DAKARACTU.COM Pour célébrer ses cent jours à la tête de notre pays, le président de la République a été interrogé une heure durant par six journalistes. L’exercice avait ceci de dérangeant : c’est que Macky Sall avait soigneusement fait appel pour une sorte d’exclusivité d’abord à un magazine étranger, vexant la presse nationale qui a dû se consoler de cette infidélité en allant en package de six interviewer le chef de l’Etat à Ziguinchor, en marge du conseil des ministres qui s’y est tenu ce mercredi. Comme si c’était gênant de devoir se laisser interroger par un seul journaliste de notre pays. En fait, en guise d’interview exclusive, il s’est agi de laisser Macky Sall se raconter ses 100 jours de présidence, par une belle nuit casamançaise, étoilée et grouillante de lucioles qui animèrent l’écran au point de nous perturber dans notre attention. Il s’agit donc pour nous de faire la synthèse d’une synthèse des 100 jours de Macky Sall. L’exercice ressembla à une déclaration de politique générale, entre bilan satisfaisant et perspectives intéressantes, déroulé sans ambages. Tout y est passé, mais rien qu’on n’ait pas déjà entendu. Les denrées de première nécessité baissées, comme l’attendaient des Sénégalais au bord de la crise de nerfs avant le 25 mars, date référence de notre démocratie. Déjà entendu aussi, le couplet des caisses vides laissées par des vandales libéraux, mais on a évité de replonger dans l’épisode lassant des voitures, meubles et tapis volés. C’est vrai que cette interview était réalisée en Casamance. Vu la lourdeur du dossier casamançais et de la rébellion qui s’y joue depuis 30 ans et plutôt gravement, il aurait été inconvenant de traiter de telles billevesées. Le problème casamançais fut donc évoqué avec sérieux et gravité, laissant entrevoir une réelle volonté de circonscrire ce sanglant contresens historique. Les caisses vides revinrent sur le tapis, et cela permit au chef de l’Etat de dire ses relations avec la France éternelle, celle qui nous sort invariablement du pétrin. Après les promesses de Sarkozy, les cadeaux de Hollande qui va nous remettre ces jours-ci un véritable pactole, à risquer d’enrager d’ailleurs des Français en pleine crise de l’euro. Etait-ce à divulguer ? Un ange passe… Cela permet de parler des audits et on apprend que ceux qui défraient et effraient la chronique sont relatifs à des rapports de l’Ige, de l’Armp et de la Cour des Comptes et datent des années 2008 et 2009, voire 2010. Ils ne dépendent pas de la volonté de son gouvernement mais juste de la liberté retrouvée de notre Justice, si impartiale et qui ne saurait être politique. Les audits estampillés Macky Sall, eux, commenceront en juillet, et ça va saigner, car il faut que ceux qui ont fauté soient sanctionnés. Nul ne saurait être au-dessus des lois, même Karim Wade, pardi !!! Il a eu à occuper des hautes responsabilités et sa gestion doit être passée au peigne très fin. Et Macky Sall dans ces audits ? Il a fait sa déclaration de patrimoine, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer, si il avait quoique ce soit à se reprocher, les hallebardiers de Wade en 2009 lui auraient fait rendre gorge, puisqu’il a eu à subir l’infamie d’un soupçon de blanchiment d’argent, et que rien n’a pu être retenu contre lui. C’est donc pas maintenant que ses anciens compagnons avec lesquels il cheminé 9 ans durant vont lui chercher des poux dans le patrimoine. Il ne cèdera pas au chantage ni aux menaces d’Abdoulaye Wade, qu’il refuse de considérer comme un adversaire politique sauf si son manque de sagesse, dont il confie au passage qu’Abdou Diouf en est rempli, le fait descendre dans l’arène des opposants. Ce que son histoire aurait dû lui éviter. Quant à Ousmane Ngom, Macky Sall considère qu’il devrait la jouer en sourdine, vu les actes qu’il a lui-même posés comme ministre de l’Intérieur, n’hésitant pas un instant à aller faire cueillir Jean Paul Dias dans un lieu saint, comme la Cathédrale de Dakar. Quelques tacles ont fusé au ras des tibias présidentiels, mais cet homme a le sens du dribble, et répond au sujet de sa position vis-à-vis des Assises nationales, qu’il n’en a pas signé les conclusions mais s’en est inspiré. Une conférence de presse restreinte qui s’est donc déroulée dans un ronron consensuel, avec un président qu’on apprend encore à découvrir, comme étonné qu’il soit là, dans cette posture d’un président d’un pays dont les citoyens n’ont toujours pas appris à élire quelqu’un mais qui maîtrisent à la perfection la manière de se débarrasser de ceux qui ne les font plus rêver. Ce fut une douce soirée d’explication d’un texte qui n’est pas encore écrit. Les lucioles scintillaient dans la nuit. En attendant que le jour se lève sur nos contradictions et éclaire la réalité.
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