Indice de fragilité politique : le spectre Février 2024


L’Afrique, le continent le plus pauvre avec moins de 6% du PIB mondial  et 600 millions de pauvres connaîtra six élections  présidentielles en 2023, avec le Nigeria heureusement sans heurts, la Sierra Leone en juin, le Liberia en octobre, Madagascar en novembre, la République Démocratique du Congo en décembre et enfin le Gabon, au second semestre. Des échéances parfois incertaines, souvent tendues, et même critiques dans les pays qui n'offrent guère d'alternance pacifique. Le FMI, la Banque Mondiale et bientôt le BAD commencent à ajuster à la baisse les perspectives de croissance sur tout le continent et pour cause l’instabilité, la vulnerabilite et la  fragilité politique et institutionnelle à l’orée des échéances électorales sur le continent.

Alors que le continent est  durement éprouvé par la covid – 19, la guerre russo- ukrainienne, les changements climatiques et le cours défavorables des matières premières et produits de base, c’est le facteur politique qui vient s’ajouter sur les perspectives de croissance  trop  modérée voire nulle  que l’on estime  à  2,7% en 2022,  2,4% en 2023, après un rebond de 5,1% en 2021 – selon  de la CNUCED. La pauvreté ne régresse plus en Afrique ; elle s’amplifie et se diffuse même  via les migrations à l’intérieur même du continent  des populations en errance .  

Au Sénégal, le FMI sonne déjà l’alerte, l’année 2023 ne sera pas l’année de la croissance à deux chiffres, de 10,1% de croissance du PIB projetée en anticipations recettes pétrolières et gazières, nous pouvons espérer environ 8% même si les cours actuels de pétrole et du gaz baissent.  Le secteur agricole qui emploie 60% de la force de travail non urbain, contribue pour moins de 20% au PIB  avec le secteur industriel   moins de 23%  connaissent des contre – performances et une baisse inquiétante de productivité.  Le tertiaire avec le secteur informel hypertrophié  supportent la croissance du PIB au Sénégal.

Le Sénégal, pays de loin le plus stable en Afrique au Sud du Sahara ;  a jusqu’ici été épargné par les violences qui secouent la région, mais les agissements des groupes terroristes dans les pays voisins et le trafic transfrontalier risquent d’alimenter l’instabilité.
Les élections législatives du 31 juillet 2022 ont créé une situation inédite au Sénégal avec une assemblée nationale sans majorité absolue et une opposition qui a progressé capitalisant sur les   frustrations liées au chômage des jeunes, à la baisse du pouvoir d’achat, aux réformes ajournées,   et une croissance atone  ne bénéficiant pas également à tous.

Une bonne partie de la croissance ne profite qu’aux entreprises étrangères qui financent et exécutent les grands chantiers d’infrastructure  pour  rapatrier aussitôt les  bénéfices et profits à  travers la convertibilité Fcfa -  Euro et un secteur financier qu’elles dominent,  laissant le poids de l’endettement massif étrangler les sénégalais qui ne peuvent même plus payer un loyer décent à dakar.

Aujourd’hui sans dialogue politique sincère et l’espoir d’un retour aux conclusion des assises nationales pour des pouvoirs plus équilibrés c’est la stabilité fragile du pays  qui est mise à rude épreuve par une opposition politique ragaillardie par le rajeunissement de la population électorale et    très jeune  leader symbole  d’une nouvelle classe politique  décomplexée.

Cette  nouvelle donne va impacter le risque politique et social  inhérent sur fond de de fragilité institutionnelle dans un pays qui dépend de l’extérieur pour 95% de ses investissements directs et indirects. Que pense la COFACE ou les multiples agences de notation de la situation politique du Sénégal. La propension est presque acquise que les tensions politiques persistantes à Dakar affectent les décideurs et  investisseurs malgré le renouveau économique porté par nos hydrocarbures.  Le régime en place à tout intérêt à calmer le jeu politique. l'opposition surfe sur le chômage massif des jeunes et l'extrême pauvreté urbaine sur fond de croissance économique extravertie.

 Récession économique et plébiscite électoral ne riment jamais.



Moustapha DIAKHATE
Ex CS Premier Ministre

Consultant et Expert Infrastructures
Vendredi 17 Mars 2023
Dakaractu




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