L'OMS déclare que le virus Zika est une urgence de santé publique de portée internationale

Le virus Zika, soupçonné d'être responsable d'une hausse fulgurante de microcéphalies constatée au Brésil, doit désormais être considéré comme une « urgence de santé publique de portée internationale », a décidé lundi l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au terme d'une réunion de son comité d'urgence.


L'OMS déclare que le virus Zika est une urgence de santé publique de portée internationale

Huit experts et hauts responsables de l'OMS et douze représentants des États membres, dont le Brésil, ont participé aux discussions qui ont mené à cette décision. Leur réunion avait été décidée par la directrice de l'OMS, Margaret Chan.

L'OMS a fait savoir la semaine dernière que le virus se propage « de manière explosive »  dans la région des Amériques. De 3 à 4 millions de personnes pourraient être infectées en 2016, selon elle.

Malgré cette décision, l'OMS affirme qu'il n'y a aucune justification pour imposer des interdictions de voyage ou de commerce dans les zones affectées par le Zika jusqu'à nouvel ordre.

De telles recommandations sont délicates; en 2003, l'avertissement contre les voyages à Toronto lors de l'épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) avait choqué le gouvernement ontarien.

L'enjeu était important pour l'OMS. En 2014, elle avait été critiquée pour avoir trop tardé à réagir dans le dossier de l'épidémie d'Ebola, qui touchait plusieurs pays d'Afrique. C'était d'ailleurs la dernière fois qu'une épidémie avait été déclarée « urgence de santé publique de portée internationale ».
Une Brésilienne tient son bébé, qui souffre de microcéphalie, lors d'un exercice visant à assurer le développement correct de sa vision.

Une Brésilienne tient son bébé, qui souffre de microcéphalie, lors d'un exercice visant à assurer le développement correct de sa vision. Photo : Ueslei Marcelino/Reuters

Une alerte venue du Brésil

Le virus Zika était considéré comme relativement bénin jusqu'à tout récemment. Il se traduit par de la fièvre, des irritations de la peau, des douleurs articulaires ou des conjonctivites chez environ 20 % des personnes qui le contractent.

La situation a cependant changé lorsque le Brésil a sonné l'alarme en octobre en raison du nombre anormalement élevé de microcéphalies constaté dans le nord-est du pays.

Le Brésil recense maintenant plus de 3700 cas confirmés ou soupçonnés de cette malformation congénitale dont souffrent les enfants nés avec une tête et un cerveau anormalement petits. Seuls 147 cas avaient été signalés en 2014.

L'OMS soupçonne aussi que le virus explique une hausse de cas de syndrome de Guillain-Barré, une maladie qui s'attaque au système nerveux et qui peut engendrer une paralysie.

« La relation de cause à effet entre l'infection au virus Zika et les malformations congénitales ou les syndromes neurologiques n'a pas été établie, mais la suspicion est forte », a confirmé l'OMS la semaine dernière.

Outre le Brésil, la Colombie, le Salvador, l'Équateur, la Jamaïque et Porto Rico ont d'ores et déjà recommandé aux femmes d'éviter toute grossesse  tant que l'épidémie ne sera pas enrayée.
Au Brésil, 220 000 militaires parcourent le pays pour informer la population et tenter d'éradiquer les sources d'eau stagnante.

Au Brésil, 220 000 militaires parcourent le pays pour informer la population et tenter d'éradiquer les sources d'eau stagnante. Photo : Mario Tama

Les pays du nord protégés par leur climat

En Europe et en Amérique du Nord, des dizaines de cas d'infections ont été signalés, mais ils concernent tous des personnes revenant de vacances ou de voyages d'affaires. Un cas de microcéphalie a été rapporté à Hawaï.

Outre les transmissions mère-foetus, le virus Zika ne se transmet pas entre humains. Il se contracte uniquement par l'intermédiaire d'une piqûre de moustique du genre Aedes aepygti ouAedes albopictus.

Ce moustique n'est pas présent au Canada, parce qu'il ne tolère pas le froid. Les cinq cas recensés au pays concernent des personnes qui ont contracté le virus à l'étranger.

L'OMS recommande aux pays touchés d'éliminer les eaux stagnantes et de convaincre leur population d'utiliser des répulsifs ou des moustiquaires pour se protéger. Au Brésil, 220 000 militaires ont été conscrits pour parcourir le pays et faire la promotion de ces moyens de prévention.

Lundi 1 Février 2016




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