PROPOS DE MERCREDI : Droit et devoir d’insurrection


PROPOS DE MERCREDI : Droit et devoir d’insurrection
La vigilance de nos juristes a donc permis de débusquer le passager clandestin de l’article 57  du Code électoral. Un mot (« électeur ») dont l’ajout est censé ouvrir, tel le sésame d’un sorcier, les portes d’une « réélection au premier tour » et escamoter les candidats éligibles de l’opposition, notamment Karim Wade et Khalifa Sall. 
Tout, d’ailleurs, relève de la sorcellerie dans cette affaire de révision constitutionnelle et électorale. Le comble de l’irrationalité n’est-il pas de croire qu’en faisant modifier la loi par des députés illégitimes, on pourrait changer le cœur des Sénégalais et leur volonté de se débarrasser au plus vite du pouvoir marron ? 
Après la fraude organisationnelle perpétrée par le sabotage des opérations électorales aux législatives de l’année dernière, les gourous du palais de la République placent la prochaine présidentielle sous les auspices de la fraude textuelle. Inutile de saigner les boucs blancs, les poulets rouges ou les taureaux noirs ; il suffira d’égorger quelques articles de la Constitution et du Code électoral.
N’en rions pas trop cependant car en sacrifiant la Constitution, c’est notre démocratie qu’on assassine. Ce sont neuf arbitres, très peu « sages », que l’on investit du pouvoir de décerner un carton rouge général à l’une des équipes, dès la première minute du match. 
Ce n’est certainement pas hasard si le texte de notre Constitution démarre ainsi : « le peuple sénégalais souverain ». En République, le peuple est roi. Surtout au moment où sa souveraineté doit s’exprimer à travers l’élection de ses représentants. Quand les règles de cette élection cessent d’être neutres et consensuelles, l’anomie s’installe. Et la démocratie agonise.
Dès lors, privé de son droit de choisir librement ses représentants, il reviendra au peuple d’exercer directement sa souveraineté. Par quels moyens ? Une question aussi vieille que la démocratie elle-même. Les Déclarations de droits de l’homme, qui sont partie intégrante de notre Constitution, y répondent clairement : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».
Aux actes, citoyens !  

04/04/2018
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal
Mercredi 4 Avril 2018




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