Alors que la marche silencieuse de la plateforme " Aar Suñu Élection " a été interdite par le préfet, ce mardi 13 février 2024, Sadikh Niasse, Secrétaire Général de la Rencontre Africaine pour le Défense des Droits de l’homme (RADDHO) a donné son avis sur les sujets de l’heure, marquant l’actualité sénégalaise. Il s’agit entre autres du report de la présidentielle, des perturbations dans le système éducatif, des arrestations, du dialogue annoncé et du projet de loi d’amnistie en l'air. Au micro de Dakaractu, Sadikh Niasse, recommande un réaménagement du calendrier électoral avant la date butoir du 2 Avril 2024...
La marche de la plateforme « Aar Suñu Élection » a été interdite par le préfet. Une autre date ou d’autres plans d’actions sont-ils prévus au niveau de votre plateforme ?
Sadikh Niasse : Effectivement, la marche a été interdite puisqu'elle n’a pas été autorisée. Mais nous sommes en train de nous concerter pour voir quelle suite donner à cette réponse du préfet. Actuellement, on a une conférence de presse ici à la salle de Good Rade et nous allons aussi décliner en tout cas une partie de notre plan d’action pour voir la suite à donner. Ce matin, les gens se sont rendus à la préfecture aussi pour voir avec le préfet est ce qu’il ne faut pas redéfinir un nouvel itinéraire qui sera autorisé dans les prochains jours. Et, une nouvelle marche avec un nouvel itinéraire est prévue le samedi 17 février sur toute l’étendue du territoire national.
En ce moment, beaucoup de syndicats d’enseignants ont décrété des débrayages dans les écoles. Selon vous, faut-il perturber le système éducatif pour un report de la présidentielle 2024 et/ou sacrifier les élèves ?
Sadikh Niasse : Ce mouvement des syndicats d’enseignants ne saurait perturber le calendrier scolaire parce qu’il y a les arrestations des enseignants, mais il y a également des mouvements de grève qui ont été même décrétés par le SAES et quelques syndicats d’enseignants pour protester contre la mort de l’étudiant qui a été tué à Saint-Louis. Donc, pour moi ça fait partie de la lutte et ça ne saurait vraiment compromettre le calendrier scolaire
Que pensez-vous des arrestations d'enseignants, d'élèves et d'étudiants pendant les manifestations ?
Sadikh Niasse : Par rapport aux enseignants qui ont été arrêtés, pour moi il faut revendiquer leur libération et demander à ce qu’il y ait des négociations. C’est vrai, avec les syndicats d’enseignants parce qu’ils ont leur plateforme. Ils ont aussi leur plan d’action qu’ils viennent même agréger à notre plan d’action. Voilà, mais ça, ce sont des mouvements au niveau de l’école qui ne sauraient vraiment perturber le calendrier électoral.
Suite au report de la présidentielle du 25 février au 15 décembre annoncé par le chef de l’État, Macky Sall a appelé les acteurs politiques à un dialogue. Êtes-vous pour ou contre ?
Sadikh Niasse : On est toujours pour le dialogue. Nous avons toujours prôné le dialogue et encouragé le dialogue entre les acteurs. Le dialogue fait partie de la vitalité démocratique. Et, nous voulons un dialogue franc, inclusif, qui est aussi basé sur la vérité et non pas des combinaisons ou des combines entre politiques sur le dos des citoyens. Mais le dialogue franc et inclusif dans le but d’améliorer notre système démocratique, dans le but d’améliorer le système électoral, le processus. Mais, nous demandons à ce que ce dialogue s’inscrive dans le cadre du respect du calendrier républicain. Le calendrier républicain c’est la constitution. C’est vraiment également les dates qui ont été fixées comme limite au mandat du président de la République. Si le dialogue peut se faire dans ce cadre, vraiment nous allons soutenir et allons y participer pleinement et l’encourager. Ce dialogue doit être entre les acteurs pour apaiser le climat social, politique entre acteurs, mais doit se faire dans le strict respect de la constitution et dans le cadre du calendrier républicain .
Depuis quelques jours, l’on parle également d’un projet de loi d’amnistie envers Ousmane Sonko et Cie qui doit être débattu au conseil des ministres de demain. Quelle est votre position ?
Sadikh Niasse: Pour ce qui est de l’amnistie, on en parle. Mais nous, notre réserve, c’est que la loi d’amnistie ne puisse être utilisée pour consacrer l’impunité des crimes qui ont été commis. Depuis 2021, il y a beaucoup de morts, il y a beaucoup de problèmes, de difficultés. Et, nous ne voudrions pas que tout cela soit passé à pertes et profits sans pour autant être élucidé. D’accord pour l’amnistie, mais il faudrait à notre avis avant cela penser à élucider cette question, situer les responsabilités, déterminer les conditions dans lesquelles ces personnes ont été tuées avant de parler d’amnistie. Parce qu’il y a une forme d’amnistie qui ne fait que consacrer l’impunité des crimes qui ont été commis depuis 2021.C’est ça notre réserve par rapport à cette loi d’amnistie.
Quelles sont les solutions que vous préconisez ?
Sadikh Niasse : La solution, c’est le respect du calendrier républicain. Nous savons aujourd’hui qu’il est difficile d’exiger que l’élection soit organisée le 25 février avec tout ce retard qu’on a déjà accusé. Il faut réaménager le calendrier dans le cadre de la date butoir du 02 avril. Arrivé le 02 avril, si rien n’est fait, alors il y aura une vacance de pouvoir. La vacance du pouvoir devrait être constatée par le conseil constitutionnel et donné au président de l’assemblée nationale un délai de trois mois pour organiser les élections.
Tout cela, si c’est fait, respectera le calendrier républicain parce que cela est consacré dans la constitution. À défaut, le Conseil constitutionnel peut apporter la solution attendue. C’est pourquoi, nous attendons beaucoup de ce Conseil constitutionnel pour qu’il puisse vraiment décider à notre avis de l’issue qu’il faut donner à cette élection et même fixer une date qui pourrait se faire en respectant le calendrier républicain en permettant à ce que tout soit organisé avant le 02 avril 2024 ».
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