DAKARACTU.COM Youssou Ndour est ministre de la Culture et du Tourisme. La belle affaire. Il est arrivé à toucher son rêve, faire partie de l’intelligentsia de ce pays, alors que rien ne le prédisposait à en être. C’est sa force et son mérite. Il a trimé et a assouvi sa passion pour la musique, jusqu’à devenir une des plus grandes stars du monde. Mais il raconte trop souvent cette anecdote de son père Elimane qui venait le sortir nuitamment du Miami, lui disant que son rêve à lui était que son fils ait un bureau, pas un orchestre. Il doit être content, Elimane. Son fils a aujourd’hui un bureau après avoir eu un orchestre. Le comble de la réussite. Mais sa course au succès ne puise-t-elle pas son essence dans un complexe du pouvoir et des diplômes ? Son titre de ministre doit certainement le faire ronronner de plaisir et de fierté. Mais cela en valait-il la peine ? Il a construit avec brio un des groupes de presse les plus florissants d’Afrique, à coups de génie, qui risque de se disloquer sous la pression de certains caciques du pouvoir actuel qui ne goûtent pas l’indépendance des hommes talentueux qui le composent. La sortie de Jean-Paul Dias, disant que le ministre devait mettre son groupe de presse au pas, est le deuxième coup de canif dans sa naïveté, qui lui a laissé croire qu’il pouvait s’en dissocier pour mener à bien son ambition aujourd’hui assouvie. Pourra-t-il résister longtemps sans tenter de mettre les journalistes de son groupe au pas ? Par loyauté vis-à-vis du gouvernement dont il fait partie, peut-il demander à des professionnels de la trempe de Pape Samba Diarra à l’Observateur, d’Alassane Samba Diop à la RFM ou Mamadou Ibra Kane à la tête de Futurs Médias, de mettre de l’eau dans leur vin ? Si des démissions ou des renvois pour clause de conscience évoquée s’en suivaient, les supports cités tomberaient comme des châteaux de cartes, et les recettes publicitaires avec les ventes et parts de marchés en même temps. Catastrophe économique en vue, si cela se produisait. Le titre de ministre valait-il d’oublier la position politique qu’il avait acquise au fur et à mesure d’un juste combat mené avec Bara Tall qui, lui, a su renoncer aux ors de la République pour garder distance avec le pouvoir et préserver l’outil de travail qui lui avait conféré cette position influente, sa société symbole de l’injustice de l’ancien pouvoir. Youssou Ndour aurait eu intérêt à garder son indépendance, et proposer un des hommes de son mouvement à la tâche gouvernementale, tout en gardant son pouvoir de veille et donc de nuisance, ainsi que son statut de recours populaire en cas d’injustices déployées par le nouveau pouvoir. Il avait l’occasion d’être une formidable force symbolique. Le bureau en valait-il la chandelle ? Son statut de star internationale lui avait donné droit à avoir les plus grands de ce monde dans son agenda et son carnet d’adresses. Il pouvait, rien qu’avec un coup de fil à Bill Gates, faire livrer 500 ordinateurs dans des cybercafés de la Médina. Son influence lui permettait de demander à Sepp Blatter de la Fifa de gazonner tous les terrains vagues de Dakar et de les offrir à des écoles de football. Youssou Ndour a oublié que quand Jacques Chirac est venu en visite d’Etat à Dakar, il a préféré dîner avec lui au Lagon plutôt qu’au Palais avec Abdoulaye Wade. Il a préféré être un Sénégalais qui atteint son rêve de gosse d’avoir un « bureau » plutôt que d’être le Sénégalais le plus influent. Plus connu que Senghor dans le monde ne lui aura pas suffi. Quel dommage.
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