Crise du discours partisan et alternative citoyenne : Mythe ou réalité ?


Crise du discours partisan et alternative citoyenne : Mythe ou réalité ?
L’explosion des mouvements sociaux d’extraction citoyenne, qui essaiment à la périphérie des partis politiques traditionnels, est-elle le prélude à une crise du discours partisan seriné, en langue de bois, par les formations classiques qui n’embraient plus sur les préoccupations de la population ? En tout état de cause, les courants sociaux indépendants, d’un large spectre, dont le credo est : ‘autonomie : oui ; neutralité : non’, dévoilent déjà les alternatives qu’ils proposent pour inverser la perspective. Leur objectif, pour une bonne part, consiste à briser le schéma bipolaire constitué essentiellement des deux blocs politiques hégémoniques que sont l’alliance Sopi pour toujours (Spt) et le Bennoo Siggil Senegaal (Bss) qui se disputent âprement les parts de marché politique.
S’il est établi que la formation politique, en tant qu’organisation sociale, a encore de beaux jours devant elle, force est également d’admettre que le modèle stalinien de parti caractérisé par une organisation fortement centralisée et une discipline bornée d’appareil a épuisé aujourd’hui ses possibilités historiques. Une telle forme d’organisation procède d’un genre politique à bout de souffle au regard de la configuration de la géopolitique internationale dominée par les forces du marché où l’économie mondiale est corsetée par la loi d’airain de l’offre et de la demande. Il s’y ajoute que le parti traditionnel est, de plus en plus, perçu par l’opinion comme un vivier au service du gratin d’en haut plutôt comme un instrument d’accomplissement des destinées de la population.
La trahison de l’idéal politique, dans sa mise en œuvre pratique, finit par inspirer le dégoût par rapport à la chose politique, voire même publique. En effet, le parti concourant à l’expression du suffrage du citoyen, son discrédit risque de provoquer un effet boomerang qui pourrait poser une sérieuse hypothèque sur le système électoral qui constitue la seule et unique modalité de dévolution démocratique du pouvoir. L’abstentionniste électoral revendiqué, à l’époque, à cor et à cri par une partie de la classe politique, pourrait être compris plus comme l’expression d’une désaffectation politique profonde que la traduction d’une consigne de vote.
La population réalise à partir de ses propres conditions d’existence que le changement promis devient finalement un mirage qui s’éloigne telle l’œuvre impossible de Sisyphe, condamné éternellement à rouler le gros roc. La démocratie ne se mange pas, mais quels que soient ses attributs institutionnels, elle procède d’une farce de mauvais goût et d’une parodie grotesque si son fonctionnement n’affecte pas les conditions du vécu quotidien de ses usagers. Si les Sénégalais expriment une aversion qui continue d’enfler toujours vis-à-vis du jeu politique partisan, c’est que l’offre politique proposée par les partis est en net décalage par rapport à la demande sociale exprimée par la population. Cette situation, loin d’être une exception sénégalaise, caractérise même le contexte mondial marqué par une baisse tendancielle du taux d’engagement politique chez de plus en plus de populations qui affectionnent plutôt les mouvements sociaux transpartisans et bigarrés qui fonctionnent sur la base d’une démocratie flexible et sans bornes.
Pour le surplus, le rêve brisé d’une alternance sans alternative, confisquée et dévoyée de son cours originel, a fini de ruiner les derniers espoirs fondés sur l’aspiration largement majoritaire de la population à un vrai changement. Des pans entiers de Sénégalais de condition modeste, qui ont également dressé le constat des lieux de la décennie de l’alternance, dans la sobriété et le dénuement, loin des milliards et des lambris dorés des salons cossus, réalisent aujourd’hui que les fruits amers du 19 mars 2010 n’ont pas tenu la promesse des fleurs de la journée glorieuse du 19 mars 2000.
Dans son modèle actuel, le parti politique fonctionne à l’envers et qu’il convient de le remettre à l’endroit. Il faut faire en sorte que le parti s’organise autour des préoccupations de la population et non plus qu’il (le parti) organise la population autour de ses préoccupations. Cette révolution à la copernicienne suppose que les états-majors combinent l’approche de sommet des questions à une prise en charge par le bas des préoccupations de la population. Une des conditions de succès de la nouvelle démarche politique consiste, à mon humble avis, à doter le parti d’une direction clairvoyante au plan national comme local, disposant de solides articulations avec la base et apte à garder toujours le sens de la perspective associé à une perception concrète de l’agenda des urgences à satisfaire. Il serait également de bon aloi que le parti soit plus réaliste et plus pragmatique en mettant un bémol aux déterminismes idéologiques dans un monde globalisé et uniformisé où le rapport des forces mondiales est favorable aux forces de marchés.
D’ailleurs, les clichés idéologiques éculés et les doctrinalismes stériles ne servent plus à grande chose dans un monde qui a changé de base, de façon à ce que n’importe quel parti au pouvoir, quelle que soit son affiliation doctrinale n’a d’autre alternative que d’appliquer les politiques libérales dictées par la réalité des lois implacables du marché. Sous ce dernier rapport, les mouvements sociaux para politiques, qui sont des alliés et non des rivaux, méritent d’être incorporés dans le dispositif de reconstruction des forces de l’armée politique du changement véritable. A la limite même, de tels mouvements constituent un renfort de taille pour notre démocratie plurielle en croissance, longtemps parasitée par une vision manichéenne réductrice qui perçoit les choses soit en blanc soit en noir, le tiers étant alors exclu. Le pouvoir étant seul capable d’arrêter le pouvoir, ces mouvements sociaux peuvent même investir le vide accusé par notre démocratie qui paye ainsi la lourde rançon de l’absence d’une opinion publique forte, structurée et bien avisée et capable de servir de solides digues de protection de nature à constituer un barrage inexpugnable pour arrêter les dérives autoritaires.
Seulement, la politique est une chose sérieuse qui se fait de sans froid avec la tête et qui ne s’accommode ni d’états d’âme, encore moins d’émotions. Le donquichottisme politique et le nombrilisme réducteur n’annoncent rien de rassurant pour les destinées futures de ces mouvements transversaux qui se proposent de remettre en perspective le mouvement populaire pour le changement. Ces mouvements ont le plus grand besoin de se doter d’un projet politique clair, pertinent, attractif, ancré dans le réel pour prétendre créer les conditions d’une large mobilisation d’une population, certes, en proie au doute et au scepticisme mais, qui dispose d’assez de ressources morales et psychologiques pour rebondir et parachever la tâche.

Roots078
Vendredi 8 Juillet 2011
roots078




1.Posté par Diop, A L le 09/07/2011 09:41
Good job; c'est un article tres interesant. Je pense que la conscience de la population Senegalaise est en train de s'eveiller.

J'attends tjs ton livre big Man. Ca va sortir quand ?

2.Posté par roots078 le 09/07/2011 21:18
thanks dear of mine, really thing that now our history will be drew for us and by us;It's high time that senegalese people have to stand up and fight againts this corrupted goverment;

desormais rien ne sera comme avant et chaque individu doit commencer par son terroir qui l'a vu naitre pour dire stop à cette mauvaise manière de gérer la destinée des contribuables.

roots078

3.Posté par tybal le 11/07/2011 16:00
JAIME

l' ére de l ignorance et de l abstinence politique est dépassée, le peuple est plus que jamais déterminé a sortir de ce gouffre ds lequel ils ns ont plongé depuis pas mal d années deja.dorénavant quelque soit le regime en place ils seront bcp plus a l écoute de ce peuple ki les a elus et a qui ils tournent svt le dos une fois installés sur leur "trone"...



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