Hommage à Barham Diop : Il est venu, il a vécu, il a convaincu.

La vie de ce digne fils de la nation sénégalaise pourrait se résumer à ce triptyque. Il est venu, il a vécu, il a convaincu !


Hommage à Barham Diop : Il est venu, il a vécu, il a convaincu.
Et si la terre pouvait témoigner avec le langage commun des hommes, ces derniers auraient entendu le sanglot qui sourde des tréfonds de ses entrailles pour devoir recouvrir cette silhouette toute d’élégance.
Oustaz, comme on l’appelait si affectueusement, était un maître dans tous les arts de l’éducation islamique. Elégant dans sa mise, raffiné dans son geste et subtil dans la formulation de ses préceptes, il était capable d’ouvrir les esprits les plus étanches, à la lumière de la science. Avec sa voix chantonnant les dits du Prophète, ses illustrations à portée d’intelligence, il orientait, généreusement, les errants et les ramenait sur la juste voix. Sans agressivité ni louvoiement, il était toujours au front, le cœur battant palpitant de l’amour du Prophète, de Cheikh Tidiane et de son maître Baye Niass.
Ah ! Si les ouïes des humains étaient habituées à écouter le ciel, ils auraient perçu son reniflement, chagriné par la dissipation à jamais de l’ombre de Barham Diop qui ne se profilera plus. Ils auraient entendu dans le même temps l’écho des prières de la gent de ces êtres de lumière et d’esprit qui se relayent, tendus de compassion pour ses concitoyens, ses condisciples et ses enfants. Ils les auraient entendus psalmodiant les mots de gloire et de miséricorde au bénéfice de ce Maître, infatigable pour la cause de l’islam, de l’Afrique et de son pays.
Barham a projeté les faisceaux de la lumière de l’islam sur les questions les plus délicates, allant du phénomène coranique à la spiritualité, de la citoyenneté à l’égalité et à l’équité. Du Sénégal au Caire, du Niger à la RDC, du Kenya au Tchad, il n’y a aucun territoire où ses pas ne sont allés pour éclairer les oulémas sur les questions de développement articulé aux enseignements de l’islam par rapport aux familles, aux femmes , aux jeunes, à l’économie, à l’identité culturelle, à la réalisation personnelle, etc. Son discours était universel puisqu’il portait toujours sur le message universel, le Coran.
Ambassadeur du Sénégal dans les hautes sphères de la science islamique, en Indonésie, au Moyen-Orient, en Arabie saoudite,  en Europe et en Amérique, il mérite, que son nom soit inscrit sur le fronton d’une université islamique, d’un amphithéâtre, ou d’un édifice qui diffuse le savoir et l’éthique.
Partout dans le monde, il a hissé haut le drapeau de l’islam et des écoles sénégalaises établies par les guides de ce pays. Lui, ressortissant de l’école de Cheikh Ibrahim Niass, n’en demeurait pas moins l’ambassadeur de tous les foyers religieux. Ramadan approche et se sent triste déjà, car celui qui vivifiait ses journées par ses réflexions éclairantes sur son message, le Coran, s’est retiré. Les Durûs Hassaniyya ont perdu une voix, et quelle voix ! L’esplanade de Cheikh Ibrahim Niass a perdu un animateur et un témoin des missions libératrices du maître de la Fayda. Quel animateur ! Quel témoin !
Les journées Cheikh Ahmed Tidiane Chérif de Dakar ont perdu un pilier. Et quel pilier ! Mon homonyme Mawlâya Abdoul Aziz Sy al-Amine a perdu un complice dans l’action. N’avait-il pas dit, au soir d’une célébration de la journée culturelle Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, en 2002, qu’il n’avait aucun doute que ce dernier, le Pôle de Fez, le reconnaissait, lui Barham, parmi ses serviteurs au Sénégal ? En allant sur la terre de Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, au Maroc, rejoindre le peuple d’en-haut, quelque part, il a permis, par la Grâce du Tout puissant à la parole de Mawlaya de se vérifier.
Ah ! Oustaz, tu nous as….. eus ! Je ne l’imaginais pas ainsi, de cette façon. Je ne vais, toutefois, pas te pleurer. Les sanglots de la terre et les prières du ciel me suffisent. Nos échanges spirituels à Bamako, à Niamey, à Kinshasa et Ndjamena, à Rabat et ailleurs, me tiennent compagnie. Non, je n’ai rien oublié ! Et comme d’habitude, je t’interrogerai et t’écouterai.
Oustaz !, Je ne vais pas te pleurer mais laisse-moi te chanter, laisse-moi emprunter la voix de Mame Abdoul Aziz Sy

Dabakh pour dire à la terre entière qui tu fus :
Barhâmu lâ zâla Rabbul ‘arshi yu’tîkâ
Mâ tabtaghî wa min al-Adrâri yunjîkâ
Barhâm ! que Dieu ne cesse de te donner ce que tu désires
Qu’Il te protège de tous les maux
“Jazâka ‘an sunnatil-Mukhtâri Khâlikhinâ
Khayril-Warâ wa ‘an al-Aqrâni yu’lîka
Sois rétribué par notre Créateur, pour la tradition de l’Elu, meilleure créature,
Sois élevé au-dessus de tes compagnons.
Wa kunta lid-Dîni shamsun yastadâ’u bihâ
‘an dînihî wa ‘anil ‘ibâdi yujzîkâ
Sois [tu as été] pour la religion un soleil dont on s’éclaire
pour la religion et pour les hommes, sois rétribué
Naçahta Ummata khayril-Khalqi Muhtasiban
Mimmâ bihî khaççaka Rahmânu Bârîka
Tu as conseillé la communauté du meilleur des créatures, par piété
Avec ce que le Clément, ton créateur t’a privilégié
Awdahta lil-Nâsi nahjal-khalqi laytahumû
Bihî qad-intahajû tâbat masâ’îkâ
Tu as éclairé aux gens la voie de la vérité
Que fussent-ils fidèles [à cette voie] tes œuvres sont purifiées. »
Ainsi, était Braham. Il est venu, il a vécu et il a convaincu !
« Ne croyez-pas que ceux qui sont tués sur la voie de Dieu sont  morts. Ils sont plutôt vivants auprès de ton seigneur, bien pourvus » Sourate 3, verset 169.
A ALLAH NOUS APPARTENONS ET A LUI NOUS RETOURNONS !
Abdoul Aziz Kébé
Enseignant-chercheur UCAD
Jeudi 26 Juin 2014




1.Posté par dogbo ble le 26/06/2014 09:31
Très beau

2.Posté par GUEWEL le 26/06/2014 10:18
"Choukran,Ya Seydi. Inna lilahi wa inna Aleyhi rajihon"

3.Posté par Muhammad le 26/06/2014 10:45
Un grand homme!! Une bibliothèque mobile!! Mais comme il le disait si bien! Man cha ahou aw sarrahou mamatou fal awliya wal anbiya khan maatou!!

4.Posté par Sam le 26/06/2014 14:06
Témoignage remarquable fait à un homme remarquable d'une noblesse plus qu'enviable dont la disparition constitue une grande perte pour toute la oumma islamique. Un homme humble, respectueux et respecté, d'une intelligence hors du commun, d'une noblesse du port et du caractère naturelle et au savoir étendu. Que le Seigneur tout puissant l'enveloppe dans sa miséricorde infinie et l'agrée. Merci à Abdoulaziz Kébé pour son témoignage de haute facture.

5.Posté par tek le 26/06/2014 14:53
kou baakh té amm l'islam, que dieu l'accueille dans son paradisn et à coté de baye niass

6.Posté par Mahamat Amir AbdelRazakh le 26/06/2014 15:20
Absolument magnifique, venant d'un intellectuel à la plume impeccable
prof Abdoulaziz Kebé, mérite un tant soit peu d’être porté au panthéon des savants a l'image de l'illustre disparu Al oustaz Barham Diop qu'ALLAH l'accueil en son paradis Alfirdaossi al a'lamina!

7.Posté par junior le 26/06/2014 17:04
quel beau témoignage professeur. on en attendait pas moins te toi.
comme d'habitude
que dieu te rende au centuple tes prières.
Barham que Dieu t'accueil au paradis que la terre du Saloum lui soit légère.
amin

8.Posté par Abdou Karim le 27/06/2014 09:13
Sublime, merci Professeur Kébé vous avez parlé au nom de tout ceux qui ont connu et approché Barham Diop

9.Posté par Mbok talibé le 27/06/2014 14:46
Là maintenant, au moment où nous te rendons hommage puisse Allah te faire goûter aux délices de l'au delà au point que tu regrette même de ne pas être parti plus tôt!

Qu'Allah te comble plus que tu nous as comblé et Dieu sait que tu nous as tellement donné du bonheur.

Amine!

10.Posté par youssoupha le 28/06/2014 01:37
BARHAM c'est comme un monument qui s'est effondrait. Que son homonyme l'accueille dans son paradis céleste.

11.Posté par khalifa le 29/06/2014 12:51
Merci Pr, nous autres fidèles talibes du Pr, nous vous remercions pour ce vibrant hommage. Depuis le rappel a Dieu de notre vénéré guide, nous cherchons les mots pour exprimer ce que nous ressentons, voila que vous, en digne Pr avec tant d’éloquence, venez a notre rescousse.



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