MARIAGE D’HOMOSEXUELS À MBORO (PUBLIÉ EN 2008)

Le mariage de deux homosexuels sénégalais avait, il y’a quelque temps, suscité de nombreuses réactions au sein de la population, qui, unanimement, condamnait sans réserve cet affront contraire aux mœurs traditionnelles et au droit positif en vigueur au Sénégal. De l’humble citoyen aux « éminents intellectuels », des critiques acerbes avaient pullulé de toute part, qualifiant cet acte de scandaleux et de déshonorant non seulement pour ce pays, à cause de son glorieux passé religieux, mais aussi et surtout pour toutes les personnes qui jouissent encore d’un certain sens de la morale. Parmi ces « casuistes », un sociologue, et non des moindres, s’était lancé dans des élucubrations saugrenues incompréhensibles. Il s’agit du « professeur » Malick NDIAYE de l’université Cheikh Anta DIOP de Dakar.
Au cours de cette première partie, nous relèverons les contradictions relatives aux distinctions sémantiques que le « professeur » de sociologie voulût faire, à tort, à propos des notions de « goor-jigéen », de travesti et d’homosexuel.

En effet, selon le sociologue, il fallait, avant tout, éclairer la lanterne de la conscience collective sénégalaise car celle-ci souffrait d’une pathologie terminologique, confondant ainsi les notions précitées. Le « goor-jigéen » serait, dit Malick NDIAYE, un travesti et non un homosexuel. Nous n’avons pas besoin d’aller trop loin pour blâmer une telle aberration. Le travesti est généralement un homme (toute chose étant qu’il peut s’agir aussi d’une femme qui adopte des comportements reconnus socialement comme exclusifs aux hommes) de sexe mâle qui épouse des manières de faire et d’être propres aux femmes ou constatées le plus souvent au sein de la gent féminine. Il n’est pas forcément un(e) transsexuel (le) qui, lui ou elle, peut recourir à des interventions chirurgicales pour afficher sa féminité ou sa masculinité. Toutefois, un travesti, c’est-à-dire un homme affichant un caractère ou une allure efféminé, dont l’appétit sexuel serait orienté vers une personne de sexe mâle, est un homosexuel.

Pour revenir à la terminologie wolof de goor-jigéen, il faut préciser que celle-ci est polysémique. Ce mot est un vocable composé (goor = homme et jigéen = femme) signifiant littéralement « homme-femme ». Il désigne, avant toute signification érotique, sexuel, un homme qui se comporte visiblement comme une femme. Il n’est donc pas une femme. Lorsque ses attitudes calquées sur la féminité atteignent le cap extrême, c’est-à-dire celui d’une visibilité manifeste, c’est en ce moment que la société lui attribue le nom véritable de travesti, de goor-jigéen ou d’homosexuel. Et cela, qu’il entretienne ou non des rapports sexuels avec des hommes comme lui. Dans ce cas, le simple soupçon du public suffit et peut lui valoir cette appellation.
Puisque, généralement, le penchant érotique des travestis ou des goor-jigéen est orienté vers des hommes de même sexe qu’eux, puisque le sentiment féminin qu’ils ont de leur personne ne fait pas pour autant d’eux des femmes, comment peut-on, dans ce cas, oser dire qu’un goor-jigéen ou un travesti n’est pas un homosexuel. Entendre de tels propos de la bouche d’un sociologue (...partie cesurée par l'auteur lui-même à cause de son contenu jugé, avec le recul, très véhément )

La prochaine contribution que nous ferons battra encore en brèche d’autres aspects relatifs aux propos tenus par Malick NDIAYE au cours de cette sombre affaire de mariage homosexuel d’ont le dénouement judiciaire nous laisse encore perplexes. Je voudrais, toutefois, le féliciter d’avoir condamné l’union illégale de ces déviants sociaux tout en lui rappelant que je fus, grâce à lui, initié, dans mes premières études de sociologie, aux mystères de cette discipline victime aujourd’hui d’un snobisme objectiviste lancinant

« Le Sociologue Rebelle »
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