Mégalomanie, paranoïa, dictature,… : Ces psychopathes à la tête de pays africains


Mégalomanie, paranoïa, dictature,… : Ces psychopathes à la tête de pays africains
Ils se sont montrés exagérément paranoïaques, mystiques, mégalomaniaques ou autoritaires. Portraits de huit présidents dans leurs œuvres.
L’Afrique a connu des chefs d’Etat aux profils et aux personnalités les plus divers au cours de son histoire récente. Peu ont brillé par leur intelligence politique ou leur sens du devoir et beaucoup par leurs travers. Certains se sont particulièrement distingués par leurs comportements loufoques ou ubuesques et d’autres par leurs pratiques mégalomaniaques ou moyenâgeuses. Obnubilés par le pouvoir ou paranoïaques, nombre d’entre eux ont posé des actes qui relèvent de la folie, dans tous les sens du terme. Dont acte !

SANI ABACHA, le «big brother» gendarme de l’Afrique de l’Ouest
Le Président Sani Abacha qui a dirigé le Nigeria de 1993 à 1998 aura marqué son pays et toute l’Afrique de l’Ouest par sa tyrannie et son pouvoir hégémonique. Dès son accession au pouvoir, il a fait substituer les institutions démocratiques par un gouvernement militaire et beaucoup de fonctionnaires civils par des militaires.
Son gouvernement était un savant dosage de militaires -pour la plupart des généraux- et d’officiers supérieurs de la police. Ce professionnel des coups d’Etat et compagnon de longue date de son prédécesseur au pouvoir Ibrahim Babangida était un obsédé du contrôle des institutions de l’Etat et des citoyens. Jamais les fameux services de renseignement nigérians dénommés «Sss» (State security services) n’auront été aussi actifs que sous son règne. Sani Abacha a fait de la presse, son ennemi public numéro 1. Le patron de Tell Magazine, Onome Osifo-Whiskey en sait quelque chose. Lui qui était obligé de changer de planque continuellement pour fuir les hommes de Sani Abacha et qui a effectué plusieurs séjours en prison. Le respect des droits de l’homme n’a jamais été la tasse de thé du «big brother». Abacha a laissé mourir en prison, Moshood Abiola, le vainqueur de la présidentielle de 1993 à la suite de l’annulation de laquelle il a pris le pouvoir. Abacha a aussi jeté en prison l’ex-président et général Olusegun Obasanjo qui, selon des sources dignes de foi, n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention de plusieurs chefs d’Etat africains dont le Pré­sident Mathieu Kérékou du Bé­nin.
En 1995, le dictateur aux lunettes noires a fait pendre l’écrivain Ken Saro Wiwa et ses compagnons militants Ogoni des droits de l’Homme. Serge Félix N’Piénikoua, journaliste béninois, raconte à quel point Sani Abacha était paranoïaque : «Lors d’un sommet de la Cedeao à Cotonou, les services de sécurité de Sani Abacha qui transportaient de gros bagages contenant des armes avaient refusé tout contrôle à l’aé­roport de Cotonou. Ils ne se gê­naient d’ailleurs pas pour bouscu­ler la garde rapprochée du Pré­sident Mathieu Kérékou dans le but d’assurer la sécurité de leur Président. Et pendant le sommet qui se tenait dans la salle de conférence de l’hôtel Plm Alédjo à Cotonou, le ministre de l’In-térieur de l’époque, Théophile N’Dah, avait imprudemment appuyé sur un interrupteur qui avait coupé la lumière et plongé toute la salle dans l’obscurité. Le temps de rallumer l’électricité, quelle n’avait pas été la surprise de tous les participants de constater quand la lumière fut remise que la garde rapprochée de Sani Abacha bra­quait déjà de gros engins de mort sur toute l’assistance, des armes qu’on avait jamais vues.»
Ennemi juré des Etats-Unis d’A­mé­­rique, beaucoup pensent que la mort de Sani Abacha est à mettre sur le compte de services de renseignements de pays occidentaux qui au­raient infiltré ses services : une femme l’aurait empoisonné la veille d’un sommet de la Commu­nauté économique des Etats d’Afri­que de l’Ouest (Cedeao).
Alors que ses services de sécurité étaient déjà en place et qu’on l’attendait à Oua­ga­dou­gou, l’annonce de sa mort le 8 juin 1998 avait, en effet, surpris plus d’un. Officielle­ment, il s’est agi d’une crise cardiaque mais selon le célèbre magazine nigérian News­watch, il s’agirait plutôt d’un excès de Viagra trafiqué alors que le dictateur était en plein ébat avec des prostituées libanaises. Mais pour son épouse, «son mari a été tué par ses meilleurs amis».
L’un des grands mérites de Sani Abacha que l’histoire retiendra, au-delà de ses méthodes brutales et dictatoriales, aura été de restaurer la démocratie en Sierra Leone. A la suite du coup d’Etat du 25 mai 1997, dirigé par le lieutenant-colonel Johnny Paul Koro­ma contre le Président démocratiquement élu Ahmad Tejan Kabbah, Sani Abacha avait envoyé des troupes nigérianes pour chasser les usurpateurs du pouvoir et réinstaller Ahmad Tejan Kabbah le 10 mars 1998.

JEAN-BEDEL BOKASSA, l’ubuesque empereur de Centrafrique
Jean-Bedel Bokassa a terminé sa carrière avec le grade de capitaine dans l’Armée coloniale française. Après les bons et loyaux services rendus à la France pendant la seconde guerre mondiale et les guerres coloniales en Indochine et en Algérie, il a choisi de rentrer dans son pays. Le militaire, destiné dans sa jeunesse à devenir prêtre, avant que le destin n’en décide autrement, ne pouvait pas mieux tomber. Surtout quand on sait que le Président de la jeune République de Centrafrique n’était alors autre que son propre cousin David Dacko. Jean-Bedel Bokassa se voit ainsi confié par ce dernier l’organisation de l’Armée et promu au grade de colonel, puis à celui de chef d’Etat-major. Profitant d’une tentative de coup d’Etat qu’il était censé déjouer, il renversera le Président David Dacko et s’empare du pouvoir le 31 décembre 1965.
Dès lors, celui que le général Charles de Gaulle traitait de «soudard» va se conférer la Présidence à vie. Il se convertit à l’islam sous le nom de Salah Eddine Ahmed Bokassa pour s’attirer les faveurs et le soutien financier de Mouammar Kadhafi. L’ancien «soudard» de l’Armée coloniale désormais à la tête de son pays n’a pas d’autre rêve que d’être à l’image de son idole, à savoir l’empereur Napoléon Bonaparte. C’est dans ce contexte qu’il organisera son couronnement avec la participation du gotha politique et artistique français de l’époque. Mais contre toute attente, aucun chef d’Etat africain ne sera au rendez-vous.
Lors d’une cérémonie dont la théâtralité le dispute au faste, le 4 décembre 1977, Jean-Bedel Bokassa se fait couronner «empereur de Centra­frique» dans le même costume que Napoléon Ier. Son titre exact est : «Em­pereur de Centrafrique par la volonté du Peuple centrafricain, uni au sein du parti politique national: le Mesean (Ndlr : Mou­vement pour l’évolution sociale de l’Afrique noi­re)».
En présence de 5.000 participants dont le ministre français de la Coopération, Robert Galley, la garde-robe de Jean Bedel Bokassa, pour l’occasion, portait la griffe de Pierre Cardin, l’énorme trône celle du sculpteur Olivier Brice, la couronne en or du joaillier Claude Arthus-Bertrand avec sept mille carats de diamants. Au total, soixante mille bouteilles de champagne et de Bourgogne coulèrent à l’occasion. Et le moment fort de la cérémonie au Palais des sports de Bangui, fut la parade du nouvel «empereur» de Centrafrique dans les rues de la capitale centrafricaine à bord d’un carrosse fait de bronze et d’or et tiré par des chevaux des haras du Pin gracieusement mis à sa disposition par le Président Valéry Giscard d’Estaing.
Coût total de ce spectacle granguignolesque : cent millions de francs français (Ndlr : 5 milliards de francs Cfa à l’époque) dont une grande partie payée par Mouam­mar Kadhafi. La dictature sanguinaire que Jean Bedel Bokassa a instaurée à son avènement au pouvoir, mais surtout la sanglante répression des manifestations des lycéens le conduira à sa chute. Alors, même qu’il est en visite en Libye, les services de renseignement français et les forces spéciales réinstallent le Président David Dacko au pouvoir le 20 septembre 1979. Grâce à la fameuse opération dont le nom de code était «Barracuda». Et cela peu avant la révélation par le Canard enchaîné de l’affaire des diamants de Valéry Giscard d’Estaing.

IDI AMIN DADA, le paranoïaque d’Ouganda
L’ancien cuisinier et laveur de linge devenu soldat et Président d’Ougan-da après son coup d’Etat du 25 janvier 1971 fait partie des chefs d’Etat de sinistre mémoire en Afrique. Idi Amin Dada n’a pas été qu’un inculte, ubuesque et sanguinaire chef d’Etat. Il a fait pourchasser et exterminer tous ceux qui étaient supposés représenter une menace à son régime et une bonne partie des intellectuels.
De nombreux témoignages concordants attestent qu’il était adepte de certaines pratiques de sorcellerie. Sa mère ayant été une grande initiée et prêtresse de la famille royale Bouganda. Mais, il est probable que les rumeurs de cannibalisme à son sujet aient été un peu exagérées. La folie de Idi Amin Dada ne s’arrête pas à sa décision de rester Président à vie ou de s’octroyer le grade de maréchal dès 1975. Il va multiplier les frasques.
Au cours du sommet de la défunte Orga­nisation de l’unité africaine (Oua) sur les cendres de laquelle l’Union africaine est née, il fait organiser plusieurs événements burlesques. Il s’agit, entre autres, d’une course automobile pendant laquelle il conduit une Citroën Sm avec un moteur Maserati, une manœuvre militaire dirigée par lui-même pour simuler une attaque contre l’Afrique du Sud, tout comme il exposera plus tard, à grand renfort médiatique, son fameux plan de reconquête du plateau du Golan occupé par Israël. Il n’a pas hésité à se faire balader sur une chaise portée par des hommes d’affaires occidentaux dans les rues de Kampala ou à expulser des milliers d’Indo-Pakistanais de son pays.
Le tyran de Kampala finit par sombrer dans un état psychologique inquiétant aussi bien pour son entourage que pour les partenaires étrangers. Quand la Grande Bretagne a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec l’Ouganda, Idi Amin Dada dira qu’il a vaincu les Bri­tanniques. Et de se déclarer «roi d’Ecosse» et «Conquérant de l’Em­pire britannique».
Avant sa chute, le 11 avril 1979, son exil ensuite à Djeddah en Arabie saoudite par charité islamique, et son décès, le 16 août 2003, il se faisait appeler : «Son Excellence, le Pré­sident à vie, maréchal Alhadji docteur Idi Amin Dada, titulaire de la Victoria Cross, Dso, titulaire de la Military Cross et Conquérant de l’Em­pire britannique».

MOUAMMAR KHADAFI, mégalomane de Libye
L’ex-Guide révolutionnaire de la Libye, Mouammar Kadhafi, restera pendant longtemps encore dans la mémoire des Africains. Il aura marqué l’histoire contemporaine du continent depuis le coup d’Etat qui le porta au pouvoir en 1969. Non pas seulement à cause de la fin tragique, le 20 octobre 2011, de celui qui traitait ses ennemis de rats. Mais aussi et surtout à cause de sa folie des grandeurs et de sa suffisance.
Pendant tout son règne, Mouam­mar Kadhafi ne s’est autorisé qu’une seule limite à ne pas franchir, à savoir celle de s’autoproclamer comme le seul et légitime représentant de Dieu sur terre. Autoproclamé «leader» et «guide» des Libyens, Mouammar Kadhafi avait construit sa propre théorie de développement sur la base de laquelle il voulait voir son Peuple évoluer : elle était consigné dans le fameux Livre vert. Il s’est fait couronner «Roi des rois» africains. Et il a tout fait, sans succès, pour devenir le «Président» des Etats-Unis d’Afri­que. Une première étape qui devait lui permettre de faire valoir son ambition future de devenir le «maître» du monde. En fin de compte, Mouammar Kadhafi n’aura été que le «maître» de l’Afrique noire à quelques exceptions près, distribuant prébendes par-ci et suscitant des conflits par-là pour tenir en lest les chefs d’Etat récalcitrants.
Il se payera aussi la tête des grandes puissances occidentales en fomentant des attentats pour, par la suite, leur payer des dédommagements. L’homme était connu pour se déplacer toujours avec une Armée de femmes gardes du corps et son inséparable tente de Bédouin. Il a poussé la provocation jusque dans la capitale française où il a planté sa tente dans le parc de l’hôtel Marigny, à côté de l’Elysée, au cours de sa visite officielle sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

YAHYA JAMMEH, le marabout-guérisseur de Gambie
Les obligations de président de la Républi­que de Gambie ne semblent pas suffire à Yahya Jammeh. Depuis 1994, quand il a chassé Daouda Jawara du pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, le jeune lieutenant s’est littéralement métamorphosé.
L’homme qui affectionne maintenant de parader avec de grands boubous africains et une baguette magi­que en main s’est depuis quel­que temps adjoint une nouvelle vocation quasi messianique : marabout de Gambie et grand guérisseur devant l’éternel des maladies les plus incurables, y compris du Sida. Le comble, il présente de soi-disant séropositifs qui auraient été guéris par ses soins. Sans s’émouvoir devant l’ire des représentants des institutions de l’Onu quant à ses prétendus remèdes contre la pandémie.
Plutôt que de s’occuper des vrais problèmes de ses compatriotes, le chef de l’Etat gambien n’a de cesse de multiplier des frasques. La dernière en date, l’exécution en série de condamnés à mort par la justice gambienne déclenchant une réprobation internationale.

SEYNI KOUNTCHE, le cerveau gonflable du Niger
Seyni Kountché a accédé au pouvoir le 15 avril 1974 par un coup d’Etat consécutif à une longue période d’instabilité sociopolitique. La­quelle avait mis le régime du Pré­sident Diori Hamani sur la sellette, aggravée par une grande sécheresse. Une fois au pouvoir, des tentatives infructueuses de putsch vont se multiplier. Il s’agit notamment de celles du commandant Bayere Moussa, en 1975, de Ahmed Moudour en 1976, de son marabout Bonkano en 1983. Sans compter le soutien de Mouam­mar Kadhafi aux rebelles touaregs contre son régime.
Face à cette situation, le régime du Président Seyni Kountché va se durcir. Avec à la clé, la mise en place d’un service de renseignement puissant. Il veut que rien ne lui échappe. Et pour cause, il concentre entre ses mains les principales institutions, ce qui lui permet de contrôler la situation dans le pays, jusque dans les moindres détails. En l’occurrence, la présidence de la République, le ministère de la Défense et le ministère de l’Intérieur.
Seyni Kountché veut être au courant de tout dans le pays et il possède une mémoire d’éléphant. Tout lui est rapporté et il suit tout de près, jusqu’au petit détail.
Jusqu’à son décès le 10 novembre 1987 à l’hôpital de La Pitié Salpetrière à Paris, il réussira en garder totalement la main sur le pays.

ROBERT MUGABE, le fou du pouvoir du Zimbabwe
Le Président zimbabwéen, Robert Mugabe, a joué un rôle majeur dans l’indépendance de son pays (ex-Rhodésie du Sud). A telle enseigne qu’il en est souvent considéré à tort ou à raison comme le père de l’indépendance. Après de longues et dures années de lutte politique et de guérilla contre le régime blanc de Rhodésie du Sud, il est arrivé à la tête de l’Etat en 1987.
Tout comme il a longtemps joué sur l’opposition entre son ethnie (les Shonas) et celle de ses adversaires (les Ndébélés), il en fera de même en opposant les Zimbabwéens blancs aux noirs. Et il a l’art d’utiliser le communautarisme comme mode de gouvernement et de conservation du pouvoir. Un pouvoir qu’il n’entend pas quitter tant qu’il est encore en vie. Le dernier épisode en date reste les élections législatives et la Prési­den­tielle de 2008. Alors qu’il pouvait s’offrir une sortie historique du pouvoir et une retraite paisible, il a décidé de briguer un sixième mandat dans un contexte de grave crise économique et de tension sociopolitique. Son stratagème : une réforme agraire qui consiste à arracher purement et simplement des terres aux Blancs pour les donner aux Noirs.
Mais, mal lui en a pris. Cette fois-là, le surf sur les oppositions communautaristes ne marche pas face à son ex-ministre des Finances Morgan Tsvangirai, lequel a créé son propre parti, le Mouvement pour le changement démocratique (Mdc). Ce dernier rafle les sièges au Parlement et gagne la Présidentielle dont le résultat ne sera pas proclamé avec les 50,3% des voix qu’il a obtenu. Conséquence : il s’en est suivi des violences postélectorales meurtrières, à caractère ethnique, contre les militants et sympathisants de Morgan Tsvangirai. Ce qui a obligé la communauté internationale à intervenir, à travers l’Onu, pour imposer une transition bancale qui a maintenu Robert Mugabe à la tête de l’Etat et fait de Morgan Tsvangirai son Pre­mier ministre. Mais, même au bout de cette transition, rien ne dit a priori que le fou du pouvoir du Zimbabwe le quittera demain s’il était encore battu lors des prochaines échéances.

Moussa Traoré, la marionnette de Bamako
Moussa Traoré faisait partie des militaires qui ont renversé le régime du Président Modibo Keïta, le 19 novembre 1968. Aussitôt parvenu au pouvoir, il a mis en place un régime dictatorial au sein duquel les services de renseignement espionnaient tout le monde, y compris des lycéens.
L’arrestation et la détention de Modibo Keïta jusqu’à sa mort dans des conditions fort suspectes, en mai 1977, n’est pas sans susciter des remous dans le pays. Mais passé cet orage, le pouvoir autocratique du général Moussa Traoré s’enracine profondément. Il faudra attendre la fin des années 1990, à la faveur des changements sociopolitiques de la fin des années 1980 pour voir de nouvelles protestations pro-démocratiques aussi fortes au Mali.
Les 20 et 21 janvier 1991, l’Union démocratique du peuple malien (Udpm), parti au pouvoir, est ébranlé. Plusieurs mouvements, en l’occurrence l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), le Comité national d’initiatives démocratiques (Cnid), l’Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem), l’Association des diplômés initiateurs et demandeurs d’emplois (Adide) marchent à Bamako et dans plusieurs villes du pays. On peut lire dans l’un des documents de l’Adéma : «Divers dans ses opinions et croyances, multiples dans ses inspirations politiques et idéologiques, mais unifiés dans ses revendications de libertés publiques et individuelles, le mouvement en cours proclame les vertus de la démocratie pluraliste et réclame l’instauration du multipartisme au Mali.»
Le régime désemparé face à la soudaineté et la détermination des manifestations de contestation est partagé en «les faucons» et «les colombes». Au plus fort de la crise, alors que Moussa Traoré voulait lâcher du lest, son épouse le lui aurait fermement déconseillé avec l’aile la plus dure de l’Armée. Au point de lui demander s’il est un «fils de mâle» ou non. Sous l’instigation de Mariam Traoré, il choisit le camp de l’aile dure et de répondre par la force. Les manifestations des 22, 23 et 24 mars auxquelles l’Armée réplique en tirant à vue sur les manifestants constituent des événements sans précédent dans l’histoire de toute l’Afrique de l’Ouest. Pendant la seule journée du 22 mars, plus d’une centaine de personnes sont tuées.
Le 24 mars, les Africains de France signent une pétition contre cette boucherie humaine. Ainsi, écrivent-ils dans le Manifeste africain pour le Mali : «Africains résidant en Europe, venus de tous les horizons de notre continent, solidaires dans la diversité de nos cultures, nous tenons à exprimer de la manière la plus vigoureuse notre horreur mais, aus­si notre honte devant une telle infamie délibérée, sans précédent».
A Bamako, ils sont légion à penser que la réaction du pouvoir devant la crise n’a pas pu émaner directement du chef de l’Etat, mais plutôt de son épouse. La sanglante répression des manifestations pro-démocratiques de Bamako vont précipiter sa destitution, le 26 mars 1991, par Amadou Toumani Touré, qui conduira la transition démocratique du pays.
Folie dirigeante
Cinquante ans après les indépendances, les dernières ceintures autocratiques du monde se trouvent toujours en Afrique, extrêmement verrouillées par des systèmes policiers et militaires hypertrophiés. Entre dictature, extravagance, paranoïa, mégalomanie, phobie sécuritaire, l’Afrique reproduit pratiquement les mêmes types de chef d’Etat depuis plus de cinquante ans. Dans cette partie du monde, les républiques verrouillées par des présidents à vie sont les conséquences d’un pouvoir suprême érigé au-dessus de l’Etat et des institutions. Ce qui leur a donné les moyens de durer et aussi de léguer leurs charges à leurs enfants dans certains pays. Présidents torturés, lancés dans le tourbillon du pouvoir, insouciants se croyant invulnérables et immortels, notre continent aura toujours son lot de «guides» qui se sont gonflés au contact du pouvoir et de l’inconscience. Jeunes ou vieux, ils ont marqué profondément l’histoire politique de l’Afrique souvent au terme d’une carrière si courte ou si longue que leur chute est toujours célébrée avec faste. Sani Abacha (Nigeria), Moussa Traoré (Mali), Idi Amin Dada (Ouganda), Yaya Jammeh (Gambie), Jean Bedel Bokassa (Centrafrique), Mouamar Kadhafi, Seyni Kountché (Niger), Robert Mugabe (Zimbabwe) entre autres ont tous succombé à la tentation du pouvoir centralisé sur leur supposé génie. Alors que les problèmes des populations n’ont fait que s’agrandir sous le règne de la peur.
Pourtant, l’Afrique a besoin de rêver et non de haïr. Elle a besoin d’institutions fortes et non des mégalomanes dans une région plutôt prometteuse en termes de taux de croissance économique si elle arrive à trouver des géants capables de démêler ses problèmes, de guider comme une boussole ses destinées vers des horizons plus prospères.
Tous ces hommes se rejoignent également dans leur pratique de la gouvernance, malgré des différences de conception dans la conservation du pouvoir. Au sommet de leurs gloires, ils étaient les auteurs de nombreuses bacchanales de l’horreur dont l’objectif final est d’anesthésier une population déjà condamnée par les affres de la vie : Exactions, emprisonnements arbitraires, pouvoir justicier, financements des différents réseaux clientélistes insérés dans les partis uniques ou inféodés. Dictateurs pervers et corrompus, ils sont guidés uniquement par la conservation de l’Etat néo-patrimonial qui garantirait la perpétuité d’un système clanique et népotique dont les fondements ne tiennent qu’à cause de la peur. On sait tous que le mérite final des tyrans est de savoir unir leurs Peuples contre eux. Ils s’effondrent, néanmoins, comme de simples châteaux de carte. Ils finissent tous au cimetière de l’oubli comme Mobutu parti mourir au Maroc dans l’anonymat total alors qu’on célébrait sa chute dans son pays où il se croyait invulnérable.
Mardi 25 Septembre 2012
le quotidien




1.Posté par SNN lal bassang le 25/09/2012 12:26
Georges Bush, Poutine vous les mettez où?

2.Posté par lepeuple le 25/09/2012 12:59
Et Abdoulaye Wade qui a tué des sénégalais avant de partir? Vous ne connaissez pas donc votre vieux.

3.Posté par bro le 25/09/2012 14:06
Ariel Sharone, Omar Bongo, Gnassimbé Eyadéma, Dos Santos, Denis Sassou Nguésso, Abdoulaye Wade vous les classez où.

4.Posté par Jeanne le 25/09/2012 18:12
7 SIGNES QUE VOUS PLAISEZ A UNE FEMME

5.Posté par Simon le 27/09/2012 20:48
Le fou abdoulaye wade avec ses machines de mafe; centrale nucleaire a kedougou ; usine de boeing; tramway; sept tgv; 1800 morts de joola lui il faut le classer parmi les fous intellectuels;;;;;;



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