L'homme qui caressait les plus beaux visages du monde (VIDEO)


Dimanche après-midi, suite L'Oréal, au dernier étage du prestigieux hôtel Martinez sur la Croisette. La pluie s'écrasait sur les grandes baies vitrées, la terrasse était vide et détrempée. Karim Rahman profitait de ce jour tranquille, en milieu de parcours, et préparait déjà son départ. A l'heure où l'on écrit ces lignes, le maquilleur star de L'Oréal a déjà plié bagages, remplacé par une nouvelle équipe de make-up artists comme on les appelle dans le milieu.

Durant toute la première semaine de l'événement, Karim a caressé de ses pinceaux les plus visages du monde: Eva Longoria, Jane Fonda, Freida Pinto, Barbara Palvin... La grosse tendance, cette année, sur le tapis rouge cannois, c'est le mystère. "On présente la collection L'or électrique, inspiré des années 80, des années Studio 54", nous expliquait-il. "Il y a un rapport très intense entre la couleur et la luminosité. L'un ne va pas sans l'autre. Ca crée beaucoup de mystère. On va appliquer un rouge à lèvres ou un fard à paupières et en fonction de la lumière, on va avoir un rendu couleur différent. J'aime aussi l'idée qu'on peut travailler sans rupture de couleurs. On évite le colorblock en fait, qui était la tendance il y a quelques temps."

Cette année, peut-être plus que les autres, on constate que l'ongle a désormais son importance dans un look de tapis rouge. "Le vernis à ongle est devenu un véritable accessoire", opine Karim. "Ce qui est intéressant, c'est qu'on peut soit l'associer au rouge à lèvres, soit le travailler avec un dégradé ou alors le décaler complètement. Aujourd'hui, l'ongle, c'est l'accessoire de mode, comme on assortirait son sac à main à sa tenue." Karim nous confie au passage qu'il rêve d'un vernis à ongles "effet miroir", au-delà du shiny et du perlé, "un truc chromé dans lequel on puisse se regarder et retoucher son rouge à lèvres."

Cette année, à l'occasion des 15 ans de collaboration entre L'Oréal et le Festival de Cannes, les égéries étaient plus nombreuses encore que les éditions précédentes. Karim confie un coup de coeur pour Jane Fonda, "son énergie, sa sensualité, son humour, le fait qu'elle parle français."

Mais peut-on maquiller Jane Fonda, habituée des tapis rouges depuis plusieurs dizaines d'années, comme on maquille la dernière des égéries L'Oréal, la toute jeune Barbara Palvin?

"C'est le même plaisir mais pas la même approche. On ose moins avec Jane Fonda: on respecte ce qu'elle est, elle se connaît bien. On a toujours une marge de manoeuvre, une couleur, une texture, une association de couleurs différentes et subtiles. Mais par exemple, je pourrais appliquer le rouge à lèvres corail de la collection L'or L'or L'or sur Jane Fonda et sur Barbara Palvin mais pas de la même manière. Sur Jane Fonda, je l'appliquerais au doigt en tapotant, pour donner un fond de couleur, alors que sur Barbara Palvin, je peux surperposer les couches et le rendre plus électrique. Mais attention, les jeunes s'y connaissent bien aussi, elles ont déjà une certaine idée du maquillage."

Barbara Palvin, justement, 18 ans à peine, lui a fait confiance pour sa première montée des marches. Et elle a bien fait. "Elle avait envie d'un truc frais, pas trop lourd, elle m'a fait confiance. J'ai mis beaucoup de mascara pour le côté féminin et red carpet: le regard doit être intense. Je lui ai posé un trait d'eyeliner décalé, dans le creux de la paupière et légèrement décalé à la racine des cils. Ca m'est venu au dernier moment. Je suis assez fier de mon coup."

Il y a des égéries plus rock'n'roll que d'autres. "Avec Barbara, Natasha Poly, on peut aller très loin. Sur Jennifer Lopez aussi, on peut faire plein de choses. En fait, j'ai l'impression que c'est plus facile sur les mannequins. Elles ont plus l'habitude d'incarner la toile blanche d'un directeur artistique, d'un photographe, d'un styliste, d'une idée éditoriale et le lendemain, elle passe à autre chose. Les actrices incarnent des personnages pendant plusieurs mois ou même plusieurs années comme Eva Longoria pour Desperate Housewives. Il y a donc quelque chose de plus simple dans le fait d'oser chez les mannequins."

Karim en tout cas exerce un métier très exclusif. Il est un peu dans le secret des plus belles femmes du monde: il est bien l'un des seuls à les voir au naturel. "Elles sont belles comme ça, croyez moi. Je n'aime d'ailleurs pas les camoufler derrière le maquillage. J'aime relever, révéler un détail, mettre l'accent sur un point ou l'autre. Je n'ai pas la prétention de les rendre plus belles qu'elles ne le sont déjà."

Lundi 21 Mai 2012
7sur7.be




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