"Nous n'allons pas rester les bras croisés": inquiets de leur possible dissolution par la junte au pouvoir, les partis politiques maliens élèvent la voix malgré la répression des voix dissidentes et la réduction de l'espace civique.
Les militaires au pouvoir ont annoncé mercredi soir l'abrogation de la charte des partis politiques qui fixe leur fonctionnement et leur création. Un nouveau pas vers une éventuelle dissolution des partis, estiment des juristes interrogés par l'AFP.
"Au Mali, nous avons lutté pour obtenir la démocratie et nous n'allons pas rester les bras croisés", prévient Oumar Mariko, opposant politique malien en exil.
La décision des autorités a été annoncée au lendemain d'une concertation nationale organisée par la junte à Bamako, et qui a préconisé la dissolution des partis et le durcissement des règles présidant à leur création.
- "Pilule amère" -
Cette rencontre, marquée par la présence des soutiens du régime mais boycottée par la plupart des formations politiques, a également proposé la proclamation sans élection cette année du chef de la junte, le général Assimi Goïta, comme président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable.
"Les masques tombent. Il est évident que les militaires entendent rester au pouvoir. Pour eux la démocratie est une pilule amère", poursuit M. Mariko.
Depuis le double coup d'Etat qui a porté les militaires au pouvoir en 2020 et 2021, l'opposition a été réduite à l'impuissance par des mesures coercitives, des mises en cause judiciaires, des dissolutions d'organisations et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour de la junte dans un pays confronté depuis 2012 au jihadisme.
Mais depuis quelques semaines, une centaine de partis politiques maliens se sont réunis dans une coalition pour faire face à la volonté manifeste de la junte de les dissoudre.
Lors d'une rare prise de position publique, la coalition s'est réunie samedi dernier à Bamako pour accuser publiquement les autorités de vouloir leur dissolution.
Ce rassemblement, exceptionnel au Mali sous la junte, a été surveillé par un important dispositif policier.
Plusieurs hommes politiques ont annoncé la tenue dimanche prochain à Bamako d'une conférence de presse de "mobilisation générale" pour "la défense et la sauvegarde des acquis démocratiques au Mali".
"Nous allons nous battre. Les partis politiques et les associations vont faire en sorte que se constitue un front de contestation", a assuré à l'AFP Paul Ismaël Boro, président du Rassemblement pour le Mali(Rama).
- "Consolidation du pouvoir militaire" -
Le multipartisme, ainsi que les libertés d'expression et d'association, ont été consacrés au Mali par la Constitution de 1992, année de la démocratisation.
La junte a promulgué en 2023 une nouvelle Constitution qui consacre les mêmes principes.
Mais "aujourd'hui, on a une remise en cause de l'esprit de cette Constitution par des consultations qui sont, de fait, contrôlées, orientées par le pouvoir en place", explique à l'AFP Gilles Yabi, fondateur du groupe de réflexion ouest-africain Wathi.
"Si les autorités veulent être en violation totale de cette même Constitution, alors nous serons en droit de ne pas reconnaître le pouvoir actuel et d'exiger le départ du Président de la transition", prévient Boukary Dicko, du parti Yelema.
"Au Mali, on est entré dans une nouvelle phase de consolidation du pouvoir militaire, comme c'est le cas au niveau de tous les régimes militaires au Sahel", estime Gilles Yabi.
Le Mali et ses voisins du Niger et du Burkina Faso sont dirigés par des juntes militaires arrivés au pouvoir entre 2020 et 2023, qui se sont associés au sein d'une Alliance des Etats du Sahel (AES).
Des organisations de défense des droits humains accusent les trois régimes de réprimer les voix dissidentes au nom de la guerre contre les jihadistes.
En dépit des risques de représailles, la classe politique malienne hausse le ton pour ne pas disparaître de l'espace publique comme au Burkina et au Niger.
"C'est d'une part liée à l'histoire politique de chacun de ces pays, mais aussi à la dureté des trois régimes (militaires), qui sont tous durs, mais selon des modalités différentes", précise Gilles Yabi.
Si la junte malienne adopte les recommandations des concertations "nationales", qui actent la dissolution des partis politiques, la classe politique entend faire des recours devant la cour constitutionnelle.
"Si par hasard la cour constitutionnelle ferme les yeux, alors nous n'aurions plus le choix que d'exiger la dissolution de cette cour", annonce Boukary Dicko du parti Yelema.
Les militaires au pouvoir ont annoncé mercredi soir l'abrogation de la charte des partis politiques qui fixe leur fonctionnement et leur création. Un nouveau pas vers une éventuelle dissolution des partis, estiment des juristes interrogés par l'AFP.
"Au Mali, nous avons lutté pour obtenir la démocratie et nous n'allons pas rester les bras croisés", prévient Oumar Mariko, opposant politique malien en exil.
La décision des autorités a été annoncée au lendemain d'une concertation nationale organisée par la junte à Bamako, et qui a préconisé la dissolution des partis et le durcissement des règles présidant à leur création.
- "Pilule amère" -
Cette rencontre, marquée par la présence des soutiens du régime mais boycottée par la plupart des formations politiques, a également proposé la proclamation sans élection cette année du chef de la junte, le général Assimi Goïta, comme président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable.
"Les masques tombent. Il est évident que les militaires entendent rester au pouvoir. Pour eux la démocratie est une pilule amère", poursuit M. Mariko.
Depuis le double coup d'Etat qui a porté les militaires au pouvoir en 2020 et 2021, l'opposition a été réduite à l'impuissance par des mesures coercitives, des mises en cause judiciaires, des dissolutions d'organisations et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour de la junte dans un pays confronté depuis 2012 au jihadisme.
Mais depuis quelques semaines, une centaine de partis politiques maliens se sont réunis dans une coalition pour faire face à la volonté manifeste de la junte de les dissoudre.
Lors d'une rare prise de position publique, la coalition s'est réunie samedi dernier à Bamako pour accuser publiquement les autorités de vouloir leur dissolution.
Ce rassemblement, exceptionnel au Mali sous la junte, a été surveillé par un important dispositif policier.
Plusieurs hommes politiques ont annoncé la tenue dimanche prochain à Bamako d'une conférence de presse de "mobilisation générale" pour "la défense et la sauvegarde des acquis démocratiques au Mali".
"Nous allons nous battre. Les partis politiques et les associations vont faire en sorte que se constitue un front de contestation", a assuré à l'AFP Paul Ismaël Boro, président du Rassemblement pour le Mali(Rama).
- "Consolidation du pouvoir militaire" -
Le multipartisme, ainsi que les libertés d'expression et d'association, ont été consacrés au Mali par la Constitution de 1992, année de la démocratisation.
La junte a promulgué en 2023 une nouvelle Constitution qui consacre les mêmes principes.
Mais "aujourd'hui, on a une remise en cause de l'esprit de cette Constitution par des consultations qui sont, de fait, contrôlées, orientées par le pouvoir en place", explique à l'AFP Gilles Yabi, fondateur du groupe de réflexion ouest-africain Wathi.
"Si les autorités veulent être en violation totale de cette même Constitution, alors nous serons en droit de ne pas reconnaître le pouvoir actuel et d'exiger le départ du Président de la transition", prévient Boukary Dicko, du parti Yelema.
"Au Mali, on est entré dans une nouvelle phase de consolidation du pouvoir militaire, comme c'est le cas au niveau de tous les régimes militaires au Sahel", estime Gilles Yabi.
Le Mali et ses voisins du Niger et du Burkina Faso sont dirigés par des juntes militaires arrivés au pouvoir entre 2020 et 2023, qui se sont associés au sein d'une Alliance des Etats du Sahel (AES).
Des organisations de défense des droits humains accusent les trois régimes de réprimer les voix dissidentes au nom de la guerre contre les jihadistes.
En dépit des risques de représailles, la classe politique malienne hausse le ton pour ne pas disparaître de l'espace publique comme au Burkina et au Niger.
"C'est d'une part liée à l'histoire politique de chacun de ces pays, mais aussi à la dureté des trois régimes (militaires), qui sont tous durs, mais selon des modalités différentes", précise Gilles Yabi.
Si la junte malienne adopte les recommandations des concertations "nationales", qui actent la dissolution des partis politiques, la classe politique entend faire des recours devant la cour constitutionnelle.
"Si par hasard la cour constitutionnelle ferme les yeux, alors nous n'aurions plus le choix que d'exiger la dissolution de cette cour", annonce Boukary Dicko du parti Yelema.
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