Sénégal : Le système Macky Sall (Par Cheikh Yérim Seck)


Sénégal : Le système Macky Sall (Par Cheikh Yérim Seck)
DAKARACTU.COM Le régime de Macky Sall est en place depuis maintenant 90 jours et se dessinent déjà un certain cadre et une certaine image de ses pratiques et de son entourage présidentiel et partisan. Ses hommes se mettent en phase avec le pouvoir et ses règles si ce ne sont ses attributs. On commence à observer les strates de cette architecture qui constitue le pouvoir de Macky Sall. D’abord, il n’est pas éloigné du parti dont il est sorti avec pertes et fracas, le Pds, avec ses habitudes héritées quoiqu’on en dise du système Wade. Cela se voit à travers les relations souvent exacerbées entre hommes mis en concurrence dans le même parti. Qui ne se souvient pas de l’épisode brutal et réglé à coup de flingue entre Mahmout Saleh et Djibril War ? Ce dernier, qui porte bien son nom War, comme la guerre en anglais, a récidivé dernièrement dans la brutalité, dont El Pistoléro, le tonitruant Moustapha Cissé Lô, est le plus digne représentant.

Dans la galaxie de Macky au pouvoir, il y a aussi les vieux politiciens comme Jean-Paul Dias, et autres Samba Diouldé Thiam, mais aussi des novices, qui eux découvrent ahuris souvent les arcanes de la politique. Tous font bon ménage, du moins officiellement. Ils ont souvent l’ambition de détrôner les anciens, se vêtissent différemment, parlent autrement, dans le conceptuel souvent, et se veulent nouveaux mousquetaires de la politique. Tout ce monde, issu des flancs du Pds, reste avide aussi de reconnaissance, au bord de la revanche, se targue de vertus nouvelles et patriotiques, mais transpire dans ses mouvements et ses dégagements, comme on dit, cette sensation qu’il est tombé du camion de Wade et a juste misé sur un nouveau cheval pour arriver à ses ambitions de pouvoir et assouvir ses besoins de reconnaissance. Ces hommes et ces femmes sont souvent claniques et parlent comme dans une secte, pour ne pas dire caste, et semblent prêts pour tomber dans les mêmes travers que les « pouvoiristes » précédents. Ils racontent à longueur de journée ce qui les lie au nouveau président comme s’ils s’achetaient des certificats de virginité et de bonne vertu.

Il y a aussi les affairistes, ceux qui ont réellement investi sur le candidat Macky Sall et qui attendent bien au chaud les dividendes. Des milliardaires aux industriels en devenir, tous mettent leur cotisation en évidence, pour dire leur importance dans le système et s’accorder du pouvoir que personne ne leur a donné. Ils investissent grands hôtels et y tiennent réunions secrètes et audiences feutrées. Il ya enfin la famille qui attend qu’on veuille bien la caser, du frère au beau-frère, en passant par la coiffeuse de madame qui tient enfin son crédit pour ouvrir le salon de ses rêves et devenir la Binta Khouma du nouveau pouvoir. Ils sont côte à côte avec les amis de plus ou moins longue date, qui assiègent le salon du président et se voient enfin récompensés du titre de conseillers dans des matières dont ils se moquent de ne pas en avoir de compétences pour conseiller qui que ce soit. Mais, comme seul le titre compte, ils se pavanent et assiègent la présidence pour se faire attribuer cartes de visites et voitures de fonction sans oublier la bagnole qui va avec le titre. Ils ont tout de même une satisfaction, c’est celle d’avoir été nommés avant les ralliés de la dernière heure. Ces derniers rasent les murs et jurent devant Dieu qu’ils étaient en fait infiltrés et qu’il y a longtemps qu’ils travaillaient pour le nouveau maître des lieux. C’est bizarre… On a la triste impression que rien ne va changer. Ou plutôt que plus ça change et moins ça bouge. Mais Macky Sall a la capacité de surprendre. Gageons qu’il mettra dans son système un esprit différent de celui qui animait le régime Wade.
Mercredi 27 Juin 2012
Dakaractu admin




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