Entretien Avec … Armando Lona, journaliste Bissau-Guinéen : « Les conditions carcérales ont été horribles et inhumaines. Le FP est très reconnaissant pour ces soutiens spontanés du peuple frère du Sénégal »

Après plus de dix jours de détention, le président du Front populaire de la Guinée a accordé un entretien à Dakaractu. Journaliste formé au CESTI, Armando Lona a décrié les conditions de détention et taxe le régime de Emballo de champion de violation de la Constitution. Il a tenu aussi à remercier les soutiens spontanés enregistrés au Sénégal…


Dites-nous qui est Armando Lona ?

Citoyen Bissau Guinéen. Formé en journalisme, communication et sociologie à Dakar.

Vous êtes journaliste de formation. Pourquoi êtes-vous investi dans la société civile au lieu de rester à couvrir les évènements ?

Avant d'être journaliste je suis un citoyen qui doit interpréter les conditions réelles de sa société et contribuer avec sa pierre pour le changement positif. Je crois que l'action journalistique est avant tout une action citoyenne et civique. Voilà pourquoi, j'ai jugé fondamental d'avoir un rôle actif dans la construction d'un  pays visant à opérer des changements profonds dans la société Bissau guinéenne.

Racontez-nous votre interpellation le samedi 18 mai dernier ?

Ça a été une interpellation brutale de la part des forces de sécurité sous les ordres politiques. La Constitution de la Guinée Bissau garantit la liberté de manifestation. C'est un droit fondamental. En Guinée-Bissau on n'autorise pas la manifestation, on informe le Ministère de l'intérieur. Donc, le comportement des forces de l'ordre, les agressions contre les manifestants y compris dans les installations carcérales sont criminelles, passibles des poursuites judiciaires, en commençant par leurs commanditaires.

Comment avez-vous vécu la situation carcérale ?

Les conditions carcérales ont été horribles et inhumaines.

Vous étiez au nombre de combien ?

Nous étions 93 personnes incarcérées.


Vous êtes libre. C'est quoi la suite à tenir ?

Continuer le combat pour un sursaut patriotique national, pour le respect des institutions de la République. Comme vous le savez les institutions de la République de l'Etat sont bloquées, la Cour Suprême de Justice, Assemblée nationale populaire et le gouvernement.

 

Faites-nous un bilan de la manifestation ?

Le bilan est positif malgré la brutalité policière. Les citoyens ont démontré qu'ils sont conscients que leur liberté dépend d'eux, personne d'autre.

 

Comment jugez-vous la gouvernance de Emballo ?

Le bilan est là...un régime champion de violations de la Constitution, la chute du pouvoir d'achat des citoyens, endettement de l'Etat, blocage des institutions de la République, violations des libertés d'expression, d'opinion et manifestation.

 

Que dire de vos soutiens au Sénégal ?

Les soutiens ont été incroyables et je suis très ravi. Le Front Populaire est très reconnaissant pour ces soutiens spontanés du peuple frère du Sénégal.

Avec cette mobilisation et la tournure de votre arrestation et libération, ne pensez-vous pas avoir ravi la vedette aux politiques ?

Je pense que chaque acteur doit assumer son rôle pleinement dans la construction démocratique et le progrès du pays. Les hommes politiques ne peuvent pas garder le silence alors le peuple est en train de souffrir. La flambée des prix des produits de première nécessité, la chute du pouvoir d'achat des citoyens, la corruption au sein de la classe politique, l'instabilité politique chronique. Le peuple Bissau Bissau Guinéen aspire à la rupture profonde dans la gestion de la chose, prestation de comptes.

Parlez-nous de votre mouvement ?

Le Front Populaire est une organisation civique et politique avec une représentation nationale. Sa mission, c’est promouvoir la conscience civique au sein de la société Bissau guinéenne, défendre la République et ses institutions et mener un combat sans faille pour la liberté et la dignité du peuple.


Avez-vous des ambitions politiques ?

Des ambitions politiques oui, mais pas partisanes.

Votre dernier mot

Un grand merci à toute la presse sénégalaise et au peuple du Sénégal. La lutte pour la souveraineté des peuples n'a pas de frontières.
Mercredi 29 Mai 2024
Dakaractu



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