Que compte faire Abdoulaye Wade pour remporter le second tour ? (Par Cheikh Yérim Seck)

DAKARACTU.COM Tous les signaux semblent au rouge pour le chef de l’Etat à l’entame du second tour de l’élection présidentielle qui aura lieu le 25 mars prochain. La vitesse à laquelle se font les ralliements des candidats battus au premier tour et des mouvements de la société civile à Macky Sall fait douter des chances qu’il reste au candidat de Fal 2012 pour remporter cette élection qu’il a plutôt mal entamée avec seulement 35%¨des suffrages. La messe semble dite. Et pourtant, il ne faut pas trop vite enterrer cette bête politique qu’est Abdoulaye Wade. Lui-même dit à qui veut l’entendre qu’il va passer, et ce ne sont pas que des incantations. Il a pour lui encore l’appareil d’Etat et la puissance publique, sans compter la puissance financière qui n’est pas mince. Il compte surtout sur la résorption du fort taux d’abstention qui, selon ses proches, est défavorable à son camp. Les libéraux ont quinze jours pour combler le gap d’électeurs manquant au compteur des suffrages favorables, et Wade va faire le maximum pour les avoir. Il manque théoriquement à Wade aux environs de 30% des abstentionnistes pour atteindre un graal inespéré au vu du 1° tour. Ce gap gît au fond de ces 42% de l’électorat qui se sont abstenus et qu’il va se partager avec Macky Sall. Il y a aussi le facteur psychologique qui peut jouer, cette ultime hésitation entre un candidat qui est là pour au moins dix ans et qu’on ne connaît pas à l’ouvrage, et un autre qui se départira du pouvoir selon ses dires au bout de deux ou trois années. Wade va compter aussi sur les marabouts qui, comme Cheikh Béthio, qu’il a déjà actionné, ou Serigne Modou Kara, qui va parler la semaine prochaine, ou encore les Moustarchidines qui ne se sont pas encore prononcés. Le candidat de Fal 2012 a potentiellement dans son camp tous ces porteurs de voix, si toutes les sources d’ « approvisionnement » fonctionnent. De plus, pour cette deuxième manche, le chef de l’Etat sortant va faire travailler tous les responsables de son parti, qu’ils soient départementaux ou régionaux, tous vont être responsabilisés et actionnés, avec une porte ouverte vers les financiers du parti libéral que sont Farba Senghor, Mamour Cissé et Pape Diop.
En outre, il semble qu’un débat télévisé se profile à l’horizon cathodique et médiatique, et il n’est pas dit que Wade à cette occasion ne fasse des sorties à même de rassurer un électorat qui n’a pas voulu voter pour un autre que lui en mettant son bulletin dans l’urne. Sa stratégie est pour le moment inconnue, et il s’avère un peu trop tôt pour affirmer que le leader de la coalition Macky 2012 qui, certes, a le vent dans le dos, va gagner haut la main cette bataille électorale, la plus indécise qu’a connue le Sénégal. Si Macky Sall bétonne ainsi ses « prises », et fait promesses de tout bois, c’est qu’il connaît le personnage politique auquel il est confronté. Il a sur le dos une sacrée peau d’ours qu’il ne faut surtout pas vendre avant de l’avoir attachée au fond d’urnes tout à fait cadenassées.