Le collectif des habitants de Hann–Maristes a tiré ce samedi la sonnette d’alarme face à « une situation d’une extrême gravité » : l’accaparement et la bétonisation de la dernière réserve foncière du quartier, communément appelée bande d’Aouzou, un espace de 8 hectares situé entre l’autoroute et les immeubles Espaces Résidences.
Selon Aliou Diakhaté, président du collectif, cette bande de terre n’a rien d’un terrain vague. Elle figure depuis 1994 dans le plan de lotissement de la SCAT Urbam comme espace réservé à des infrastructures routières et à des équipements publics destinés à accompagner le développement urbain des Maristes.
Les habitants affirment mener depuis 2013 une lutte continue contre les morcellements et constructions irrégulières sur cette zone stratégique. Les premiers signalements avaient été adressés à la mairie et à la DSCOS, suivis de plaintes déposées auprès de la DSCOS et de l’OFNAC en 2014.
En 2016, des premières démolitions sont opérées sur la base d’un arrêté municipal, confirmant l’absence d’autorisations ou de titres valables pour les occupants. Une nouvelle opération de démolition menée en 2020 par la DSCOS avait été interrompue sans explication.
Les démarches du collectif aboutissent toutefois en 2021 au classement de la bande d’Aouzou en zone d’utilité publique par le décret présidentiel 2021-859, au nom des besoins de mobilité urbaine de Dakar.
Malgré les restrictions, les habitants dénoncent la reprise, en février 2025, de travaux privés menés par la société Keur Maty Sarr, visant à ériger deux immeubles jumeaux sur le site. Alertée, la DSCOS avait temporairement arrêté les travaux et auditionné les responsables du chantier, mais les constructions ont repris dès le lendemain, brandissant une décision de la Cour suprême.
Le collectif regrette une décision « rendue sans tenir compte du décret d’utilité publique », qui met en péril les projets d’intérêt général destinés au quartier : écoles, postes de santé, cases des tout-petits, espaces verts, terrains de sport, stations de transport et autres infrastructures essentielles.
Les habitants exigent :
* l’application stricte du décret 2021-859 ;
* l’arrêt immédiat de toutes les constructions privées ;
* l’affectation exclusive de la bande d’Aouzou à des équipements publics.
Ils appellent les autorités étatiques et municipales à « agir sans délai » et invitent les populations à la vigilance et les médias à relayer leur lutte.
Enfin, Aliou Diakhaté rappelle que ce dossier dépasse les intérêts particuliers car, « ce combat est celui de la justice, de la transparence et de la préservation du patrimoine commun. »
Autres articles
-
Cartes falsifiées, comptes détournés : la SR dynamite un réseau de cyber-escrocs à Dakar
-
Mafia des faux dossiers : comment la SR a démantelé un réseau qui siphonnait l’Anaser
-
Saint-Louis : Le Forum Civil et ses partenaires se mobilisent pour une gestion transparente des ressources extractives
-
Tentative de putsch au Bénin: le bloc ouest-africain de la Cedeao annonce déployer des militaires
-
Commémoration des "martyrs" 2021-2024 : Ousmane Sonko exige une réforme systémique de la justice et le limogeage des magistrats "complotistes"



