Le derby Baldé-Atepa : opportunité ou menace pour le « Macky » de Casamance ?


La région naturelle de la Casamance présentera, au moins, deux candidats à la prochaine présidentielle : le maire de Ziguinchor et l’architecte Pierre Atepa Goudiaby. On peut même dire que cette région, minée par les démons de l’irrédentisme depuis décembre 1982, s’est toujours contentée de la posture du faiseur de roi.

Au terme d’une expérience ministérielle de 22 ans, Robert Sagna, qui a volé de ses propres ailes au lendemain de son départ du Parti socialiste, était un « candidat sans illusion » en 2007. Emile Badiane et le Pr. Assane Seck avaient préféré soutenir, respectivement, Léopold Sédar Senghor et Me Lamine Guèye avant les retrouvailles entre le Bds et la Sfio. Quid de Landing Savané ? C’est au moment où And Jëfe a atteint la maturité qu’il s’est allié à Me Abdoulaye Wade avant que ce parti ne perdît son prestige à cause de son jeu de yoyo de 2007.

Ainsi, le patron des cadres casamançais, qui est bien en cour dans plusieurs palais africains, essayera de marcher sur les plates-bandes de Abdoulaye Baldé, qui a occupé d’importantes fonctions dans les associations internationales de maires et qui s’est fait un réseau dans les riches pétromonarchies du Golfe grâce à sa qualité d’ex-secrétaire générale de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique au milieu des années 2000. L’autre atout de Pierre, c’est son rôle historique dans le processus pour la recherche de la paix en Casamance.

Cependant, nous devons à la vérité de rappeler que leader de l’Ucs a été défait à Ziguinchor lors des législatives de 2017. A cet égard, la nouvelle attitude de Goudiaby postule une double implication : le maire de Ziguinchor, qui a également de solides attaches à Kolda, risque-t-il de voir l’architecte lui ravir la vedette en février 2019 ou va-t-il profiter de cette candidature pour freiner l’élan de l’Alliance pour la République, en espérant que « Pierre qui roule amasse mousse » en capitalisant sur les divisions notées dans le parti au pouvoir pour débaucher parmi les frustrés ?

Cependant, tous les deux, cités dans plusieurs nébuleuses à haute teneur financière et ayant défrayé la chronique, sont soupçonnés par les théoriciens du complot d’être des candidats aiguillonnés par le pouvoir affectant de réduire la puissance de feu de l’opposition classique dès le premier tour. De toutes les façons, le Parti démocratique sénégalais a pendant longtemps filé le parfait amour avec la Casamance, d’où est originaire la mère de Me Abdoulaye Wade.

Un Ousmane Sonko, qui a obtenu ses meilleurs scores aux Législatives de 2017 dans cette zone, pourrait, en outre d’avoir connu des défections dernièrement, souffrir de la nouvelle donne. 

En définitive, la Casamance entre dans une nouvelle ère avec cette floraison de candidatures dans un Landerneau africain où le vote « régionaliste » a toujours fonctionné. Sous ce rapport, on va assister, dans les mois à venir, à une reconfiguration de la carte politique régionale. Car Pierre Atepa Goudiaby n’est pas un candidat qu’on compte, c’est un candidat qui compte. 
Samedi 18 Août 2018




1.Posté par Dr Djinné le 19/08/2018 21:46
Es-qu'il sait compter ce petit "m'as tu vu" ???



Dans la même rubrique :