Le printemps arabe, l'été sénégalais !

Le vent du printemps arabe a soufflé jusqu'au Sénégal où deux jours après l'avènement de l'été (dans l'ordre naturel des saisons), le peuple a entamé ce que j'appelle l'été sénégalais: une révolution à l'instar de celui du monde arabe!


Le printemps arabe, l'été sénégalais !
Coupures d’électricité intempestives, inondations, chômage des jeunes, cherté de la vie… La litanie des maux dont souffre le peuple sénégalais sous le régime d’Abdoulaye Wade est loin d’être complète. Mais Wade s'entêtait à croire que le vent de révolte qui soufflait depuis Sidi Bouzid en Tunisie, en passant par la place Tahrir en Égypte et le Maroc, ne pouvait atteindre le Sénégal.
Pourtant, les signes avant-coureurs d’un printemps arabe à la sénégalaise étaient bien visibles. Les révolutions arabes se sont faites contre la dictature, la dévolution monarchique, contre la spoliation des biens de l’Etat, contre la corruption, le chômage… Le Sénégal ne pouvait être alors une exception car, presque toutes ces tares étaient déjà bien sénégalaises.
À cela s’est ajouté une démarche qui a commencé par la nomination par “maître Wade” comme l’appellent ses ministres, de son fils Karim dans un super ministère (infrastructures, de la coopération internationale, des transports aériens et de l’énergie). Et comme si cette nomination, qui avait suscité l’ire des Sénégalais ne suffisait pas, Wade-père introduit, en vue de sa réélection en février 2012, un projet de loi instituant l'élection d'un président et d'un vice-président au suffrage universel avec seulement 25% des voix, au premier tour.
Cet énième tripatouillage de la Constitution était de trop! Et du printemps arabe, que le régime pensait si loin du Sénégal, nous sommes passés à l’été sénégalais: le 23 juin, jour où le projet de loi incriminé devait être entériné, le peuple sénégalais est descendu dans la rue aux portes du Parlement, pour dire non. Jamais un projet de loi n’avait suscité autant d’indignation au Sénégal. Une indignation payante, car le même jour, il était retiré! Le peuple a eu raison de son chef d’Etat de plus en plus impopulaire au fil des jours.Cet énième tripatouillage de
Le président en a-t-il tiré quelque enseignement? Peu importe! Le “mouvement du 23 juin” est né au Sénégal, à l’instar du “mouvement du 20 février” au Maroc. Mais contrairement aux jeunes Marocains qui ne demandent que plus de démocratie, le mouvement sénégalais réclame “la tête” d’Abdoulaye Wade pour que le Sénégal recouvre comme jadis la démocratie.
L’été sénégalais a fait naître une force d’immixtion dans la gestion des affaires de l’Etat et cette force s’appelle le peuple, avec qui et pour qui il faudra gouverner dorénavant dans la transparence totale! Au-delà du projet de loi contesté, c’est la politique de tout un régime qui est décriée!

Kisito Ndour
Journaliste au quotidien aufait, Maroc
Ndour_kisito@yahoo.fr
Jeudi 7 Juillet 2011
Kisito Ndour




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