De l’esprit sacré à la confusion culturelle : que reste-t-il de la vraie Tamkharite d’antan? (Amdy Moustapha Wade)


Par le passé, Tamkharite représentait une dualité noble : celle de l'Islam enraciné et celle de la culture ancestrale fondée sur des valeurs communautaires. Dans les bourgades, tout le monde se connaissait, les liens de parenté et d'entraide unissaient les familles, et les célébrations de la  Tamkharite cimentaient cette camaraderie. Tout d'abord, on priait et on demandait pardon à Dieu en respectant le Coran, puis venait la période de réjouissance : les enfants faisaient le "tajabone", les adultes se retrouvaient, dansaient et riaient. Tout le monde savait que cette nuit-là, si on te volait ton riz, ta poule ou ton mouton, ce n'était pas un vol, mais un rituel ludique. C'était une piqûre de rappel, un enseignement d'humilité. On s'amusait, on se partageait, et à l'aube, tout le village célébrait dans une harmonie incomparable.

 

Cependant, aujourd'hui, cet équilibre précieux se fissure. Ce qui était à la fois une inspiration spirituelle et un héritage culturel se transforme, devant nos yeux désemparés, en une fête de désarroi. Le respect du sacré est mis de côté au profit du spectacle : des garçons en costumes féminins, des filles maquillées en masculins. Ce déguisement, méconnu des générations passées, se présente désormais au centre des festivités, reléguant les prières et les actes de contrition à l'arrière-plan. La foi a été éclipsée par le folklore, un changement qui suscite des inquiétudes. Ce n'est plus simplement une célébration, c'est une distorsion. Ce qui était accepté comme folklore commence à se transformer en une caricature identitaire où l'on ne parvient plus à comprendre ce que l'on célèbre réellement.

 

Il est temps de tirer la sonnette d'alarme. Pour reprendre les mots de l'ancien Amdy Moustapha Wade, on pouvait observer une éducation, une réserve et un sens de l'ordre. Actuellement, ce chaos déguisé en « progrès » met en péril l'essence même de Tamkharite. L'Islam servait de guide, la culture était le vaisseau, à présent, sans pilote ni orientation, nous voguons vers des zones incertaines. Retrouvons l'essence de cette nuit : prière, pardon et partage. Car si l'on néglige nos origines, ce n'est pas seulement une tradition que l'on abandonne, c'est aussi notre connexion sacrée avec le divin et nos ancêtres.

Samedi 5 Juillet 2025
Karim Ndiaye



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