Faux Sénégalais à Rosso : deux Guinéens épinglés avec de vrais papiers sénégalais obtenus sous de fausses identités


Un double coup de filet vient d’être réalisé par le Commissariat spécial de Rosso, révélant l’ampleur inquiétante de la fraude documentaire dans le contexte de la lutte contre l’immigration irrégulière. Deux ressortissants guinéens ont été appréhendés, chacun détenteur de documents sénégalais authentiques, mais obtenus sur la base de fausses identités et de déclarations frauduleuses.
 

 Premier cas : un « Lamarana Diallo » aux identités multiples

 
 
Le 26 novembre, un ressortissant guinéen a été mis à la disposition de l’antenne de la DNIT/Rosso.
Il détenait une carte nationale d’identité biométrique sénégalaise (N°1.2011995.02885) au nom de Lamarana Diallo, né le 15 décembre 1995 à Richard-Toll, ainsi qu’un extrait de naissance assorti.
 
 

 Mais sa véritable identité tombe rapidement

 
 
Une fouille minutieuse de son classeur révèle une seconde identité :
 
  • Un acte de naissance guinéen (N°186, registre 02, année 2016) au nom de Ramadane Diallo, né le 15/12/2000 à Labha.
  • Une carte consulaire au nom du même « Lamarana Diallo ».
 
 
Interrogé sur sa vraie identité, il finit par déclarer se nommer Mamadou Lamarana Diallo, né le 03 février 1993 à Labha.
 
 

 Un parcours religieux utilisé comme prétexte

 
 
Il explique avoir dû obtenir en 2000 un nouvel acte de naissance en Guinée afin de poursuivre ses études coraniques en Mauritanie.
Plus tard, arrivé au Sénégal en 2010, il affirme avoir appris le Coran entre Dakar, Saint-Louis et Richard-Toll.
 
C’est à Richard-Toll qu’il aurait obtenu son extrait de naissance sénégalais pour 5 000 FCFA, permettant ensuite l’émission d’une carte d’identité nationale.
 

 L’acte de naissance était… inexistant

 
 
Une réquisition adressée à l’officier d’état civil de Richard-Toll confirme que l’acte n’a jamais existé.
Le document est donc un faux établi par un agent et un officier désormais introuvables.
Les recherches pour retrouver ces agents “fantômes” sont en cours.
 

 Second cas : un « Algassimou Diallo » qui ne comprend pas sa propre histoire

 
 
Le même jour, l’antenne de la DNIT a déféré au parquet de Saint-Louis un autre suspect, présenté initialement comme Algassimou Diallo, titulaire d’un récépissé de carte nationale sénégalaise (N°1.162.2024.00116).

 Son identité ne tient pas debout
 
 
Questionné sur sa localité d’origine, la langue de son village et ses documents, il peine à répondre.
Invité à fournir son certificat de nationalité, les incohérences éclatent :
 

  • Sa « mère », Mariama Ba, est née en 1992,
  • Lui serait né en 2006…
    Ce qui ferait d’elle une mère à 14 ans, hautement improbable.
 
 
Acculé, il avoue finalement :
 

 Il s’appelle en réalité Amadou Tidiane Diallo,

 Né en 2001 à Mali Yemberin (Guinée),

 Et non à Sédhiou comme l’indiquent les documents obtenus via un jugement du tribunal de Sédhiou (N°1600/13 septembre 2024).
 
Il reconnaît avoir versé 25 000 FCFA à son oncle, lequel aurait organisé la fabrication de faux parents, de fausses déclarations et tous les éléments nécessaires pour lui fournir des documents légaux sénégalais.
Les recherches pour retrouver cet oncle sont également en cours.
 

 Une filière de fraude encore active

 
 
Ces deux interpellations mettent en lumière l’existence probable d’une filière de faussaires opérant entre :
 
  • la Guinée,
  • des relais au Sénégal,
  • des complicités dans certains centres d’état civil.
 
 
Les enquêteurs sont désormais concentrés sur l’identification et l’arrestation des intermédiaires, agents corrompus et fournisseurs de faux documents, indispensable pour démanteler l’ensemble du réseau.
Lundi 8 Décembre 2025
Dakaractu



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