Au Sahel, les groupes jihadistes s'arment principalement avec des armes locales (rapport)


La violence jihadiste qui ravage le Sahel est notamment alimentée par des armes de la région, elles-mêmes saisies lors de raids contre les forces armées nationales, indique une étude publiée mardi par Conflict Armament Research (CAR).

L'organisation britannique de recherches a analysé des armes saisies auprès de groupes islamistes opérant dans deux importants foyers des violences jihadistes au Sahel: la zone dite des "trois frontières" (Burkina Faso, Mali, Niger) et le bassin du lac Tchad (Niger, Tchad, Nigeria).

Sur 726 armes saisies entre 2014 et 2023, sur 5.890 armes répertoriées par les enquêteurs, environ 20% proviennent directement des stocks des armées nationales sahéliennes, selon les conclusions de CAR.

Un chiffre probablement sous-estimé selon Léo Jarry, co-auteur du rapport qui souligne que les armes pillées lors de raids jihadistes contre les armées sahéliennes restent leur principale source d'approvisionnement.

Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe) et l'Etat islamique au Sahel (EIS) sont les deux groupes jihadistes les plus influents au Sahel.

Malgré qu'ils soient affiliés respectivement aux organisations jihadistes internationales Al-Qaïda et à l’État islamique, "il ne semble cependant pas y avoir de preuves que ces groupes puissent accéder directement à des armes en dehors du Sahel central", indiquent les chercheurs de CAR.

"Ce sont des acteurs très locaux et très opportunistes. Et, parce qu'ils sont efficaces, ils sont reconnus au niveau central d'Al-Qaïda et de l'Etat islamique", précise à l'AFP Léo Jarry.

"Plus ils saisissent des armes, plus ils attaquent des avant-postes (des armées), puis leur capacité à continuer de le faire augmente de façon exponentielle", détaille Matthew Steadman, co-auteur de l'étude qui souligne un "cercle vicieux."

Autre source d'approvisionnement des jihadistes: les "armes héritées" de conflits antérieurs qui ont fait du Sahel un magasin d'armes à ciel ouvert après la guerre en Libye et des années de rebellions, selon le rapport.

Au-delà des armes d'assaut et d'artillerie saisies lors d'attaques contre les armées nationales, les groupes jihadistes sahéliens s'orientent de plus en plus vers l'utilisation militaire de drones civils.

Les jihadistes transforment désormais ces petits appareils en y ajoutant une charge explosive, qu'ils lancent contre des positions militaires, comme en mars contre des troupes camerounaises déployées dans des opérations antijihadistes à Wulgo, au Nigeria.

L'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP selon son acronyme anglais), a revendiqué l'attaque qui a fait 25 militaires camerounais tués, selon des sources locales à l'AFP. L'armée camerounaise a reconnu 12 morts.

Après l'attaque, l'ISWAP a publié des images d'armes saisies, dont des drones camerounais, une saisie lui permettant de remplacer l'appareil perdu dans le raid.
Mardi 29 Avril 2025
Dakaractu



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