Portrait de la semaine... Thierno Bocoum, un certain besoin de révolte (Par Cheikh Yérim Seck)


Portrait de la semaine... Thierno Bocoum, un certain besoin de révolte (Par Cheikh Yérim Seck)
DAKARACTU.COM  Il en a la taille, il en a déjà le bagout, il marche sur ses pas et se donne corps et âme pour la réussite de son projet politique. Thierno Bocoum est un des jeunes compagnons de combat d’Idrissa Seck et membre fondateur de Rewmi, dont il coordonne les activités de la section jeunes. Est-ce un mimétisme involontaire, ou sont-ce la taille et le « nel fondong » qui le rendent congruent avec son chef de file, Idrissa Seck ? En tous cas, Thierno est véritablement « raccord », comme on dit au cinéma, avec l’idée même qui a prévalu à la création de Rewmi : La révolte. Bocoum, c’est un concentré permanent d’indignation. Il en est rempli lorsque son mentor Idrissa Seck est expulsé du Pds de façon révoltante selon lui, et cela crée un lien avec lui. Il intègre alors son  staff en 2004. Cette date est son repère, c’est la référence de ses combats futurs, c’est l’étrier dans lequel il a mis le pied pour parcourir la politique et en vivre les émotions. Il s’est engagé pour Idrissa Seck, et son combat a pour point de mire la justice. A contrario c’est l’injustice qui l’anime et lui donne le jus nécessaire pour être tout le temps aux premières loges des combats qu’il mène, au risque de finir en prison, lieu dont il n’a pas peur du tout, même s’il l’a frôlée plusieurs fois pour cause d’activisme notoire. Il était de l’expédition de Malick Noël Seck au Conseil constitutionnel pour jouer au facteur du peuple, il fait partie de bien des échauffourées qui ont balisé les luttes ayant mené au 23 juin. Cette date n’est pas fondatrice pour lui. Pour Thierno Bocoum, le 23 juin est un aboutissement. Aboutissement d’un combat et d’une conviction qui lui dit au fond du cœur que c’est la force populaire qui fait avancer les causes. Seulement, peut-être pour mieux voir ce qui se passe, vu sa taille, Thierno Bocoum est toujours devant, visible et calme à la fois, la vigilance en éveil qui confine à la révolte. Faire valoir ses droits et ses idées demande et commande d’aller au combat, c’est sa conviction. C’est en cela qu’il dit s’apparenter à ce nouveau type de député, celui qui n’oublie à aucun moment que s’il est élu au suffrage universel direct, il doit son statut au peuple et non nécessairement au chef de son parti. Bocoum veut plus suivre le peuple que l’état-major, et il affirme à qui veut l’entendre qu’il n’est pas question d’être un député qui laisse passer toutes les lois. « Si des lois scélérates sont proposées, il faudra passer sur nos cadavres pour les faire voter », clame-t-il, alors qu’il vient d’être élu dans la commission comptabilité et contrôle de l’Assemblée nationale, hémicycle où il note une certaine rupture : « La démocratie ne se mesure pas en termes de timing, mais en termes de profondeur des changements. La façon dont s’est déroulée la plénière marque un changement, car les gens ont pris le temps de débattre et de donner leur point de vue ». C’est lui qui le dit et, s’il ne décèle aucune guerre éventuelle de positionnement, Thierno Bocoum a comme chef un redoutable joueur d’échecs. Et il n’est pas interdit de penser qu’il sera sur l’échiquier politique de l’après-Wade un vigilant cavalier pour permettre au roi de Rewmi et de Thiès réunis de clamer « échec et mat » en 2017. Ce jeune homme de 35 ans, juriste de formation, titulaire d’un diplôme supérieur de gestion et de droit des affaires internationales, ne compte pas seulement être le dépositaire des préoccupations de la jeunesse de son parti qui finit inéluctablement et comme tant d’autres, ministre de la Jeunesse. Il compte bien rester à l’avant-garde du combat pour plus de justice et de liberté. Il est déjà sorti des lambris dorés de l’Assemblée nationale pour aller, avec ses camarades  de Rewmi, dire au peuple de Pikine sa solidarité et sa disponibilité agissante, et aussi pour garder cette sensation qu’un combat ne s’arrête jamais. Ce garçon a besoin de toujours ressentir une sensation de révolte. C’est le moteur de son action politique. Il n’enverra personne pour la crier à sa place, les murs de l’Assemblée nationale vont vite entendre sa voix.
Samedi 18 Août 2012
Dakar actu




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