Au Liberia, Ellen Johnson Sirleaf exclue de son parti

La présidente sortante est accusée de ne pas avoir fait campagne pour son vice-président Joseph Boakai, battu par George Weah le 26 décembre 2017.


Le parti au pouvoir au Liberia a annoncé, dimanche 14 janvier, l’exclusion de la présidente sortante Ellen Johnson Sirleaf. Il lui reproche de ne pas avoir fait campagne pour son vice-président Joseph Boakai, battu par George Weah au second tour le 26 décembre 2017. Mme Sirleaf, 79 ans, qui cédera le pouvoir le 22 janvier, ne pouvait se représenter, après deux mandats consécutifs de six ans. George Weah, sénateur et légende du football, l’a emporté sur Joseph Boakai par 61,5 % des voix contre 38,5 %.

Le comité exécutif du Parti de l’unité, la formation de M. Boakai et Mme Sirleaf, première femme élue à la tête d’un Etat africain, a « voté l’exclusion » de cette dernière, ainsi que de trois autres de ses dirigeants, selon le communiqué. Leur sont reprochées « des violations de la Constitution du parti », imposant notamment à ses membres de « faire campagne aux élections pour le candidat du Parti de l’unité », ainsi que « d’autres actions attentatoires à l’existence ou la réputation » de cette formation. « Le comportement des personnes exclues constitue également un sabotage et a nui à l’existence du parti », selon le texte.

Corruption et népotisme

M. Boakai, perçu comme l’héritier naturel d’Ellen Johnson Sirleaf, avec laquelle il a été élu puis réélu sur un « ticket » présidentiel, a pris ses distances avec la Prix Nobel de la paix 2011, qui n’est pas apparue dans sa campagne. Les commentateurs politiques estiment que M. Boakai lui-même a cherché à se démarquer de la partie la plus contestée du bilan de l’administration sortante, notamment les difficultés économiques vécues par la grande majorité des Libériens et les accusations de corruption, voire de népotisme.

Le candidat arrivé troisième lors du premier tour, le 10 octobre, Charles Brumskine, et M. Boakai ont accusé la présidente d’avoir pesé sur les résultats, notamment en rencontrant à son domicile des responsables de la commission électorale quelques jours avant le vote.

Cible de violentes critiques, y compris au sein de son propre parti, Mme Sirleaf, avait estimé le 7 novembre que « la démocratie était attaquée » au Liberia, exhortant la classe politique à se ressaisir, dans une déclaration lue à la radio.

« Les allégations, le discours de haine, le langage rétrograde, ont caractérisé ce qui devrait être un moment de fierté dans notre histoire », avait-elle déploré lors de la première transition entre deux présidents élus dans ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis plus de soixante-dix ans.

 
Lundi 15 Janvier 2018




Dans la même rubrique :