African Population and Health Research Center (APHRC) en callabocation avec Population Council et lbis Reproductive Health ont partagé, ce 28 novembre, des résultats d'une étude ethnographique sur l’infanticide, suivi d'un dialogue.
L'étude, Intitulée « Ethnographie de l’infanticide au Sénégal : expériences et mécanismes de pénalidation », a été réalisée entre Mai 2021 et Janvier 2022 dans la région de Dakar et avait pour objectif de documenter les expériences vécues de femmes et de filles ayant été associées à des faits d'infanticide. Selon le document, l'infanticide figure parmi les cinq premiers motifs d'incarcération des femmes dans les prisons sénégalaises, soit 22,13%. L’étude a associé 19 femmes et filles rencontrées dans les lieux de privation de Liberté notamment à la prison du camp pénal de Liberté 6 et de la maison d’arrêt et de correction de Rusfique. Elle a aussi permis de recueillir des renseignements auprès de 11 proches et partenaires de victimes ainsi que 26 acteurs des milieux institutionnels (palais de justice, commissariat de police, structures sanitaires).
Sur les caractéristiques sociodémographiques des femmes suivies, le rapport a révélé une fréquence de 8 femmes et filles âgées entre 25 et 30 ans associées à des faits d'infanticide, 7 comprises entre 18 et 24 ans et 4 autres ayant une tranche d’âge allant de 31 ans à plus de 40 ans. Sur leur niveau d’étude, il est relevé que la plupart (12) s’est limitée aux enseignements primaires, 4 ont fait l’école coranique et 3 ont réussi à suivre des études supérieures. Relative à leur situation matrimoniale, les résultats de l’étude ont montré que la majeure partie n’a jamais été dans les liens du mariage. C’est un nombre de 13 filles et femmes contre 6 seulement dont 4 en situation de divorce.
Sur les déterminants sociaux de leurs grossesses non désirées, l’étude a démontré qu’une fragilité des liens sociaux et familiaux chez la plupart
des participantes issues de familles de polygame où régnaient une grande rivalité et des conflits récurrents élevées dans des familles mono parentales du fait de divorces et ou décès d'un des parents - seules trois sur les 18 femmes ont connu la présence des deux parents. Ce sont des femmes qui sont également victimes de violences sexuelles et maltraitances qui optent souvent pour le silence et dans la dénonciation des violences.
Le document renseigne, par ailleurs, d’un faible recours aux méthodes contraceptives de ces femmes et filles du fait de l’absence ou l’insuffisance d'informations sur les méthodes de contraception avec une crainte des effets tels que la stérilité, stigma associé à l'utilisation de la contraception par les jeunes, manque de moyens financiers pour accéder aux méthodes contraceptives, entre autres.
Sur l’experience de l'accouchement, l’étude indique que les participantes étaient partagées entre solitude et peur. Les résultats renseignent qu’elles accouchent généralement seules et sans assistance à domicile, ou seules dans les centres de santé.
Sur les poursuites judiciaires auxquelles ces 19 victimes d’infanticides sont contraintes, 15 ont fait l’objet d’une détention dont 11 en attente d’un procès. Du lot 10 ont purgé une peine allant de 2 à 4 ans, 4 incarcérées pour moins de 2 ans, 1 seul acquittement et 2 ont bénéficié d’une grâce à la suite d’une condamnation de 5 à 10 de réclusion criminelle.
Dans leur vie carcérale, les victimes ont témoigné d’un vécu jugé lourd et difficile à porter avec souvent une ruptures des liens et sentiment d'abandon par les proches parfois même avec des épisodes de dépression.
De manière spécifique, cette recherche visait à saisir les multiples facteurs qui contribuent à l’infanticide au Sénégal, explorer le processus décisionnel et les acteurs impliqués, documenter les conséquences de l'infanticide et des sanctions légales et sociales sur la vie des personnes criminalisées et leurs proches mais surtout proposer des recommandations pouvant contribuer à l'élaboration de stratégies politiques et des programmes d'intervention appropriées en vue de réduire la vulnérabilité des femmes et des filles à l’nfanticide.
Les objectifs du dialogue initié avec les acteurs de médias notamment les journalistes était destiné à partager les histoires et perspectives derrières les cas d'intanticide afin de mettre en lumières les complexités entourant l'infanticide. C’est aussi d’engager une discussion constructive avec les journalistes pour une couverture médiatique plus responsable, empathique et éclairée de l'infanticide, humaniser la question de l'infanticide et des violences sexuelles dans les médias afin de susciter de l’empathie et une compréhension plus complète des facteurs en jeu.
Pour African Population and Health Research Center (APHRC) et ses partenaires, les normes patriarcales et stigmatisation des grossesses pre/extramaritale plongent les filles et les femmes confrontées à des grossesses non désirées dans l'isolement social et économique et créent les conditions qui conduisent à l'infanticide. En conclusion du document que ces organisations ont produit sur les cas d’infaticides au Sénégal, ils considèrent que la restriction de l'avortement et la stigmatisation (parfois internalisée) font de l'infanticide l'unique option pour sortir de la "disqualification sociale" et se réinsérer dans leur réseau. Or l'infanticide aggrave cette disqualification, les faisant passer de "déviantes" à "criminelle" avec toutes les sanctions juridiques et sociales y afférentes pour les victimes comme pour leurs proches.
El H. M. BÈYE
L'étude, Intitulée « Ethnographie de l’infanticide au Sénégal : expériences et mécanismes de pénalidation », a été réalisée entre Mai 2021 et Janvier 2022 dans la région de Dakar et avait pour objectif de documenter les expériences vécues de femmes et de filles ayant été associées à des faits d'infanticide. Selon le document, l'infanticide figure parmi les cinq premiers motifs d'incarcération des femmes dans les prisons sénégalaises, soit 22,13%. L’étude a associé 19 femmes et filles rencontrées dans les lieux de privation de Liberté notamment à la prison du camp pénal de Liberté 6 et de la maison d’arrêt et de correction de Rusfique. Elle a aussi permis de recueillir des renseignements auprès de 11 proches et partenaires de victimes ainsi que 26 acteurs des milieux institutionnels (palais de justice, commissariat de police, structures sanitaires).
Sur les caractéristiques sociodémographiques des femmes suivies, le rapport a révélé une fréquence de 8 femmes et filles âgées entre 25 et 30 ans associées à des faits d'infanticide, 7 comprises entre 18 et 24 ans et 4 autres ayant une tranche d’âge allant de 31 ans à plus de 40 ans. Sur leur niveau d’étude, il est relevé que la plupart (12) s’est limitée aux enseignements primaires, 4 ont fait l’école coranique et 3 ont réussi à suivre des études supérieures. Relative à leur situation matrimoniale, les résultats de l’étude ont montré que la majeure partie n’a jamais été dans les liens du mariage. C’est un nombre de 13 filles et femmes contre 6 seulement dont 4 en situation de divorce.
Sur les déterminants sociaux de leurs grossesses non désirées, l’étude a démontré qu’une fragilité des liens sociaux et familiaux chez la plupart
des participantes issues de familles de polygame où régnaient une grande rivalité et des conflits récurrents élevées dans des familles mono parentales du fait de divorces et ou décès d'un des parents - seules trois sur les 18 femmes ont connu la présence des deux parents. Ce sont des femmes qui sont également victimes de violences sexuelles et maltraitances qui optent souvent pour le silence et dans la dénonciation des violences.
Le document renseigne, par ailleurs, d’un faible recours aux méthodes contraceptives de ces femmes et filles du fait de l’absence ou l’insuffisance d'informations sur les méthodes de contraception avec une crainte des effets tels que la stérilité, stigma associé à l'utilisation de la contraception par les jeunes, manque de moyens financiers pour accéder aux méthodes contraceptives, entre autres.
Sur l’experience de l'accouchement, l’étude indique que les participantes étaient partagées entre solitude et peur. Les résultats renseignent qu’elles accouchent généralement seules et sans assistance à domicile, ou seules dans les centres de santé.
Sur les poursuites judiciaires auxquelles ces 19 victimes d’infanticides sont contraintes, 15 ont fait l’objet d’une détention dont 11 en attente d’un procès. Du lot 10 ont purgé une peine allant de 2 à 4 ans, 4 incarcérées pour moins de 2 ans, 1 seul acquittement et 2 ont bénéficié d’une grâce à la suite d’une condamnation de 5 à 10 de réclusion criminelle.
Dans leur vie carcérale, les victimes ont témoigné d’un vécu jugé lourd et difficile à porter avec souvent une ruptures des liens et sentiment d'abandon par les proches parfois même avec des épisodes de dépression.
De manière spécifique, cette recherche visait à saisir les multiples facteurs qui contribuent à l’infanticide au Sénégal, explorer le processus décisionnel et les acteurs impliqués, documenter les conséquences de l'infanticide et des sanctions légales et sociales sur la vie des personnes criminalisées et leurs proches mais surtout proposer des recommandations pouvant contribuer à l'élaboration de stratégies politiques et des programmes d'intervention appropriées en vue de réduire la vulnérabilité des femmes et des filles à l’nfanticide.
Les objectifs du dialogue initié avec les acteurs de médias notamment les journalistes était destiné à partager les histoires et perspectives derrières les cas d'intanticide afin de mettre en lumières les complexités entourant l'infanticide. C’est aussi d’engager une discussion constructive avec les journalistes pour une couverture médiatique plus responsable, empathique et éclairée de l'infanticide, humaniser la question de l'infanticide et des violences sexuelles dans les médias afin de susciter de l’empathie et une compréhension plus complète des facteurs en jeu.
Pour African Population and Health Research Center (APHRC) et ses partenaires, les normes patriarcales et stigmatisation des grossesses pre/extramaritale plongent les filles et les femmes confrontées à des grossesses non désirées dans l'isolement social et économique et créent les conditions qui conduisent à l'infanticide. En conclusion du document que ces organisations ont produit sur les cas d’infaticides au Sénégal, ils considèrent que la restriction de l'avortement et la stigmatisation (parfois internalisée) font de l'infanticide l'unique option pour sortir de la "disqualification sociale" et se réinsérer dans leur réseau. Or l'infanticide aggrave cette disqualification, les faisant passer de "déviantes" à "criminelle" avec toutes les sanctions juridiques et sociales y afférentes pour les victimes comme pour leurs proches.
El H. M. BÈYE
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