Nouvelle audition de l'opposant congolais Moïse Katumbi, soutenu par des milliers de partisans

Alors que l’opposant et candidat à la présidentielle Moïse Katumbi doit être entendu pour la troisième fois par la justice congolaise vendredi, des milliers de partisans aux abords du tribunal, à Lubumbashi, sont refoulés par les forces de l'ordre.


Troisième audition en une semaine. Moïse Katumbi, opposant et candidat déclaré à l’élection présidentielle de République démocratique du Congo, est de nouveau convoqué par la justice, à Lubumbashi. Un magistrat du parquet doit l’entendre, vendredi 13 mai, dans le cadre d’une enquête le visant pour "recrutement de mercenaires", des faits qu’il nie en bloc.

Cette nouvelle audition, à l'instar des deux précédentes, les 9 et 11 mai, a donné lieu à un rassemblement de plusieurs milliers de partisans de l'ancien gouverneur aux abords du palais de justice de Lubumbashi. La police, rapporte un journaliste de l'AFP, a tiré des gaz lacrimogènes sur la foule tandis qu'à l'intérieur les agents s'employaient à chasser des dizaines d'avocats arrivés depuis plusieurs heures et affirmant vouloir "plaider pro deo" (gratuitement) pour M. Katumbi.
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La France fait pression sur le président Joseph Kabila

Les autorités congolaises ont annoncé le 4 mai l'ouverture d'une enquête contre Moïse Katumbi. Fin avril, quatre de ses gardes du corps ont été arrêtés, parmi lesquels l’Américain Darryl Lewis, accusé de s'être fait passer pour un expert agricole alors qu'il est en fait "consultant en sécurité" envoyé à Lubumbashi afin d'analyser le dispositif de protection privée de Moïse Katumbi.

Mardi, le célèbre avocat pénaliste français Éric Dupond-Moretti a annoncé avoir rejoint l'équipe de défense. De France, il doit "aider à faire pression pour internationaliser la procédure" et assurer "une surveillance du bon déroulement" de celle-ci.

Ancien gouverneur de l'ex-province du Katanga, le populaire Moïse Katumbi a qualifié de "mensonges grotesques" les accusations portées contre lui et a dénoncé une instrumentalisation de la justice destinée à lui "nuire" et à le mettre hors-jeu politiquement.

Pendant ce temps-là, la France fait pression sur le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2011, pour que la présidentielle soit organisée comme prévu en novembre. Un arrêt de la Cour constitutionnelle, cette semaine, a en effet autorisé le chef de l’État – à qui la Constitution interdit de se représenter – à rester au pouvoir si le scrutin était reporté, ce qui est très probable.



"La priorité doit aller à la préparation active et de bonne foi des élections, seule source de légitimité populaire", a réagi jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal. "Il appartient aux autorités congolaises d'assumer leurs responsabilités à cet égard", a-t-il souligné en déplorant "la dégradation de l'environnement politique et sécuritaire" dans ce pays.

L'opposition fulmine

Plusieurs dirigeants de la majorité réclament depuis plusieurs mois une "transition" de deux à quatre ans pour organiser de "bonnes élections", arguant d'obstacles logistiques et financiers à la tenue de l'élection dans les temps.

De son côté, l’opposition fulmine. "La cour n'a pas compétence de violer la Constitution (...) si jusqu'au 19 décembre il n'y a pas élections, le 20 décembre si M. Kabila reste, il sera considéré comme un putschiste, et nous le traiterons comme tel", a déclaré à l'AFP Eve Bazaïba, secrétaire-générale du Mouvement de libération du Congo (MLC), deuxième force d'opposition à l'Assemblée nationale.

"La France appelle également au respect de l'État de droit afin qu'un débat serein s'engage dans la perspective des élections", a ajouté le porte-parole du Quai d'Orsay.
Vendredi 13 Mai 2016




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