Saïf Al-Islam, dernier représentant insaisissable du clan Kadhafi


Saïf Al-Islam, dernier représentant insaisissable du clan Kadhafi
Pendant deux mois, depuis la prise de Tripoli le 23 août, on aura reçu des nouvelles dispersées, contradictoires et souvent fantaisistes de la famille de Mouammar Kadhafi. Après la mort jeudi du colonel Kadhafi à Syrte, et celle annoncée le même jour d'un de ses fils, Mouatassim, seul l'ancien successeur présumé, l'influent Saïf Al-Islam, 39 ans, demeure introuvable.
Saïf Al-Islam, toujours en fuite
Après la mort du colonel Kadhafi, Saïf Al-Islam est aujourd'hui le membre le plus recherché du clan. Vendredi 21 octobre, un haut responsable militaire du Conseil national de transition (CNT) le disait en route pour le Niger avec trois voitures et des armes : "Nous sommes à sa recherche. Les combattants dans la région sont en alerte", a expliqué Abdoul Madjid Mlegta à l'agence Reuters. Le numéro deux du CNT, Mahmoud Jibril, faisait quant à lui état jeudi de sa possible présence dans un convoi attaqué à Syrte.

Interpol et la Cour pénale internationale (CPI) ont lancé vendredi un message à son intention : ils lui demandent de se rendre et aimeraient, à défaut du père, le voir répondre des crimes du régime devant une cour internationale. La CPI avait émis le 27 juin des mandats d'arrêt contre Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam, et son beau-frère, Abdallah Al-Senoussi, tous trois recherchés pour crimes contre l'humanité.

Fils aîné de la seconde épouse du Guide libyen, Safia Farkash, docteur en philosophie formé à la London School of Economics, celui-ci s'est fait connaître lors de sa médiation dans l'affaire des infirmières bulgares libérées en 2007 après huit ans de détention. Il a également négocié les accords d'indemnisation des familles des victimes de l'attentat de Lockerbie contre un DC-10 de l'UTA.

Ce visage avenant du régime libyen a ensuite pris les traits plus inquiétants de son père au début de la rébellion, promettant des "bains de sang" aux insurgés.

Les fils soldats tués par les rebelles

Jeudi soir, avec la dépouille de Mouammar Kadhafi, les rebelles de Misrata exposaient celle de son fils Mouatassim sur une paillasse, entourée de badauds souriant à l'objectif de leurs téléphones portables. Une vidéo postée sur Youtube et publiée vendredi par l'AFP semblait indiquer qu'il avait été capturé vivant par les rebelles.

Mouatassim, 36 ans, médecin et militaire, a dirigé le Conseil de sécurité nationale et était le principal concurrent de Saïf Al-Islam. Soupçonné d'une tentative de putsch, il est finalement revenu en grâce après un exil égyptien.

Les nouvelles autorités libyennes ont par ailleurs annoncé le 28 août la mort de son frère Khamis, 28 ans, le benjamin des fils Kadhafi. A la tête de l'unité d'élite des forces spéciales, il a joué un rôle important dans la répression de la révolte à son origine, à Benghazi. Il aura bataillé dans Tripoli jusqu'au bout, tenant la dernière base militaire pro-kadhafiste de la capitale jusqu'au 27 août. Un bombardement de l'OTAN l'a renversé. Une chaîne de télévision fidèle au régime Kadhafi a confirmé sa mort le 17 octobre.

Leur frère, Saïf Al-Arab, 31 ans, simple officier formé en Allemagne et proche de son père, a été tué dès le 30 avril 2011, dans un raid de l'OTAN.

Ceux qui ont fui en Algérie et au Niger

Le 29 août dernier, peu après la chute de Tripoli et du régime libyen, la deuxième femme de Kadhafi, sa fille Aïcha et deux fils de Kadhafi (Mohammed et Hannibal) entrent en Algérie. Quelques heures plus tard, Aïcha Kadhafi, 34 ans, qui fut l'avocate de l'ex-dictateur irakien Saddam Hussein après 2001, a accouché d'une fille dans une clinique près de la frontière.

Son frère aîné, Mohamed, 41 ans, était l'affairiste et l'homme de réseaux du clan. Fils unique du premier mariage de Mouammar Kadhafi avec Fatiha al-Nouri (ils ont divorcé l'année de sa naissance), il savait se faire discret, à la différence des deux frères qui ont fui comme lui.

Hannibal Kadhafi, 33 ans, militaire de formation, s'est illustré à Genève en 2008, en se faisant arrêter et poursuivre devant la justice suisse avec son épouse, Aline, pour violences sur des domestiques. Outre l'arrêt des poursuites judiciaires, Tripoli a exigé des "excuses". L'affaire a été classée. En 2005, la justice française l'a condamné à quatre mois de prison avec sursis pour des violences sur sa compagne enceinte.

Saadi Kadhafi, 38 ans, a fui, lui, au Niger. Il a tenté de mener une carrière de footballeur, d'abord en capitaine flamboyant de l'équipe libyenne, puis engagé en 2003 par une équipe de première division italienne – celle de Pérouse. Il n'y a joué que brièvement. En 2003, il écopait de trois mois de suspension après un contrôle positif à la nandrolone. Il a renoncé au football pour diriger une unité militaire d'élite, qu'il a quittée pour se réfugier au Niger le 11 septembre.

Le Monde.fr avec AFP, Reuters
Vendredi 21 Octobre 2011




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