Medina 2013: Tous Coupables (Par Aminata Ndiaye)


Medina 2013: Tous Coupables (Par Aminata Ndiaye)
Nous Sénégalais, sommes parfois amnésiques. Oui nous oublions trop vite nos peines et nous ne tirons pas souvent les leçons de nos expériences. Quand le bateau Diola a chaviré en emportant ces centaines de vies, tout le pays semblait être sur le qui vive. On ne voyait plus de surcharges dans les bus et les chauffeurs respectaient au mieux le code de la route. La peur avait gagné nos esprits et le drame nous hantait.
Hélas! Un, deux, trois ans... Et nous oubliâmes la tragédie et tout ce qui a pu l'occasionner. Une seule journée est devenue suffisante pour nous souvenir du drame et nous lamenter des suites données à l'affaire.
Aujourd'hui encore, voila deux années qui se sont écoulées depuis l'incendie du 03 mars 2013 qui avait emporté 9 enfants. 9 innocents qui n'ont eu comme seul tort d'être des enfants, d'être sans défense et d'être... des talibés. Ces enfants étaient enfermés à l'intérieur et ils n'ont ainsi pas pu être sauvés des flammes. Une triste fin pour des innocents. Une terrible soirée pour le Sénégal.
Que d'encre a coulé, que de larmes versées. Une valse de personnalités avec des discours et des promesses aussi prometteuses les une que les autres.... L'on pouvait croire que cette tragédie signait la fin du calvaire des talibés. Au plus haut sommet de l'Etat, l'on nous avait promis que plus jamais une telle situation ne se reproduirait. L'on nous avait promis un assainissement du secteur des daaras et l'on nous avait enfin promis la fermeture de tous ces taudis où les enfants étaient maltraités et exploités en utilisant l'islam qui n'a dit nulle part que pour acquérir la foi il faut être torturé.
Nous voila deux ans après et RIEN n'a été fait. Silence totale. Après une tentative, l'Etat s'est heurté aux pseudos défenseurs des daaras et a manqué de courage. Son projet de modernisation, loin de convaincre les acteurs concernés, a besoin d’être revisité. Ayant d’autres chats à fouetter, l’Etat a ainsi préféré se courber et fermer les yeux. Les organisations des droits de l'homme ont trouvé d'autres priorités et le peuple a tout simplement oublié. Depuis rien n'est fait, les enfants continuent d'être torturés, d'être jetés dans les rues jusqu'à des heures tardives, d'être exposés à toutes les tares de la société. Avec un tel silence, NOUS SOMMES TOUS COUPABLES.
Aminata Ndiaye
ndiayaminata@gmail.com
Mardi 3 Mars 2015




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