Sénégal - vote : Le risque d’une forte abstention (Par Cheikh Yérim Seck)


Sénégal - vote : Le risque d’une forte abstention (Par Cheikh Yérim Seck)
DAKARACTU.COM  Les Sénégalais iront-ils voter en masse pour choisir leurs nouveaux députés à l’Assemblée Nationale ? Question à mille balles. Et la réponse angoisse tous les états-majors des partis et coalitions politiques. La participation au scrutin de ce dimanche est cruciale. D’abord, elle révèlerait que la présidentielle passée avec son fort taux de participation n’était pas qu’un énervement populaire contre un vieux chef qui s’était pris pour notre roi, mais qu’elle résultait d’une nouvelle prise de conscience que nous devions prendre notre destin et notre développement en mains. Le président Macky Sall en a tiré avantage et a été brillamment élu, un des plus beaux scores de notre histoire politique. Pour lui, une belle participation vaudra adhésion à son projet politique que les populations souhaiteraient consolider. En somme, lui donner les moyens de la politique que nous lui avons donné le droit de mettre en œuvre en l’élisant le 25 mars 2012. Une forte participation pourrait aussi diversifier les positions de pouvoir en donnant à l’Assemblée nationale une telle diversité, au regard de la coalition Benno Bokk Yaakaar, que ce serait la fin du gouvernement d’un seul parti politique. D’autant que cette coalition est aussi aux commandes de l’exécutif, ce qui lui demande une certaine cohérence, du fait que des décisions gouvernementales ne pourront être contestées au niveau parlementaire qu’avec un débat de fond et d’idées. Cependant, la peur d’une grosse abstention se fait jour à la veille du scrutin, et cette sensation provient de ce que depuis une année nous sommes en campagne électorale, et cela peut être lassant pour l’opinion. On peut en avoir marre de voter tous les ans et de ne pas avoir la sensation que le pays avance au rythme des promesses des candidats à ces mêmes élections.
Les législatives peuvent consacrer notre aptitude à plus savoir virer quelqu’un que l’élire. En clair, nous savons plus voter « contre » quelqu’un que voter « pour » quelqu’un ou un programme. Là, nous avons l’impression que la faible mobilisation des populations pour ces législatives est due au fait qu’elles ne savent surtout pas contre qui ou quoi  il leur faut voter. Si vous rajoutez le fait que la plupart des candidats en campagne ont plus promis de faire des choses, ce qui est la part de l’exécutif, que d’expliquer quel serait le nouveau rôle qu’ils comptent tenir au sein de cette Assemblée nationale, vous conviendrez que la population se dise qu’elle a déjà voté pour cela, d’où la confusion qui mène à la désaffection. Le risque d’abstention est là, patent, et il est aussi renforcé par les pratiques de transhumance qui continuent à prospérer et à éloigner un peu plus un peuple qui a déjà dit quel est le genre de nouveaux hommes politiques dont elle rêvait, ce que cette détestable pratique contredit chaque jour, confortant ces mêmes populations dans le sentiment que, décidemment, les politiciens mènent tous des combats alimentaires. Une forte abstention signifiera que Macky Sall a mangé son pain blanc et que des jours difficiles se profilent à l’horizon, et que le plus dur restera à faire : réconcilier les Sénégalais avec la politique pour les mettre au travail.
Dimanche 1 Juillet 2012
Dakaractu admin




Dans la même rubrique :