LE PAYSAN DU BAOL ET DU SALOUM MÉDITANT SUR SON SORT : Saison courte, semences assujetties à l’impôt, faible quantité des engrais, inadaptabilité des graines par rapport aux sols….


Cette année, les paysans du Baol et du Saloum sont unanimes, pour l’essentiel, à reconnaître les efforts  fournis par l’Etat du Sénégal, plus particulièrement,  par le ministère de l’agriculture. Tout de même, la nature a voulu compliquer les choses. Elle vient ajouter ses nuisances aux quelques errements notés de la part de certaines autorités qui ont pêché dans la distribution des engrais, dans le choix des semences et dans ses lenteurs à octroyer des vivres de soudure au monde rural qui mange mal. Dans ce reportage, des  paysans professionnels, des syndicalistes et de simples agriculteurs ont donné leurs avis.
 
Pessimisme de Serigne Khadim Seck, Président de ANDAR-Sénégal

Président de l’Association Nationale pour le Développement Agricole et Rural du Sénégal, Serigne Khadim Seck fait partie de ces Sénégalais qui n’hésitent pas à afficher leur pessimisme par rapport aux récoltes qui devraient sanctionner l’hivernage de cette année. Le paysan tient l’essentiel de ses champs à Gnibi, une localité située sur le tronçon Mbacké-Kaffrine. Pour lui, l’Etat a consenti pour cette saison des efforts non négligeables. Toutefois, le désespoir a fini d’atteindre son paroxysme dans certains coins du pays. « Le ministère de l’agriculture s’est efforcé de connaitre et de prendre en charge les doléances des paysans Sénégalais, du Baol et du Saloum, en particulier. Les semences sont venues  à temps souhaité. Néanmoins, il faut noter que plusieurs petits paysans n’ont pas pu avoir accès aux graines. Les raisons sont simples. Dans le monde rural, l’octroi de semences est généralement assujetti au paiement régulier des impôts. Les pères de famille qui ne se sont pas acquittés de ces impôts n’en disposent généralement pas. Du coup, ils vont semer de piètres quantités d’arachide et se retrouver ainsi avec des récoltes réduites. Nous avons aussi relevé un autre problème majeur. C’est celui de l’inadaptabilité de certaines semences à certains sols. L’exemple que je vous donne c’est l’arachide « esséma » qui ne peut donner satisfaction dans le Baol. Ces graines sont grosses et d’un cycle long. Les donner à un paysan Baol-Baol, c’est lui demander de travailler à perte. Malheureusement, beaucoup de villages ont eu droit à ce type de semences. Nous avions plutôt besoin du « fourré Diaobé » qui nécessite moins de rigueur et moins de temps de travail. A cela il faut ajouter la rareté des pluies. Beaucoup de localités ont commencé à semer leurs graines lors des pluies de ce week-end. Pire certaines zones sont mieux arrosées que d'autres. Ce qui fait qu’entre le Saloum et le Baol et même le Ndiambour, les récoltes connaîtront des disparités certaines. A Khayra Diaga, par exemple, les paysans sont inquiets parce que la pluie se fait désirer énormément.
 
Le mil, moins menacé

Pour cet hivernage, plusieurs agriculteurs ont préféré cultiver le mil. C’est le cas d’Abdoulaye Diabaye, ce père de famille qui habite la périphérie de Touba et qui a jeté son dévolu sur la petite graine à cause des faibles quantités qui tombent depuis le début de l'hivernage. « Ma petite expérience d’une vingtaine d’années m’a permis de savoir que cette fois, nous allons avoir droit à une courte saison. C’est pourquoi, j’ai semé une petite quantité d’arachide préférant me consacrer au mil qui nécessite moins d’eau. Avec le brouillard, facilement, nous pouvons avoir de bonnes récoltes en mil. Malheureusement, mes voisins et moi n’avons pas accès à l’engrais. On en entend parler mais…Pour les tracteurs, c’est pareil. Maintenant, nous voulons juste disposer de poudre pour éliminer les petites bestioles. C’est vrai que les criquets, pendant les courtes saisons ne nous fatiguent pas trop. Toutefois, il nous faut prendre nos dispositions pour parer à toute éventualité. L’arachide commence à germer. Le mil se porte à merveille. Nous avons de l’espoir vraiment ». Non loin du champ d’Abdoulaye Diabaye, d’autres champs semblent bien se comporter. Le labourage est bien fait même si les surfaces cultivées sont pour l'essentiel peu importantes.
 
Accès aux tracteurs

Pour Serigne Khadim Seck d’Andar-Sénégal, l’Etat a effectivement distribué des tracteurs. Seulement cet l’accès à ces engins qui pose problème. « Beaucoup de paysans sont obligés de retourner aux vieilles méthodes. Pour avoir accès aux tracteurs, le paysan est obligé de payer le carburant. Ce que beaucoup de pères de famille ne peuvent pas à cause de la difficile conjoncture économique qui secoue le monde rural. Pourtant, il le faut parce qu’il faut aussi payer le chauffeur ou le technicien qui a gère l’engin. Maintenant, si l’Etat pouvait faire de sorte que le petit paysan soit exonéré de ces dépenses supplémentaires, ce serait salutaire. Toutefois, dans la périphérie de Touba, notamment à Darou Salam Pollé, Dalla Ngabou, Touba Fall, Ngaye et Dalla, les paysans n’ont pas encore entendu le plus petit ronronnement provenant d’un tracteur. Cette situation a été déplorée par les agriculteurs rencontrés. « Nous n’avons pas de tracteur, mais nous espérons que les engrais seront en quantité suffisante. Sans l’engrais, adieu les bonnes récoltes, car les sols sont pauvres à cause d’une surexploitation » confie ce jeune paysan de Pollé.
 
Vivres de soudure urgente

Pendant que l’hivernage démarre timidement, le monde rural vit quant à lui, de durs moments. En effet, à en  croire Andar et plusieurs paysans interpellés, plusieurs familles peinent à assurer les trois repas du jour. « Il nous faut des vivres de soudure. Les paysans ont semé toutes les graines dont ils disposaient, et il leur faut de quoi manger. L’Etat ferait du bon travail en leur octroyant du riz ». Ces mots qui nous sont confiés par le maire d’une commune rurale préférant garder l’anonymat, sont corroborés par les dernières études de l’association nationale pour le développement agricole et rural.
Mercredi 12 Août 2015




1.Posté par Adrgy le 13/08/2015 19:11
Ça c est un article du lobby mourido-wolof qui veut s accaparer des toutes les ressources du pays.



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