’être assimilables à du bétail, n’incarnent aucune valeur humaine. S’il avait, un tant soit peu, mesuréla participation citoyenne des gens qu’il caricature, il aurait eu un tout autre raisonnement.  Mais cela implique qu’il jette un regard attentif sur divers aspects de la vie politique comme le taux de participation aux processus électoraux, le niveau de l’engagement social et de l’action militante, l’efficacité des différentes méthodes de participation publique, la compétence civique ainsi que le niveau de l’éthique sociale des citoyens. Démarche qui, de  façon manifeste est ignorée pour ne pas dire inconnue par le commissaire divisionnaire à la retraite.

Les leçons de Sadio et ses critiques s’étendent également aux Imams et chefs religieux. Comme si ceux-ci n’étaient pas des citoyens avant d’être des hommes de Dieux. Vraisemblablement,  des confusions volontaires ont été entretenues dans le texte du commissaire. «Quelles images scandaleuses que de voir des imans brandir et brasser des millions à l’intérieur des mosquées ; des imans enivrés par la vue et l’odeur de l’argent qui versent dans la vulgarité langagière».Aujourd’hui, la question que nous ne pouvons nous empêcher de poser à l’auteur est de savoirs’il existe toujours et nécessairement un lien entre les actes, le comportement et l’attitude d’un citoyen avec le pouvoir central et ceux qui l’incarnent? Comme il semble l’insinuer tout le long de son texte.

Alioune Badara COULIBALY

Citoyen sénégalais
Vendredi 8 Mars 2019




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