Recrudescence des bavures policières : Silence, on torture au Sénégal !


Recrudescence des bavures policières : Silence, on torture au Sénégal !
Une bavure policière a-t-elle causé l’assassinat du commerçant Modou Diop, alias Seck Ndiaye ? En tout cas, jamais, de mémoire de citoyen, on n’a vu une autopsie précédée d’autant de preuves qu’on chercherait à cacher à l’opinion. Les parents de la victime n’y vont pas par quatre chemins pour accuser la police nationale d’être l’auteure de ce meurtre qui survient au moment où se tient le procès de l’ASP ayant brutalisé, au début de ce mois, une femme vivant avec un handicap. Là également, la sanction n’a pas été à la hauteur de la faute qui porte outrage aux règles de bienséance, puisque l’ASP, Nguer Mamadou Mbow, vient d’être relaxé.

Le 3 janvier 2018, les reporters de Dakaractu, Mamadou Lamine Mbaye et Badara Diop, ont été agressés par des limiers surexcités lors de l’ouverture du procès de Khalifa Sall. La scène était digne du saccage des sièges des quotidiens L’As et 24h Chrono sous le magistère de Me Abdoulaye Wade.

Quelques jours plus tard, en février 2018, un agent de la police nationale avait giflé un motocycliste à la gare routière de Ziguinchor. Un cas flagrant d’abus de pouvoir ! Depuis lors, c’est l’omerta. Il se dit même que la publication, deux jours avant cette énième bavure, du rapport d’Amnesty International épinglant le Sénégal, avait accéléré l’ouverture d’une enquête et la suspension du mis en cause.

La gendarmerie nationale n’est pas non plus exempte de tout reproche. Le vendredi 9 mars 2018, un accident tragique a fait un mort sur l'autoroute à péage. Après cela, il a été servi à la presse une histoire digne d’une fiction hollywoodienne. En effet, il a été relaté çà et là que le drame avait été causé par un détenu qui cherchait à s’évader. Non seulement ce qui s’apparentait plutôt à un conte de fée n’émanait d’aucune source officielle, mais, à force de creuser, Dakaractu, qui était entré en contact le lendemain avec le premier témoin arrivé sur les lieux, avait été surpris de découvrir que le gendarme en question roulait en sens inverse et à vive allure.

L’assassinat de l’étudiant Fallou Sène (dont on ignore encore la suite de l’enquête promise) a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Avant cela, Yamadou Sagna, un jeune orpailleur habitant le village de Kobokhoto, dans la région de Kédougou, a été tué par un auxiliaire des douanes au mois de février 2017. Une autre personne, un pèlerin bissau-guinéen du nom d'Abdoulaye Baldé, a été abattu par un agent des douanes à Nianao, en février 2018.

La liste est loin d’être exhaustive et apparemment, rien n’est fait pour protéger les citoyens en punissant les coupables. Aussi bien du côté de la police que de la gendarmerie, les autorités mènent la politique de la dénégation systématique.

En définitive, le seul moyen de mettre fin à l’impunité est de changer de méthode dans la conduite des enquêtes qui doivent être confiées à d’autres « tribunaux ».  
Samedi 23 Juin 2018




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